Après Candyman, déjà critiqué, je m’attaque à l’autre chef d’œuvre de Bernard Rose, Paperhouse. Film absolument magique et enchanteur, d’une poésie rare, un métrage génial dont le seul petit défaut, et une certaine lenteur. Pour le reste, quel bonheur. Le casting est magnifique (dans le film plus que sur le papier), et les acteurs enfants sont prodigieux. Dommage qu’Elliott Spiers (vu aussi dans le fantastique Taxandria) nous ait quitté, et que Charlotte Burke ait arrêtée le cinéma. Bernard Rose s’appuyant systématiquement sur ses personnages pour ses films, d’excellents acteurs sont obligatoirement nécessaires pour les porter, et Paperhouse fait vraiment très fort. Ils donnent tous corps à des personnages qui ont une réelle texture, une franche épaisseur, bien qu’ils soient finalement dans l’ensemble tous simples. Coté scénario Paperhouse n’est pas en reste. Basé sur une histoire littéraire, l’idée de départ est ultra-originale, et si le déroulement aurait vite pu virer au n’importe quoi (avec passage du rêve à la réalité), Rose fait preuve d’une totale maitrise, donnant à son métrage une fluidité exceptionnelle. Le seul petit reproche que je pourrai faire c’est parfois une trop grande lenteur, mais le reste est tellement solide que l’on peut pardonner ce défaut. Visuellement Rose est toujours aussi méticuleux. La mise en scène est châtiée, sans aucune bavure, il n’y a pas un plan qui n’ait fait l’objet d’une réelle réflexion du réalisateur. La fin à ce niveau là est un bijou, Rose livrant une leçon de cinéma. Cette fin est d’ailleurs magistrale à tous les niveaux. La photographie a un peu vieillie peut-être, mais reste magnifique, installant une atmosphère qui rappelle un peu le monde réel dans Taxandria. Les paysages par contre sont magistraux, et la maison de papier, sans artifices et effets spéciaux à gogo, est d’une vraie poésie. L’ensemble est accompagné par la partition de Zimmer, qui livre une bande très caractéristique de son style. Triomphante dans la fin, cette musique aplanie clairement les dernières aspérités de Paperhouse.
Bref, voilà un chef d’œuvre incontournable. Pièce unique, Bernard Rose livre un film comme aucun autre, sur un thème rare et à mon sens jamais aussi bien traité. D’une beauté époustouflante, d’une richesse incommensurable, tous les superlatifs sont applicables à Paperhouse. Vivement que ce film inonde la planète, car qu’est ce qu’on se porterait mieux !