Ce film est un hommage du réalisateur à sa soeur décédée. Il explique que ce film est né juste après sa mort, et qu'il s'est construit dans une volonté d'en imprégner "son esprit, son optimisme (...) et que ses peintures, sans prétention, s'intègrent à l'histoire". Si la vie du personnage n'a rien à voir avec celle de la défunte et que le déroulement de l'histoire grandit de façon autonome, les tableaux, signés de la main de la disparue offrent une dédicace posthume qui change la compréhension du film. Ou comment faire d'un hommage invisible une puissance de sens.
La tension narrative se veut axée selon deux polarités, spatiale et temporelle. Si les voyages réguliers inscrivent le personnage dans une découverte du monde comme métaphore de l'apprentissage de la connaisance, la question du voyage dans le temps se révèle plus sombre: "On plonge dans un abysse, dans son chaos" confesse le réalisateur: " Je pouvais me souvenir de ma soeur qui appartient, elle aussi, au pays des morts. Si le voyage dans l'espace concerne seulement Ana, ce voyage dans le temps parle plutôt de la conscience collective que chacun a d'Ana", explique-t-il.
La présence du symbolique a toujours été significative dans l'oeuvre de Julio Médem et ici encore, d'autant plus présente par le contexte tragique de sa genèse. L'univers symbolique est tel une réalité, limite palpable, et l'hypnose plus qu'un simple outil narratif. Si "le simple fait d'aller au cinéma, (...) est un acte volontaire pour se faire hypnotiser" dans son esprit et que cette dimension de trouble peut se ressentir à la vision du film, de véritables séances d'hypnoses ont bel et bien eu lieu, en vue de la préparation du personnage d'Ana, mais pour un résultat mitigé.
A l'instar de son précédent film, l'utilisation du prénom en palindrome se retrouve ici (Ana). Si d'aucun aurait pu y voir un symbole de son cinéma cyclique, l'intéressé répond qu'il ne s'agit plutôt que d'un "jeu d'enfant (...). On pourrait y voir une signification poétique dans le film, qui joue beaucoup sur le langage, mais c'est plus un jeu".
Pour sa première apparition au cinéma, l'actrice espagnole Manuela Vellés tient le rôle principal de Chaotic Anna.
Les tableaux signés "Ana" dans le film ont été peints par Ana Médem, la sœur du réalisateur du film Julio Médem. Elle décèdera tragiquement dans un accident de voiture le 7 avril 2001, la veille d'une exposition consacrée à son travail artistique.
A l'origine, c'est l'actrice María Valverde qui devait tenir le rôle principal du film Chaotic Anna, mais les nombreuses divergences avec le réalisateur Julio Médem la poussèrent à quitter le projet en cours de route. C'est finalement la jeune Manuela Vellés qui obtiendra le rôle d'Anna.