Avec Election 1, Johnnie To a fait pour la première fois son entrée dans la course à la Palme d'or. L'année précédente, le cinéaste avait été invité par le Festival de Cannes à présenter Breaking news, mais cette fois-là hors compétition.
Election 1 a fait l'objet d'une suite réalisée par Johnnie To, qui fut également présentée au Festival de Cannes, mais cette fois-ci hors compétition.
En réalisant Election 1, Johnnie To a voulu apporter un regard réaliste sur la condition de gangster à Hong Kong de nos jours. Comme il l'explique, "Ambitions et convoitises régentent tout. C'est par le biais de l'implacable rivalité entre les deux prétendants au rôle de leader que nous observons la perte des traditions et des valeurs de discipline, anéanties par l'ambition et la cupidité. Le film illustre le triste spectacle, et la continuelle répétition, de la corruption des valeurs humaines fondamentales par le pouvoir et la cupidité."
La version initiale durait plus de trois heures, mais Johnnie To a décidé de la raccourcir pour parvenir à environ 90 minutes de film. "Je ne souhaitais pas que Election 1 soit trop long, a expliqué le cinéaste à Cannes. D'ailleurs, j'ai dit tout ce que j'avais à dire sur la Triade dans ce résultat final."
L'acteur Simon Yam s'est également exprimé sur ce sujet : "Je ne regrette pas que certaines scènes dans lesquelles j'ai joué soient coupées au montage. Je considère que c'est déjà un honneur de pouvoir tourner sous la direction de Johnnie To. J'ai entièrement confiance en lui et en son travail. Il est seul juge de ce qu'il doit présenter au public. Peut-être que les trois heures de film seront visibles dans le DVD."
Dans Election 1 et Election 2, Johnnie To a choisi son mentor Wong Tin Lam pour incarner l'Oncle Teng. Il s'en explique : "J'ai un grand respect pour lui. Je lui dois beaucoup. Il ne m'a pas enseigné la technique de la mise en scène, mais il m'a appris à tenir un plateau, à gérer les crises, les retards. Il m'a appris à être souple, afin de tourner les plans prévus, quoi qu'il arrive. Avoir par exemple des choix flexibles d'angles de caméra. La règle d'or que j'ai apprise de lui sur un plateau tient en un mot : s'adapter. Quoi qu'on ait prévu pour une scène, une fois qu'on la tourne, tout peut arriver, mais ce n'est pas une raison pour ne pas tourner. Il y a forcément une solution. C'est au metteur en scène de la trouver..."
Lorsque les comédiens ont débarqué sur le tournage, ils ne connaissaient pas les rôles qu'ils allaient respectivement jouer. Johnnie To avait fait en sorte qu'ils n'aient pas le scénario entre leurs mains. Comme l'explique le réalisateur, "ils ne pouvaient être que plus spontanés. A moi ensuite de faire ressortir à l'écran la qualité de leur jeu."
Le mot "Triade" est un dérivé pur et simple du mot anglais désignant l'emblème sacré des anciennes organisations secrètes chinoises, un triangle dont les côtés représentent les trois pouvoirs fondamentaux du Ciel, de la Terre et de l'Homme.
La Triade est née au XVIIème siècle. Il s'agissait à l'époque d'une société secrète dont les membres, liés par un pacte de sang, voulaient chasser la dynastie étrangère Manchou Ch'ing et restaurer l'empire chinois. Elle construisit un système complexe de gestes, de langage codé et de symboles qui permettait aux membres de se reconnaître et d'échapper aux persécutions des Manchous.
Au début du XXème siècle et de son cortège de bouleversements pour la Chine, une grande partie de l'activité de la Triade migra vers Hong Kong et à l'étranger. Ses ressources furent mobilisées pour combattre les conquérants étrangers et les communistes chinois. Mais avec le temps, la mission initiale et les pratiques usuelles de la Triade disparurent. Les ambitions d'individus et de factions rivales conduisirent progressivement à une crise profonde du contrôle central, et l'organisation se désintégra pour former des centaines de sociétés distinctes. A partir de ce moment, les membres des triades se concentrèrent essentiellement sur leurs propres préoccupations, souvent minimes.