Le Temps des porte-plumes : les secrets du tournage

Daniel Duval portait ce film depuis 20 ans. A l'époque, il voulait confier le rôle de Gustave, son père d'adoption, à Jean Carmet. Puis à Philippe Léotard. Et enfin à Jacques Villeret, quimalheureusement, est décédé peu de temps avant le tournage. Le comédien-réalisateur confie : "Là, j'ai eu peur de ne plus jamais pouvoir faire le film. J'étais vraiment décidé à le faire avant 2006. J'ai donc rajeuni les personnages. Jean-Paul Rouve et Anne Brochet ont accepté de jouer les parents."

A partir de ce moment-là, l'âge de l'enfant a également été modifié. Au début, il devait avoir 12 ans, car Daniel Duval avait peur de faire jouer un "môme de 9 ans dans les scènes de chevaux". Finalement, comme il l'explique, "sans le faire exprès, le Pippo du film a l'âge où cettehistoire m'est arrivée".

Daniel Duval a misbeaucoup de lui dans ce film. Le Temps des porte-plumes raconte son histoire, son enfance, ses souffrances, ses révoltes face au monde des adultes et son envie de voler de ses propres ailes.

Daniel Duval a été retiré à ses parents et confié à une famille d'accueil à l'âge de 9 ans. Au tout début du tournage du film, certaines cicatrices ne s'étaient pas encore refermées. Mais après un mois de prises de vue, il avouait que ça allait mieux.

Parfois, il observait les scènes en cours avec son oeil d'enfant. Le tournage d'une séquence forte en étroite relation avec son expérience lui procurait un soulagement. Et "après plus d'un mois de tournage, j'étais vachement détaché de ce que j'avaissubi dans mon enfance", précise-t-il.

Sur le tournage, Daniel Duval parlait peu, sauf quand il s'agissait de diriger ses acteurs. Il avoue préférer s'exprimer par l'image : "Les paroles me font peur. Je pense que les images de mes films parlent mieux que moi. Car les mots nous maintiennent souvent dans le réalisme, dans un premier degré."

Daniel Duval n'a pas voulu mettre de pathos ni faire de son film un mélodrame. Il souhaitait que l'émotion émane des images "sans un mot, sans souligner les actions fortes".

Pendant le tournage, Daniel Duval avait pour habitude de réécrire les dialogues des acteurs chaque matin. C'était sa méthode. Il précise qu'au début "ça les choquait, mais après ils aimaient bien !" Pour lui, ce qui était réécrit le matin était toujours mieux que les versions précédentes : "c'était neuf et c'était plus proche de ce que je voulais".

Daniel Duval a vu défiler environ 150 garçons pour le rôle de Pippo. Raphaël Katz a fait des essais mais a senti qu'il n'était pas très bon : il a demandé à en refaire et a alors surpassé tous les autres candidats. Et Daniel Duval de confier : "ça m'a prouvé son caractère devant l'échec. Il n'en acceptait pas l'idée. Ça prouvait une force en lui formidable ! J'ai vu le potentiel qu'il avait dans le regard et dans la voix."

Daniel Duval voue une grande admiration à Annie Girardot. Il la connaît depuis presque 30 ans. Pour lui, c'est une actrice qui a tellement donné au cinéma, qu'il n'envisageait même pas une autre grand-mère pour Pippo. "Elle est un peu le symbole du rêve et du cinéma à travers mon histoire", explique-t-il.