Sixième et dernier film qu'il tournera avec Humphrey Bogart, Plus Fort que le Diable permet à John Huston de mettre en scène l'histoire de quatre escrocs qui projettent de s'approprier un gisement d'uranium en Afrique.
Après le mitigé Across the Pacific c'est la seconde fois que ce si talentueux duo me déçoit, et ce malgré un scénario assez intéressant et comprenant un grand nombre de bonnes idées. Co-écrit avec Truman Capote, il promettait de nous faire suivre des personnages souvent pathétiques et bêtes, se vautrant dans l'échec en croyant avoir dupé alors que c'est juste tout le contraire, et dans ce sens là, les dialogues savoureux sauvent parfois le film, notamment lorsqu'ils oscillent entre humour noir et cynisme.
Pourtant le mélange des genres (film noir, comédie, aventure...) ne prend jamais vraiment, l'histoire s'éparpille un peu, certains personnages sont assez mal utilisés et exploités et surtout l'ensemble n'intéresse que par intermittence et de moins en moins plus on avance dans le film. John Huston gère assez mal le rythme et peine à créer une atmosphère vraiment prenante et adéquate au récit, c'est à dire à la fois sombre et ironique. L'ensemble manque de souffle alors que ni le côté aventure, ni celui thriller ou humoristique n'arrive réellement à exister.
C'est dommage et assez préjudiciable car finalement Plus fort que le Diable est assez poussif et seules quelques séquences viennent parfois rehausser l'intérêt, à l'image de celle dans la voiture avec Robert Morley et Humphrey Bogart. La distribution est excellente mais les prestations sont mitigées, Bogart s'en sort très bien, tout comme Peter Lorre et Jennifer Jones, mais c'est à peu près tout et le reste est assez vite oublié.
John Huston propose avec Plus fort que le Diable une oeuvre assez décevante, où il ne sublime que trop rarement un scénario pourtant intéressant et semblant parfait pour lui, tandis qu'il se perd parfois dans tous ses personnages et les genres abordés.