Difficile de trouver des points positifs à ce film... Les effets spéciaux bien sûr, comme tous les films à gros budget. Jeremy Irons, qui arrive à s'impliquer suffisamment pour rendre son personnage intéressant. John Malkovich et Robert Carlyle, malgré des rôles totalement à l'ouest et archétypes au possible, pètent totalement de toute la classe dont ils disposent naturellement. Et pas grand chose de plus...
Lorsque j'ai vu ce film à sa sortie en salles, je n'avais jamais lu le livre, ni même jamais entendu parler de l'Héritage (qui est le nom de la saga, pas Eragon). Après visionnage, j'ai immédiatement pensé qu'ils avaient probablement saccagé le bouquin ; j'ai donc lu ce dernier, et force est de constater que j'avais senti le coup venir.
Hormis Eragon et Brom, pratiquement aucun personnage ne correspond à l'original : Soit dans les traits, soit dans le caractère, soit dans les deux. Le plus évident étant Arya, qui passe d'une elfe brune élancée, froide et réservée mais d'une puissance difficilement comparable, à une nunuche humaine blonde à moitié à poil qui dandine ses loches opulentes devant Eragon, faute de mieux (elle fait un peu de magie à ses heures perdues). Quant à Saphira, son caractère de cochon ronchon, qui fait d'elle une dragonne pleine de force et de cœur, elle devient un agneau suave et complètement gaga.
Tout le problème d'une adaptation, c'est de faire tenir le contenu dense d'un bouquin dans un film de deux heures. Pour ça, il faut faire l'impasse sur certains passages, en raccourcir d'autres, et s'attarder sur des points importants pour la compréhension. Il y a des exemples d'adaptations réussies (Fight Club), mais Eragon ne fait pas partie de ceux-là pour diverses raisons et choix de la part de l'équipe, principalement parce que l'histoire a été tordue et remodelée de façon trop importante, pendant que d'autres points d'intrigue ont été ajoutés sur le tas, et d'autres purement et simplement supprimés. Le résultat est complètement flou et déroutant, et l'histoire peine à tenir debout tant il manque d'éléments.
Mais même sans aller jusqu'à comparer le livre et le film, celui-ci fait montre de nombreux problèmes : L'implication du réalisateur est totalement absente, ce qui le fait ressembler à n'importe quel (mauvais) film d'héroic fantasy. Le manque d'idées de mise en scène est flagrant, à la limite de la paresse, comme s'ils s'étaient contentés de filmer les scènes les unes après les autres sans aucune intention.
Les "grands" acteurs de cette fresque se sont remis de cet échec, n'ayant plus rien à prouver à Hollywood ; pas Edward Speleers, pour qui ce premier rôle aura été jusqu'à présent un assassinat quasi-définitif à sa carrière, tant sa présence sur un écran (petit ou grand) a été anecdotique depuis.