Les Contes de Terremer est le premier film de Goro Miyazaki, le fils du maître de l'animation japonaise Hayao Miyazaki (Princesse Mononoké, Le Voyage de Chihiro). Après avoir longtemps évité de suivre la carrière de son père - il a été paysagiste puis directeur du Musée Ghibli au Japon -, il a finalement décidé de se lancer dans l'animation avec ce projet.
Les Contes de Terremer est inspiré du Cycle de Terremer de l'auteur américaine Ursula K. Le Guin. Divisée en plusieurs livres, cette oeuvre de référence de la fantasy a séduit Goro Miyazaki alors qu'il était étudiant. Il a choisi d'en adapter le troisième tome : "Le troisième livre est émaillé de conversations récurrentes entre Epervier et Arren. Les questions que pose Arren reflètent les miennes, et les réponses d'Epervier me touchent. Ma réaction s'explique peut-être par le fait que je me trouve entre leurs deux âges... Comparé à celui que j'étais quand j'étais adolescent, je peux maintenant mieux comprendre les mots qu'adresse Epervier à Arren. Le troisième livre raconte l'histoire d'un adulte qui transmet le flambeau à son jeune successeur, et je crois que c'est pour cette raison précise que je l'ai choisi."
Avant que Goro Miyazaki ne prenne les rênes du projet, son père avait également souhaité adapter Le Cycle de Terremer. Avec le producteur Toshio Suzuki, il avait déjà contacté l'écrivain au sujet d'une éventuelle adaptation au milieu des années 80. Peu connus à l'époque, ils n'avaient pas réussi à la convaincre. Vingt ans après, c'est Ursula K. Le Guin elle-même qui a contacté le Studio Ghibli pour mettre en image ses romans. C'est alors que le projet a été confié à Goro Miyazaki.
Pour Goro Miyazaki, la cité d'Horteville où se déroule une partie de l'action de Terremer est un reflet de nos sociétés modernes : "Je ne ferai pas la liste de tous les problèmes que nous devons affronter, parce que les changements sociaux à l'intérieur et à l'extérieur du Japon sont évidents. Le fait est que personne n'a encore trouvé le moyen de changer pour un mieux. Et sur cette lancée, les adultes perdent leur honneur, leur affect et se réfugient dans l'égoïsme. Les jeunes n'ont quant à eux plus d'espoir dans l'avenir et perdent tout repère. En fin de compte, nous perdons le sens de la réalité de la vie et de la mort, des nôtres et de celles d'autrui. Quand l'existence tend vers une ambiguïté de plus en plus grande, on perd forcément en chemin notre considération pour les autres, et cela nous conduit vers une augmentation des suicides et des meurtres..."
Si Hayao Miyazaki n'a pas été impliqué dans la production du film, Goro Miyazaki a toutefois pu travailler avec les fidèles collaborateurs de son père, comme le directeur de l'animation Akihiko Yamashita (Le Voyage de Chihiro et Le Château ambulant) ou le directeur artistique Yôji Takeshige(My Neighbour Totoro).
L'auteur du Cycle de Terremer, Ursula K. Le Guin, a publié ses réactions au film sur son site officiel. Visiblement déçue par les changements apportés à son histoire et par le manque d'implication d'Hayao Miyazaki dans le projet, elle reconnaît toutefois certaines qualités esthétiques au film. Suite à un dîner avec Goro Miyazaki, elle lui aurait exprimé son avis définitif : "Ce n'est pas mon livre. C'est votre film. C'est un bon film".
Hayao Miyazaki n'a jamais parlé directement du film avec son fils. Il aurait toutefois trouvé le film "bon", appréciant particulièrement l' "honnêteté" avec laquelle il a été réalisé.
Le film a été bouclé en 8 mois et 17 jours. Un record pour un film de ce type.
Les Contes de Terremer a été présenté Hors-compétition à la Mostra de Venise en 2006.
Ce film est présenté au Cinéma de la plage au Festival de Cannes 2024.