Une merveille. Cinéphile invétéré, passionné par le Japon, je suis rarement resté autant scotché devant un film. A travers l'histoire simple d'un pauvre samurai, très humain, cette oeuvre est à la fois une ode à un Japon révolu et à une période charnière de son histoire, celle du basculement définitif de l'ère médiévale (des Tokugawa) à celle du Japon moderne (Meiji), à la fin du XIXème siècle. C'est aussi le cheminement d'un homme dénué de toute ambition personnelle autre que de jouir finalement de l'essentiel de l'existence (sa famille, son amour, son métier). Le souci du détail, de la précision et de la véracité est tel, dans ce film, qu'il est facile d'oublier que nous sommes spectateurs. L'immersion, pour peu que nous soyons sensible au tempo lent du film, est totale. Car c'est à un voyage intérieur que nous sommes conviés, celui de la recherche de la paix intérieur, de l'humilité, de la pudeur et de la retenue, du bonheur dans les actes de tous les jours, loin de tout destin grandiose ou de la prétention de la gloire, de la richesse ou du pouvoir. Que c'est bon de voir tout cela porté à l'écran, avec cette délicatesse, cette profondeur, ce respect du temps, de l'espace, des gens et des choses qui caractérisent le réalisateur ! Que c'est bon de voir ces valeurs d'un autre temps, tellement bafouées par ce que notre monde est devenu avec son cortège d'exhibitionnisme, de bravade, de vulgarité, d'omniprésence -et, finalement, de vide intersidéral... Du très, très bon cinéma, à savourer sans aucune forme de modération !