Pour sa première réalisation espagnole, Miguel Courtois (qui a déjà fait tourné Gérard Darmon dans le téléfilm "Le sang des innocents") s'essaye au film politique et s'en sort avec brio.
Le pitch, très bien amené, raconte l'histoire vraie d'un homme surnommé El lobo, infiltré dans l'ETA par des agents spéciaux dans les années 1970. Sa mission va conduire à la chute des principaux pontes de l'organisation.
Courtois, d'une patte alléchante, va aller jusqu'à instaurer un climat particulier, une tension nerveuse mais propre quitte à laisser sur place des éléments alertes de mise en scène, un peu comme Eastwood l'a fait sur "Pale rider" (il faut rappeler qu'il était alors à ses débuts de réalisateur). Miguel Courtois lâche sa substance, illicite soit-elle, pour nous embrigader dans la spirale infernale de El lobo. Spirale qui nous est présentée comme le destin peut se charger d'une personne en particulier.
Scénario au diapason donc, écrit par Antonio Onetti (il retrouvera Miguel sur son "GAL"), qui reste attractif du début à la fin du fait de l'avancement limpide ainsi que du chapitrage de l'histoire. Présence remarqué d'Onetti, grâce notamment à la réalisation tonifiante, et même parfois tonitruante de Courtois qui laisse place au réalisme d'époque. Le scénario tient la route aussi de part la prestance de l'acteur principal, à savoir Eduardo Noriega ("Ouvre les yeux", "L'échine du diable" (de Del Toro). Il a joué dans "Blackthorn" avec Sam Shepard et dans "Le dernier rempart" aux côtés de Schwarzy tout récemment), impeccable dans le rôle de la taupe. Son affrontement, avec José Coronado (acteur populaire espagnol. Il a côtoyé Jean-Pierre Cassel dans "Aqui d'el rei !"), tient du sans-faute. C'est notamment par ce duel que le film tient toutes ses promesses. De plus, Coronado, dans son rôle d'agent ripoux, se révèle être exécrable à souhait, et de cette façon montre sa suprématie charismatique face à Eduardo Lobo. Ca en devient jubilatoire, surtout dans cette séquence finale où il reçoit toutes ses médailles. Un très bon acteur, une prestance sans pareille, rappelant Hackman dans "Impitoyable" et "Mort ou vif". Super ! Avec aussi Patrick Bruel (vu chez Veber pour son "Jaguar", Lautner ("La maison assassinée"), Arcady ("K"), inintéressant au possible, et Mélanie Doutey ("La fleur du mal" (de Chabrol), "Le bal des actrices" (de Maïwenn)), assez bonne (?). Un casting dominé par le paria Coronado en somme.
"El Lobo" se distingue finalement par l'écriture, l’interprétation latine (en atteste l'expression de Noriega et le côté malsain de José Coronado), mais surtout le contexte dans lequel Courtois mène son film (indépendantistes contre ETA). Dans tout cela, le charme à l'espagnole ressort et je peux dire que Miguel Courtois ne rate pas sa rentrée en la matière. Parfait !, malgré un Patrick Bruel à minima de ses compétences. On se console par le duel au sommet (Noriega-Coronado).
Un joli coup de filet et un petit bijou dans le genre. J'en redemande encore !
Accord parentaal souhaitable.