Le scénario de Didine est signé Anne Le Ny, qu'on connaît à la fois comme comédienne (elle incarnait, entre autres, l'extravagante Emilie Monk dans le premier film de Vincent Dietschy, Julie est amoureuse, et l'assureuse dans Ma petite entreprise de Pierre Jolivet) et comme réalisatrice (son premier long métrage, le très remarqué Ceux qui restent, est sorti en 2007). Anne Le Ny a proposé à Vincent Dietschy de réaliser le film à partir de son scénario, mais le cinéaste a tenu à le réécrire avec elle. Un an plus tard, le nouveau script était prêt.
Le cinéaste -dont c'est le deuxième long métrage- parle de ce qui l'a séduit dans le scénario d'origine... et de ce qu'il a voulu y ajouter : "(...) beaucoup d'idées m'intéressaient, mais elles n'étaient pas toujours dépliées jusqu'au bout. Or, j'aime que les personnages, leurs relations et leurs sentiments existent de façon très concrète à l'écran, avec une certaine évidence et sans fausses ambiguïtés. Par ailleurs, (...) Didine (...) commence le film légèrement à côté de sa vie, dans une sorte de "rien vouloir". Afin de préserver ce caractère original et attachant, j'ai choisi de démarrer le récit en douceur. Didine entre progressivement dans le vif de son existence, se charge peu à peu en confl its et en sentiments, pour faire naître une émotion d'autant plus ample qu'elle n'existe pas au départ (...) je reconnais beaucoup de mes peurs et de mes désirs dans le fi lm. Pourtant, mon intention a toujours été de faire le portrait d'une femme et de décrire son mouvement singulier. Un mouvement très simple, qui la pousse fi nalement à abandonner son surnom pour se faire reconnaître par l'homme dont elle est amoureuse."
Pour jouer le rôle central du film, Vincent Dietschy a pensé à Géraldine Pailhas après l'avoir vue dans 5x2 de François Ozon. Mais la première réaction de la comédienne ne fut pas très encourageante : "Quand je l'ai rencontrée, après qu'elle ait lu le scénario, Géraldine m'a tout de suite dit : " Premièrement, je ne suis pas du tout le personnage, et deuxièmement, j'ai passé ma vie entière à éviter qu'on m'appelle Didine", avoue le cinéaste qui a tout de même fini par la convaincre... Il ajoute : "(...) j'ai regardé ses films. Tous, sans exception. Et j'ai remarqué une chose : Géraldine tend à irradier le moindre plan. Au-delà d'un don hors normes pour mettre en valeur ses partenaires, elle a le pouvoir de transcender la discrétion du personnage à priori le plus effacé. Je désirais que son éclat illumine Didine, qui dans un premier temps semble tellement s'épanouir à l'ombre des autres. Je désirais qu'elle soit pour la première fois au centre du film, en pleine lumière."
C'est la première fois que Géraldine Pailhas et Christopher Thompson, couple à la ville, partagent l'affiche d'un film -le fils de Danièle Thompson avait cependant co-écrit le scénario d'Une vie à t'attendre, La Bûche et Le Héros de la famille, trois films dans lesquels on retrouvait sa compagne. "La rencontre inédite de Géraldine et Christopher à l'écran conférait une caution émouvante à l'un des éléments les plus délicats et les plus essentiels de l'histoire, c'est-à-dire la rencontre amoureuse."
Didine marque les débuts au cinéma d'un des plus fameux chanteurs de la scène française actuelle : Benjamin Biolay. Très apprécié, aussi bien pour ses propres albums (Rose Kennedy, Négatif, A l'origine et Trash yéyé) que pour les chansons écrites pour d'autres (entre autres son ex-compagne, l'actriceChiara Mastroianni), il a composé la BO de Clara et moi pour Arnaud Viard en 2004. Après avoir incarné le confident de Géraldine Pailhas dans Didine, il a tourné dans deux longs métrages de Sylvie Verheyde, le téléfilm Sang froid (dans lequel il a pour partenaire Laura Smet) et Stella. Vincent Dietschy note, à propos du personnage et du comédien : "François est le négatif de Benjamin, ne serait-ce que sur le plan de la réussite sociale. Je pensais que cette opposition aboutirait à du positif, au sens cinématographique du terme."
Après un rôle de voyante dans Madame Irma, c'est la seconde fois que l'humoriste Julie Ferrier incarne un personnage au cinéma -il faut ajouter une brève apparition dans Les Vacances de Mr. Bean. C'est après l'avoir vue dans son one woman show que Vincent Dietschy a pensé à elle, même si elle lui semblait loin du personnage de Muriel. Finalement, il estime aujourd'hui : "(...) Julie est la seule [actrice] qui m'ait totalement convaincu à la fois du désespoir amoureux de Muriel et de sa maniaco-dépression, car elle est aussi crédible dans les moments de tristesse que dans les moments d'euphorie." Depuis, la comédienne a enchaîné les tournages, puisqu'elle est à l'affiche d'une demi-douzaine de films en 2008, dont ceux de Cédric Klapisch et Etienne Chatiliez.
Le cinéaste revient sur l'effet de miroir qui se produit dans les scènes qui opposent l'héroïne à Mme Mirepoix, une vieille dame acariâtre à qui elle vient rendre visite. "Je voyais en Mme Mirepoix un double de Didine plus âgée, ou une mère putative bienfaitrice, alors que Muriel, la meilleure amie de Didine, serait plutôt une mère nocive. A propos d'images de mères, je me suis amusé à reproduire ce que j'ai souvent observé, à savoir l'insistance des vieilles dames à me nourrir, comme si j'étais leur petit enfant. D'où les trois styles de gâteaux bien différents qu'offrent tour à tour Madeleine, Roberte et Mme Mirepoix. Je voyais également Mme Mirepoix comme une sorte de reine des neiges. Edith a blanchi ses cheveux, a endossé le gilet trop large, s'est posée dans le salon dont le papier peint représente des roseaux séchés, presque fossilisés, et elle est devenue cette femme isolée, qui s'est retirée de la vie."
C'est Vincent Dietschy lui-même qui a dessiné le motif de libellule créé par le personnage de Didine. "Il représente l'envol, mais aussi la fluidité. Enfin, on oublie souvent que la libellule est un insecte carnivore. J'aime cette idée d'un motif moins simple qu'il n'y paraît", explique le réalisateur.
Le titre de travail du film était En visite.