En compétition au festival de Cannes 2006,le nouveau film de Lou Ye a réussit à partager beaucoup de personnes.Si,dans sa première demi-heure,le film est bouleversant,convoquant au passage Ozu et parfois même Imamura,et qu'il arrive vraiment à convaincre grâce à une caméra libre et envolée qui saisit à merveille les petits moments de bonheur,décrit superbement la soif de liberté d'une jeune fille en proie à l'amour,le film se dénoue de cette fragile et ambigüe émotion pour s'étaler lourdement dans l'universalité du propos.Alors que toutes les scènes qui précédaient étaient d'une infinie pudeur,d'une tendresse ennivrante,Lou Ye s'éloigne et oublie de conduire son scénario,qui se perd de plus en plus,jusqu'à un point total de non-retour.Même si sa mise en scène reste toujours juste et ses acteurs magnifiques,sa fresque souffre de nombreuses longueurs et d'une échappée assez grotesque à Berlin ; Lou Ye filme mille fois mieux son pays,et son passage en Allemagne reste très peu crédible et chiche en sensations fiévreuses.Les pérégrinations incessantes des protagonistes alourdissent aussi un scénario mal conduit après sa première demi-heure,et le montage se permet parfois de vulgaires sauts.Toutefois,la réalisation ne perd rien de sa vitalité,les acteurs y croient jusqu'au bout (bout qui peine à se conclûre) ,dans leurs passions pleines d'obstacles et d'embûches,et la Bande-originale,bien que répétitive vers la fin,est saisissante.De plus,Lou Ye filme le sexe comme personne,le rend palpitant à l'écran,sans tomber dans la pornographie non plus (car le sexe y est ici familier par ses nombreuses apparitions),et arrive même à nous donner envie de plonger nos corps dans ces caresses violentes ou éthérées,symbole de l'éclatement et l'apaisement futur de chacun des personnages,emprisonnés dans une éducation droite et rigoureuse.Finalement,"Une jeunesse Chinoise" reste inégal,parfois magnifiquement filmé,parfois banalement 'retranscrit' (les passages purement historiques sont trè