Voleurs de chevaux a été présenté au 60ème Festival de Cannes en 2007, dans le cadre de la Semaine de la Critique.
L'action du film se situe en 1856, "quelque part à l'Est", apprend-on au début du film, sans plus de précision. Le cinéaste justifie ce choix : "Pendant la préparation du film, j'ai rencontré un bataillon de Russes blancs qui avait émigré à Paris et qui se transmettait, de génération en génération, l'histoire des Cosaques. Des ethnies utilisées par les Tsars de Russie pour protéger leurs frontières : voilà pour la véracité historique. Mais en aucun cas je ne voulais faire un film historique ou folklorique. On n'en avait pas les moyens et cela ne m'intéressait pas. J'ai voulu mettre en scène l'Est qui m'animait, qui me fascine et me terrifie à la fois. La plupart de mes projets se déroulent en Ukraine et en Pologne, là où se situe le berceau de ma culture. Les Juifs ashkénazes se sont établis en Europe de l'Est dès le XVe siècle, et mes grands-parents viennent de cette région. Si je n'ai pas été élevé là-bas, les histoires et les contes que l'on m'a transmis m'ont toujours fasciné."
Micha Wald précise ses intentions : "C'est l'histoire d'un relation humaine universelle, celle qui unit deux "couples" de frères-Jakub et Vladimir, Roman et Elias- dans un monde beau et sauvage à la fois. Celle de quatre hommes qui luttent opour leur survie et qui vont se croiser et s'entredéchirer. Une histoire de vengeance, de trahison et d'amour fraternel. Mes personnages sont proches de ceux de certains films de Kurosawa, où d'anciens samouraïs déchus, des vagabons, des gens en marge se battent pour leur dignité. Une dignité que la mise en scène, volontairement sobre, va mettre en évidence."
Né à Bruxelles en 1974, Micha Wald a étudié le montage à l'INSAS et obtenu une licence en communication et cinéma. Avant de signer Voleurs de chevaux, son premier long mtrages, il a réalisé trois courts, dont Alice et moi, primé dans de nombreux festivals (Clermont-Ferrand, Locarno, La Semaine de la Critique...)
Abraham Polonsky avait réalisé en 1971 Le Roman d'un voleur de chevaux, qui a pour cadre la Pologne du début du XXe siècle. Et en 1985, Tian Zhuangzhuang, l'auteur du Cerf-volant bleu, a lui aussi tourné un Le Voleur de chevaux, mais il s'agissait alors d'un berger tibétain...
Repéré en ado en galère dans le film de son père Zim and co. (une prestation qui lui avait valu d'être nommé au César du Meilleur espoir en 2006), Adrien Jolivet change radicalement de registre. Le comédien, qui, plus jeune, a fait de l'équitation, évoque son travail sur ce film : "(...) lors de nos visites chez Georges Branche, le spécialiste équestre, on a pris le temps d'apprivoiser les chevaux avec lesquels on allait tourner ! Pour les combats, Micha avait une assez précise... je m'attendais à ce que ce soit physique mais pas à ce point-là ! Igor Skreblin, qui jouait Fentik, le lieutenant Cosaque, était un ancien boxeur : il fallait que je tienne la route face à lui, que je sois à la heuteur physiquement pour qu'il ne me casse pas en deux d'un seul coup de sabre. Les combats étaient très vifs, avec de vraies armes, de vrais coups. Un côté énergique que Micha a bien rendu à l'écran, un peu comme des animaux sauvages qui se battent."
Le cinéaste parle des films qui l'ont marqué : " C'est le cas de Barry Lyndon et Les Duellistes, deux films que j'ai vus quand j'étais gosse et qui me faisaient rêver. Le thème de la vangeance m'a inspiré, comme celui du "bon" qui est contaminé par le "mauvais", ce qui est le cas dans Les Duellistes avec le lieutenant Armand d'Hubert (Keith Carradine) qui se laisse entraîner par le lieutenant Gabriel Féraud (Harvey Keitel) dans ce cycle de duels sans merci. Sans oublier le côté épique et le souffle de l'aventure très présents dans ces deux films... Pour la mise en scène, je me sens plus proche d'Akira Kurosawa, la sobriété de sa mise en scène comme dans Dersou Ouzala ou Le Garde du corps. J'aime la façon dont il filme ses combats en plan large, un champ/contrechamp sans artifices : c'est violent, et c'est juste. Enfin Moi Ivan, toi Abraham occupe une place particulière dans mon coeur : cela tient à cette histoire qui se déroule à l'Est, à la beauté et à la justesse des décors, des costumes, des personnages..."
Si trois des quatre personnages principaux sont interprétés par des acteurs confirmés (malgré leur jeune âge), Elias (le frère de Roman-Grégoire Colin) a les traits du débutant François-René Dupont, âgé de 17 ans. Choisi parmi 200 candidats, cet adolescent fait de l'équitation depuis l'âge de 6 ans. "Et en plus, il me ressemble !", confie le cinéaste.
C'est après l'avoir vu dans un autre film très physique, Beau travail de Claire Denis, que le réalisateur a eu envie de faire appel à Grégoire Colin.
Le film a nécessité trois mois de répétitions et d'entraînement avant le tournage, notamment pour les scènes à cheval, les combats de sabre et les cascades.