Elle apparait et elle disparait, sous les feux des projecteurs, aussi vite qu'un claquement de doigt. Edie Sedgwick, sublime, puissante, mais aussi terriblement fragile. La plongée dans une vie d'ascensions et de chutes, de chaos continuel, c'est ce que représente le Factory Girl de George Hickenlooper. Fidèle à l'ambiance des sixties, les images s'enchaînent de manière dynamique, en alternant les styles et en gardant toujours à l'esprit cette ambiance d'apogée prématurée et de descente vers les enfers constante, que ce soit dans les dialogues ou dans les effets visuels.
Unique, ce film l'est tout autant que la muse qu'il dévoile, justement incarnée par Sienna Miller, qui arrive à faire ressortir ces mêmes sourires et ces mêmes regards spécifique à l'ange déchu de la Factory. Une jeune fille dans un corps d'adulte, aimante, douce, et naïve, telle est représentée l'une des figures les plus mystérieuses et les plus tragiques du XXème siècle. Entourée par un excellentissime Guy Pearce, le duo ambigu entre la superstar et Andy Warhol, l'artiste au caractère incompréhensible, transcende l'écran. Deux êtres perdus au coeur de ce monde dans lequel ils ne semblent pas pouvoir trouver une place.
L'idée de mort se retrouve présente tout au long du film. L'argent devient source de mort, le succès aussi, finalement, c'est Edie en elle-même qui semble respirer la mort, comme si elle était condamnée avant même d'avoir effectué ses premiers pas. On s'attache de façon démesurée à cette femme que l'on veut protéger, que l'on comprend, que l'on adore, et qui nous évoque l'image de la tragédie dans son essence propre.
L'histoire est marquante, elle l'est d'autant plus lorsqu'on est déjà attaché à ce personnage pourtant si mystérieux et inconnu, mais qui semble faire parti de nous. Comme une soeur que l'on aurait jamais connu. Son évolution, sa relation avec Andy, Bob Dylan, ses parents, et autres, tout est bien dévoilé pour montrer que malgré ses va-et-vient incessants, la femme n'a aucune épaule sur laquelle se reposer.
La chute arrive brutalement, ce qui concorde avec perfection à l'idée du film, et on ne peut que se retrouver bouleversé devant un évènement connu, attendu, mais pourtant si marquant. Une oeuvre d'art qui tient particulièrement grâce à la réussite à retranscrire toute la singularité d'Edie Sedgwick et de l'univers dans lequel elle a évolué. Une femme à découvrir, et un film à voir.
Edie, I love you.