Cinéaste parmi les plus picturaux encore en activité, Peter Greenaway semblait tout indiqué pour mettre en scène cette “Ronde de nuit”, du nom du célèbre tableau de Rembrandt, dont la création est au centre du film. Une œuvre novatrice pour son époque, par l’impression de mouvement qui s’en dégage, mais en même temps très mystérieuse, de par les messages qu’elle semble contenir, et qui semblent révéler un complot à la face du monde. Ce sont ses secrets auxquels semblent s’attacher ce “Meurtre dans un tableau hollandais”, sorte de “Da Vinci Code” intellectuel mis en scène par l’auteur de “Meurtre dans un jardin anglais”. Oui mais voilà : intriguant au premier abord, le long métrage s’avère bien vite déconcertant et d’un ennui mortel, malgré un parti pris qui peut, en premier lieu, sembler intéressant, celui de nimber la photo d’une tonalité claire-obscure (à la manière d’un des tableaux du peintre hollandais), et organiser certains plans comme des toiles. Pas désagréable en premier lieu, ce choix tourne très vite au procédé et tombe dans la redite, tandis que la mise en scène, elle, semble figée, les personnages du premier plan étant généralement les seuls à bouger et parler, pendant que la caméra effectue, dans le meilleur des cas, un zoom aussi léger que lent. Pour ne rien arranger, Greenaway s’éloigne parfois du mystère du tableau, y revient, puis mélange cinéma, théâtre et peinture, mais ne réussit qu’à diluer sa réflexion sur la place de la peinture (et, par la même occasion, du Septième Art) dans un grand n’importe quoi qui semble mettre une éternité à ce finir. Entraîné, bien malgré lui dans cette ronde d’ennui, le spectateur aura au moins le temps de remarquer le paradoxe du mois, lorsque le réalisateur parvient à faire un film qui semble figé et daté sur un tableau frappant de par sa modernité, et l’impression de mouvement qu’il donne.