Luxury Car, un film peu surprenant dans la vague chinoise... tout simplement car parfaitement réussi, à l'image de tant d'autres. C'est d'abord l'aspect visuel qui frappe : les cadres sont irréprochables, les mises au point, les couleurs utilisées, les décors très symboliques, la composition picturale complète, les ambiances nocturnes magnifiques ; signe distinctif du cinéma chinois, le visuel si particulier est une des grandes qualités du film. D'ailleurs, Wang Chao ne se contente pas de s'exprimer avec ses images. Ecrivan, il saura construire son récit à la perfection, où les ellipses parviennent à ne pas se faire sentir, où un quasi-suspense s'installe grâce aux non-dits, aux lenteurs, aux regards des comédiens, et les scènes ou séquences ne seront pas nettement distinguées. Tout est construit d'une même façon, ce qui permet au long-métrage de n'être en aucun cas inégal. Les acteurs ne sont pas non plus inégaux : tous très intégrés à leurs rôles, qui ne sont jamais manichéen, qui essaient tous de faire ce qu'ils peuvent, du mieux qu'ils peuvent, pour satisfaire leurs besoins et ceux des autres. Tian Yuan, l'actrice et héroïne de cette histoire, est digne des plus grandes actrices chinoises (Gong Li, ou Maggie Cheung par exemple). Son jeu, très gêné vis-à-vis du père, plutôt morbide (une telle beauté vidée de toutes ses qualités après une nuit d'un boulot comme le sien) est impeccable. Sa façon d'aborder le personnage lui permet d'avoir des instants de vérités et sincérités profondes, où Tian Yuan ne joue plus, elle n'utilise plus aucune technique. Elle est. Les autres acteurs, Wu You Cai et sa tendresse muette, Li Yi Qing et Huang He, qui ayant des rôles opposés, jouent pas mal avec les tensions. Une équipe d'artistes à l'origine d'une autre réussite chinoise, d'un film d'auteur, d'un mélodrame pas surfait à la sauce hollywoodienne, qui n'y va pas avec le dos de la cuillère avec ses personnages et ses spectateurs, mais tout à fait crédible.