Ne touchez pas à la hache (notez au passage le titre, magnifique, et qui prend encore plus de sens lorsqu'on voit le film et que l'on comprend la métaphore, sublime, Balzac était un vrai génie) est un film que j'ai en DVD depuis pas mal de temps, mais bon faut avoir envie de voir un Rivette qui dure plus de deux heures, en costumes... Faut comprendre l'appréhension, même si j'ai aimé tous les Rivette que j'ai vu et que celui-ci n'a pas dérogé à la règle.
En fait je pourrai reprocher une certaine désincarnation au film, j'aurai aimé que ça soit plus érotique, qu'on sente la tension sexuelle, j'ai malheureusement trouvé le film trop en réserve de ce côté là. C'est un film très froid, on sait les personnages amoureux, mais ça ne se voit pas dans le cadre, dans leur jeu. Je trouve ça dommage. Du coup malgré la beauté de l'histoire, je n'ai pas vibré, je n'ai pas été ému. Ce qui est un peu triste vu la qualité du récit.
Cependant, c'est un film qui parvient très vite à nous emporter sous la restauration et à nous faire vivre cette intrigue amoureuse sans lassitude et au contraire avec grand intérêt. Parce que mine de rien, on veut savoir comment elle fait pour en arriver jusqu'à aller se rendre au couvent ! Le film, qui prend sans doute ça du bouquin de Balzac, arrive à avoir une grande cohérence dans les situations, les réactions des personnages, cette façon que peut avoir la duchesse au début de jouer un peu avec Depardieu, de le tenir en laisse et on a l'autre qui n'en peut plus, qui ne supporte plus d'être laissé pour compte. C'est très bien rendu. Et la "vengeance" est bien sentie également, très réaliste encore une fois dans son exécution et dans les sentiments que ça conduit.
Franchement c'est vraiment bien fait.
Cependant dans cette histoire tragique, il aurait fallu un peu plus de coeur, là j'ai l'impression que la mise en scène tourne un peu à vide, qu'elle n'arrive pas à mettre en exergue ce qui aurait dû être encore plus beau. Après Rivette ne m'a jamais ému dans ce que j'ai vu de lui, peut-être qu'il n'y arrive juste pas, c'est possible aussi.
Du coup heureusement que le casting est bon (même Balibar fait pas trop n'importe quoi), que l'histoire est prenante et puissante, mais bon, manque un truc pour que ça soit aussi génial que ça aurait dû l'être.
On garde néanmoins quelques scènes puissantes, comme la scène du "ne touchez pas la hache" quasiment orgasmique... et j'ai vraiment aimé le rappel au texte par les cartons tout le long du film (est-ce des citations de Balzac ? en tous cas c'est très beau).
Bref ça m'a donné envie de lire Balzac.