Un film ultra-kitsch, petit budget et réalisé à l'arrache. Mais bon ça c'est assez évident, en théorie on s'y attend déjà lorsqu'on lance le film. Au-delà de ça, le résultat est particulièrement paradoxal. Parce qu'il y a dans la forme un respect de l’œuvre originale quasi-indépassable, où chaque mot de chaque dialogue est scrupuleusement respecté ; et dans le fond un plantage quasi-systématique sur l'ambiance et le sens réel de chaque blague de la BD, qui à quelques exceptions près n'étaient pas gratuites et développaient une pensée réelle et cohérente sur la société et sur les comportements humains. Maurice Risch campe un Gros Dégueulasse à l'image de cette remarque. À aucun moment il ne semble avoir saisi l'essence profonde du personnage, et cela se ressent tout au long du métrage dans ses intonations à côté de la plaque. On peut néanmoins concéder au film de relever un peu le niveau dans son dernier acte. C'est la seule fois où le réalisateur semble prendre conscience qu'une adaptation peut utiliser les codes de son mode expression (en l'occurrence cinématographiques) sans trahir l’œuvre originale, bien au contraire. Bref au final ce film peut être intéressant à voir une fois pour les fans de la BD et les amateurs de curiosités françaises années 80, mais ça s'arrête là. À noter qu'une cohorte de filles très mignonnes émaille la plupart des scènes, ce qui peut aider à faire passer le visionnage...
Un film assez déroutant par sa structure (qui consiste principalement en une succession de sketches), mais surtout par sa dualité : alors que la première moitié verse dans la pantalonnade bien grasse qui arrache de temps en temps un sourire entre deux plans nichons, la seconde est nettement plus consistante, sombre et mélancolique, relativisant intelligemment l'immaturité affichée jusque là par le personnage principal.
Le résultat est clairement à l'image de son héros : maladroit et mal dégrossi, mais aussi attachant, avec en plus une évidente volonté de respecter l'oeuvre de Reiser (les situations et les dialogues sont presque tous reproduits au mot près). Maurice Risch s'en sort en outre honorablement dans cet exercice sans doute difficile qu'est l'interprétation d'un personnage de bande dessinée.
Il est toujours très difficile d'adapter une BD sur grand écran et ce film n'échappe pas à la règle. Bien que les prestations des acteurs soient honnêtes, on ne retrouve franchement pas le côté absurde de l'oeuvre de Reiser et par moments, on tire même vers le vulgaire. Néanmoins, ce film reste un OVNI, à mi-chemin entre le nanar assumé et la comédie bien grasse.