The Queen de Stephen Frears, présenté en compétition officielle de la 63ème Mostra de Venise, est reparti auréolé de la Coupe Volpi de la Meilleure interprétation féminine pour Helen Mirren, ainsi que de l'Osella du scénario pour Peter Morgan.
Stephen Frears a tout de suite été emballé par le sujet de The Queen : "“Il est très difficile de trouver de vraies bonnes histoires qui ne soient pas usées jusqu'à la corde.". Le producteur Andy Harries explique pourquoi il s'est tourné vers le réalisateur britannique pour mener à bien ce projet : "C'est un très bon réalisateur non seulement très expérimenté, mais aussi incroyablement intelligent. C'est aussi quelqu'un qui prend des risques : il déteste la routine, change constamment de style d'un film à l'autre et c'est un esprit réellement curieux."
Pour le tournage de The Queen, Stephen Frears retrouve l'acteur Michael Sheen dix ans après leur collaboration sur le film Mary Reilly.
A travers son film, Stephen Frears a souhaité se focaliser sur la période du règne d'Elizabeth II débutant après le décès tragique de Lady Diana et la crise politique qui en a découlé. De cette manière, il aborde le fait que la Reine aurait songé abdiquer peu de temps après la mort de la Princesse de Galles.
C'est la disparition brutale et prématurée de Lady Diana ainsi que l'émotion que celle-ci a suscité auprès du peuple britannique qui a inspiré The Queen : "La mort de la princesse possédait toute la dramaturgie nécessaire à un film : une terrible poursuite en voiture par d'impitoyables paparazzi se soldant par le décès d'une jeune femme dans la fleur de l'âge, une histoire d'amour sujette à caution et stoppée net avant même qu'elle puisse s'épanouir, une population anéantie par la nouvelle de sa mort, et des journaux qui, jugés responsables du décès de la princesse, cherchent à tout prix à détourner l'attention." Cependant, la productrice Christine Langan, aidée de Stephen Frears et Peter Morgan, a voulu s'intéresser à un autre aspect de ce drame en centrant le film sur la manière dont la famille royale a géré ce drame.
Le producteur Andy Harries ainsi que le reste de l'équipe de The Queen ont conscience du risque de rejet que peut susciter le film : "Nous n'avions aucunement l'intention d'être anti-royalistes. C'est l'audace même du projet qui rend le film aussi fort. Car il s'agit bien d'un film autour d'un monarque encore en vie.". Le réalisateur Stephen Frears rajoute : "Le film sera polémique en raison de son existence même. Il y aura un énorme écart entre l'idée que se feront les gens du film et le film lui-même. Je m'attends à ce que les journalistes y recherchent l'aspect sensationnel, mais ils ne le trouveront pas dans ce film. Son propos n'a rien de choquant ou de scandaleux, et le film ne révèle rien qui ne soit de notoriété publique. Mais le fait de parler de la reine comme une femme, plutôt que comme une icône, en choquera sans doute certains."
L'une des thématiques centrale de The Queen concerne l'opposition prenant place entre le monde de la monarchie, nourri de traditions et d'obligation protocolaires, et un monde plus moderne, à la fois riche d'émotions et de simplicité. C'est cette tension existante entre ces deux univers qui a inspiré le style visuel du film, qu'il s'agisse des éclairages, des costumes, des mouvements de caméra ou des décors.
Le scénario, concernant l'adaptation des évènements liés à la mort de Lady Diana, a connu plusieurs phases d'écriture comme le précise Peter Morgan : "Au départ, je pensais écrire une sorte de relevé exhaustif des événements se déroulant sur 24 heures, mettant en scène les personnages – connus et inconnus – qui ont été touchés par ce drame." Il a ensuite décidé de se concentrer sur la réaction de la famille royale quant à cette tragédie. Ne tenant pas un thème suffisamment fort au goût du scénariste, il s'est alors servi des recherches effectués par Christine Langan et son équipe quant à l'implication de Tony Blair durant la semaine ayant suivi le décès de la princesse de Galles. Par conséquent, le scénario insiste sur le contraste entre l'ordre ancestral du pouvoir héréditaire et le monde moderne du pouvoir acquis par une élection démocratique : "L'élément clé de l'histoire était la relation entre le Premier ministre et la reine, car Blair a su tout de suite qu'il était un partenaire incontournable dans la gestion de cette crise.", précise Christine Langan.
C'est en travaillant sur la série Prime Suspect avec Helen Mirren que le producteur Andy Harries - alors qu'il réfléchissait déjà au projet The Queen - a pensé que l'actrice ferait une parfaite reine Elizabeth II. Cette-dernière n'a pas hésité une seconde à s'engager dans cette aventure et malgré son expérience du métier elle a travaillé en étroite collaboration avec la répétitrice Penny Dyer, afin de maîtriser au plus vite la voix et les tics de langage de son personnage.
Après avoir incarné pour le téléfilm Elizabeth I, le rôle titre en 2005 et celui de la Reine Charlotte dans The Madness of King George en 1994, l'actrice Helen Mirren prend cette fois-ci les traits de la Reine Elizabeth II pour The Queen sous la direction de Stephen Frears.
Le souci quasi clinique du détail est l'un des éléments majeurs de The Queen. Au vu du sujet abordé, il était nécessaire à l'équipe du film de respecter un réalisme absolu de peur d'être confronté à la censure. C'est ainsi que de nombreux documentalistes se sont activés à dénicher des informations, à recouper les sources proches de la famille royale, à lire la presse et à visionner des images d'archives. Deux spécialistes de la famille royale, Robert Lacey et Ingrid Seward, ont servi de consultant durant le tournage.
La production de The Queen a utilisé de nombreuses images d'archives afin de coller au mieux à la réalité historique des évènements relatés dans le film. C'est en étroite collaboration avec le documentariste Adam Curtis (Madame Henderson présente), remarqué pour son documentaire sur Al-Quaida, que le réalisateur Stephen Frears a choisi et placé au cours du récit différentes images d'archives : "Il y a peu de scènes sans un téléviseur allumé. Adam Curtis nous a apporté sa propre sensibilité dans le choix des images d'archives, mais surtout, il sait parfaitement dénicher les meilleures. (...) Il y a deux ou trois séquences où les images d'archives sont montées, presque sans raccord, avec des plans qu'on a tournés, ce qui permet de mieux s'y retrouver dans le déroulement des événements."
Les décors et le choix des lieux de tournages ont servi à appuyer le contraste existant entre l'atmosphère guindée de la famille royale et l'ambiance plus détendue et conviviale de la famille Blair. Le chef décorateur Alan MacDonald en charge des décors de The Queen a tenu à montrer aux spectateurs des lieux plus intimes appartenant à l'univers de la Reine : "On voit la reine dans sa chambre, dans son lit, en train de regarder la télévision ou conduire sa voiture dans le domaine de Balmoral. Cela m'a dérouté au départ, mais je me suis rendu compte que ça nous permettait d'être particulièrement audacieux sur le plan visuel."
En 2007, Helen Mirren est repartie de la cérémonie des Golden Globes avec deux récompenses : le trophée de la Meilleure Actrice dans un film dramatique pour The Queen, dans lequel elle interprète la reine Elizabeth II, et celui de la Meilleure Actrice dans une mini-série pour son interprétation de... Elizabeth I (Elizabeth I).