Acteur dans le fim qu'il réalise, Emmanuel Mouret est au centre d'un très simple marivaudage, tout en amabilité et en candeur, suivant le caractère des personnages.
Trentenaire emprunté et timide, David est du genre, en amour, à se résigner et à s'effacer devant le refus. Ainsi, en antithèse du dragueur, renonce-t-il à être l'amant de sa nouvelle co-locataire, la blonde et délicieuse Anne, tout aussi mal assurée que lui, et entretient-il une relation attentionnée mais stérile avec une toute jeune fille, l'introvertie Julia. Les apparitions tardives et épisodiques d'un quatrième personnage ne sont pas pour arranger les choses...
Les situations de la comédie sont tout à fait ordinaires -rien de farfelu ou de vaudevillesque- et c'est essentiellement leur physionomie ou leur maladresse dialectique qui expriment les déboires sentimentaux des personnages. Les dialogues sont la traduction cocasse de leur désarroi et de malentendus, en particulier pour David dont les balbutiements accompagnent naturellement son irrésolution. Pourtant, Mouret, sans en avoir l'air, confère à la timidité du charme et, même, pour ses deux héroines, de la grace. Certaines séquences, dans l'énoncé des sentiments, ne sont pas sans rappeler la rhétorique légère de Rohmer.