"Pourquoi aller voir ce documentaire sur les paysans? On a les cours de géo pour ça!" Telle était la remarque, que j'approuvais d'ailleurs, qui fusait avant d'aller voir ce film.
Pourquoi? Tout simplement car il ne s'agit pas là d'un documentaire lambda, expliquant le déroulement de la journée du paysan type, considéré parfois comme autochtone. Il s'agit d'un documentaire s'introduisant dans leurs vie, ne montrant quasiment aucune séance de "travail", mais uniquement eux.
Le film démarre sur une longue route. Longue, mais pas ennuyante. En effet, la lumière est majestueusement bien orchestrée, c'est un vrai délice pour les yeux. Ces séquences de voyage sont nombreuses, Raymond Depardon a-t-il voulu insister sur le fait que les exploitations étaient très éloignées les unes des autres, toutes un peu dans leur univers.
Et puis les personnages. De très gros plans, des visages fatigués, gênés. Des personnages ne parlant que lorsqu'on les interroge. Si ce n'est pas le cas, ils restent muets, devant la caméra. Et ces vides, laissés au montage, sont étonnement les moments les plus intenses du film. Leur simple expression suffit à les décrire.
Le film possède également quelques moments qui ont fait sourire le public, comme cette dame faisant tomber son biscuit dans son café, et cachant sa panique comme elle peut, ou encore ce jeune homme s'amusant avec son chien et manquant de se faire mordre.
Pour conclure, "La vie moderne" m'a laissé muet d'admiration, et offre un regard différent de l'image des paysans de base, qui fait réflechir sur leur condition actuelle, sur l'avenir de ce métier, tout en restant un véritable tableau visuel formidable!