Une nouvelle adaptation de la Flûte Enchantée : un bonheur, une attente fébrile! Bergman en 1975 en soulignait la sérénité, Branagh insiste sur le tragique. Un effroi aux premières notes de louverture : le son « pleure » comme un vinyle sur un vieux phono, et puis une saturation dans certains aigus, défaut de prise de son étonnant ! Mais très vite jai été conquise. Jamais je navais ressenti à ce point les émotions des personnages, mieux compris les drames en jeu. Branagh accentue laspect terrifiant de la Reine de la Nuit, son égarement, au point de maudire sa fille et vouloir sa mort par haine de Sarastro. Ses deux airs sont poussés à leur paroxysme dramatique. Jai adoré les effets spéciaux, linvention permanente. La transposition pendant la guerre de 1914 magnifie le sens idéaliste de cette uvre. Le plan-séquence de la colline couverte de tombes blanches aux inscriptions redisant, un peu comme dans « Indigènes » ce quon doit à ces soldats de toutes races, est poignant. Les épreuves dont Tamino doit triompher sont celles des soldats, pas éloignées des épreuves maçonniques du livret. On est pris dempathie pour Tamino, pour le pauvre Papageno dans ses affres, mais surtout lélan de la passion envahit lécran avec le couple Tamino-Pamina. Interprétation saisissante dune partition respectée scrupuleusement, seules les parties parlées diffèrent. Au sujet des polémiques sur la langue anglaise : La Flûte Enchantée est le premier opéra vraiment populaire. Mozart en 1791 utilisa lallemand, la langue vernaculaire, au lieu de litalien. Aujourdhui pour toucher le plus large public possible, il faut passer par langlais, et si cette concession fait davantage connaître Mozart, jaccepte dêtre frustrée de ne pas entendre mon « Zu Hilfe » favori au début. Franchement on oublie vite que cest en anglais ! Ne pas arriver crispé sur ses certitudes apportera bien des joies. De laudace, ce film en déborde ! Mozart, le vrai, qui nétait pas bégueule, aurait adoré!