L'histoire d'une nounou qui n'était pas prédestinée à cet emploi dans la très haute société américaine de l'East Side New-Yorkais. A noter que pour le marketing français, le mot nounou est obligatoirement remplacé par baby sitter, plus wasp et plus vendeur ?
J'aime beaucoup Linney, mais dans ce rôle, elle est un peu méconnaissable, et même si elle semble très à l'aise, j'espère qu'elle ne jouera pas souvent ce type de bourgeoises. Scarlett est égale à elle même, avec la même voix insupportable mais qui a l'avantage d'être facile à décoder pour la traduction cinéphilique. Le gosse n'est pas du tout trognon, surtout quand on voit la pléthore de beaux chiards ces derniers temps à l'écran, mais au moins c'est vraisemblable vu la gueule de gros porc du père. Ce dernier est d'ailleurs correct, un peu moins crédible que dans ces rôles de looser du cinoche indépendant, mais on ne peut pas tout avoir. Heureusement, il reste le très mauvais acteur mais superbe « Torche » des « 4 fantastiques », et une charmante beauté venue d'afrique.
Si je parle des acteurs, c'est que vu le scénario et le nombre de gags ou d'anecdotes, il vaut mieux qu'ils assurent. Notamment avec le principe de la voix off des questionnements existentiels de Scarlett.
Au début, c'est un mélange entre la curiosité, l'approche cinématographique est plutôt originale, puis on comprend que c'est tellement voulu que ça frise le ridicule. Et le film oscille pendant 1h30 entre comédie et drame à la Woody Allen période sombre. Sans approcher sa profondeur ou son existentialisme réel.
La réalisation essaye de croire au miracle, à la beauté du monde et des humains plus forte que tout. Et s'oblige donc à des scènes bancales pour donner sa version des choses expliquée lourdement. Ce qui donne un final que même Hillary Clinton ne peut croire crédible.
Il y a quelques bons moments aussi, et surtout une peinture de la vie des riches qui, même si elle frise la caricature, a de quoi faire réfléchir sur la société américaine.
En effet, quelle est l'explication la plus plausible que des milliers de salopards se fassent des c...s en or sur le dos des millions d'employés du monde entier -puisque leurs compatriotes n'ont plus d'emploi pour cause de délocalisation- sinon par l'absence totale d'humanité. Et, au moins pour les riches qui sont nés avec la cuillère en argent dans la bouche, le phénomène de la nounou en dit long sur l'affection que sont capables de « donner » ce genre de parents à leur progéniture.
Ce que l'on peut comprendre de la part des coincés religieux ou monarchiques est vraiment plus difficile à excuser de la part de mecs blindés et de leurs nanas potiches qui ne supportent pas de rester chez elles plus de 5 minutes. J'ai toujours pensé que les cadres foutaient en l'air leur vie familiale et qu'il trouvaient le bon prétexte de « la meilleure vie » qu'ils offraient à leur famille. Mais cette excuse, vu le mal qu'elle fait à la planète, en créant des loups solitaires inhumains et totalement insensibles affectivement, ne tient pas. Elle est dangereuse pour la société occidentale, et pour eux-même.
On évite dans ce film de justesse le côté « l'argent ne fait pas le bonheur », pour « l'intelligence peut faire faire de bons choix », même s'ils paraissent dangereux à priori.
Bref, ce film souvent maladroit, souvent à côté de la plaque à force de chercher l'originalité à tout prix, donne au moins une vision interessante du phénomène de la nounou type C, celle qui n'a rien à voir avec la baby sitter, puisqu'elle prend en charge la vie entière des chérubins délaissés par des milliers de riches qui n'auront jamais le temps de s'occuper de leurs gosses, en tout cas moins que pour leur secrétaire. Ce qui me fait penser également que le modèle de l'enfant à tout prix est vraiment difficile à défendre, et ça, c'est agréable à sentir, Hollywood a enfin des scénaristes dans l'air du temps.