Antoine de Caunes, réalisateur et scénariste de Désaccord parfait, tente de résumer son film en quelques mots : "C'est une comédie sentimentale, sur terrain anglais. Quant à résumer le film d'une phrase, c'est toujours difficile. Ce serait plutôt la question de Charles Trénet : "Que reste-t-il de nos amours ?" Le plus beau pitch de l'histoire des pitchs, c'est "Roméo et Juliette" : "Ils s'aimaient, leurs parents ne voulaient pas". Sur Désaccord parfait, ce pourrait être: "Ils s'aimaient, leur fils n'était pas au courant"."
Antoine de Caunes a tourné la majeure partie de Désaccord parfait en Angleterre, s'entourant d'une équipe également en partie anglo-saxonne. Il évoque le scénario du film puis sa passion pour l'humour britannique : "Je pars toujours du principe qu'il faut aborder les sujets graves avec légèreté, et les sujets légers avec gravité. L'idée de ces deux personnages à l'ego puissant, qui ont vécu cette passion amoureuse, que la vie a séparés, et que la vie réunit accidentellement trente ans plus tard me touche et m'amuse. L'autre point, et c'est ce qui m'a conduit à situer l'action en Grande-Bretagne, c'est que j'adore l'humour anglais. Je me retrouve dans leur goût de "l'understatement". Ne jamais montrer ce que l'on ressent vraiment, toujours minimiser. Affronter le pire et garder son flegme, se brûler au troisième degré et simplement faire remarquer que c'est chaud. J'adore le burlesque mais lorsque j'écris une comédie, j'ai plutôt envie de suggérer que de montrer. Et puis, il y a dans l'humour anglais quelque chose de gratuit, d'absurde, une culture du non-sens qui me réjouit."
Antoine de Caunes a un souvenir merveilleux de sa première rencontre avec Jean Rochefort, sur le tournage du long métrage Blanche. A son égard, il ne tarit pas d'éloges : "Il y a en lui une liberté et une fantaisie très communicatives. Je suis très sensible à son humour, à sa distance, à son ironie, à son refus absolu de tout esprit de sérieux. Il est toujours heureux de jouer tout en faisant preuve d'une inventivité permanente. (...) On sent tout de suite en lui une aptitude à tout faire, à tout tenter. Souvent, je l'ai vu faire des choses complètement aberrantes ! J'étais là, bouche bée. S'il fallait refaire de façon plus classique, il le pouvait avec la même qualité mais souvent, lorsque je découvrais les rushes, ce qui me paraissait extravagant au moment de la prise avait soudain une logique. Je pense qu'il est un de nos rares acteurs à pouvoir se permettre cela. Si ça ne risquait pas d'être mal interprété, j'irais même jusqu'à dire qu'il fait partie d'une espèce menacée. Les écologistes devraient se mobiliser ! Techniquement, il est toujours très au point, il maîtrise son texte et travaille dans les marques. Mais, d'une prise à l'autre, il est capable de tout changer, de proposer en s'amusant."
Après l'avoir rencontré pour la première fois dans un salon de thé typiquement british, Antoine de Caunes évoque la personnalité de Charlotte Rampling : "J'étais impressionné parce que je l'admire infiniment. Tant pour son élégance que pour ses choix artistiques. (...) Charlotte, en digne représentante de l'école anglo-saxonne, fait preuve de rigueur, de discipline et de précision. Elle est un miraculeux mélange de sensiblité à fleur de peau, d'intensité, avec en réserve un potentiel de comédie. Avec Jean Rochefort, ce sont deux méthodes de jeu très différentes. Le mélange des deux est enthousiasmant, surtout pour ce genre d'histoire où le spectateur doit croire instantanément à la vérité d'un tel couple. (...) Je sentais qu'entre les deux, l'alchimie serait belle. Jean incarne toute la noblesse de l'esprit français, dans le verbe, les attitudes, et Charlotte est une quintessence de la féminité anglaise, tout en maîtrisant parfaitement nos usages."
Dans Désaccord parfait, la musique tient un rôle prépondérant. Ainsi, la partition principale du long métrage a-t-elle été composé par Steve Nieve, le pianiste d'Elvis Costello, et la bande originale enregistrée dans les mythiques studios londoniens d'Abbey Road, ceux-là mêmes qui servirent aux Beatles. Au sujet de cette bande originale, Antoine de Caunes raconte : "J'aime travailler avec des musiciens peu coutumiers de la musique de film, ils apportent souvent beaucoup de fraîcheur. Steve a réussi à conjuguer l'esprit de la musique brit-pop et d'une vraie partition de musique de film orchestrée."
Pour Désaccord parfait, le grand amateur de musique anglo-saxonne qu'est Antoine de Caunes a eu le privilège de diriger le temps d'une scène l'icône de la pop-music Boy George. Le réalisateur évoque la scène mettant en vedette l'artiste : "Boy George se fait sortir de scène par Jean Rochefort qui, lui-même, prend le micro pour interpréter une version assez kitch de "Boum" de Trénet."