Lorsque Glora mundi fut réalisé en 1975, le long-métrage ne put sortir en salles que de manière très confidentielle en raison de la nature de son propos : le film affrontait de face la question de la torture en Algérie dix ans après l'indépendance du pays. Gloria mundi fut seulement présenté en ouverture du premier Festival du Film de Paris, en 1976. Il aura donc fallu attendre trois décennies pour qu'il bénéficie d'une véritable sortie en salles.
Avec Gloria mundi, Nico Papatakis aborde la torture comme nature particulière des rapports humains, avec la volonté de faire sentir physiquement au spectateur ce que l'on peux ressentir face à la torture. Mais Papatakis a voulu aborder toutes les tortures, comme en témoigne celle qu'il met en exergue comme la plus importante de son film : "Le thème principal du film, c'est que l'amour peut être également une torture. Ce sont des rapports aussi douloureux. Dans la mesure où deux personnes ne se ressemblent pas, la relation devient intéressante, et ils sont attirés l'un par l'autre par passion. Il entre dans cette relation une espèce de folie."
Après l'échec commercial des Patres du desordre, sorti en 1968, le réalisateur Nico Papatakis abandonne la réalisation et se tourne vers la politique. C'est durant cette période, et au contact de sa compagne et actrice Olga Karlatos, que va germer le projet Gloria mundi. Une genèse emplie de contradictions comme l'éxplique Nico Papatakis : "Je l'orientais vers le théâtre pour ne pas subir encore les aléas d'un film. Mais son rêve à elle, c'était de devenir star de cinéma. Il y avait donc une contradiction à ce qu'elle mène sa carrière avec moi. J'ai voulu faire un film qui mette en valeur les diverses facettes de son talent. Un film qui la placerait dans diverses situations. J'ai voulu traiter de toutes ces contradictions dont ma vie était faite. J'ai écrit le scénario de Gloria mundi. Bien sûr, à la fin du film, on s'est séparés, Olga et moi."
Le réalisateur Nico Papatakis explique ce qui l'a amené à retoucher à un film vieux de trente ans : "Un biographe grec de Jean Cocteau qui voulait écrire un livre sur ma brève carrière de réalisateur m'a dit qu'il avait vu une copie à la Cinémathèque et qu'il avait trouvé beaucoup de choses très actuelles dans le film. Cela m'a incité à le revoir et là, je me suis dit qu'il avait raison, et qu'il fallait que j'y réflechisse pour le raccourcir et lui donner un peu plus d'intemporalité."
La version de Gloria mundi qui sort en salles en 2005 est quelque peu différente de celle d'origine, réalisée en 1975. Le film a notamment été raccourci d'une demi-heure, la première scène avec l'instructeur a été tournée de nos jours et des trucages ont été rajoutés.
Lors de sa confidentielle sortie en salles il y a trente ans, la presse française parlait avec éloges de Gloria mundi. Dans son édition du 12 avril 1976, le Nouvel Observateur écrivait : "Esprits conformistes, âmes sensibles s'abstenir : sordide comme Les Abysses, lyrique comme Les Patres du desordre qui avaient révélé Nico Papatakis, Gloria mundi est une charge de plastic dans le building des idées reçues. (...) Un cri de souffrance et de haine à l'égard du monde entier ou presque. Et l'on ne demande pas à un cri d'être beau. Qu'il soit sincère suffit. " Le journal Libération, dans son édition du 22 novembre 1975, voyait quant à lui Gloria mundi comme "un film extrême, réalisé par un homme qui ne croit plus guère aux mots, ni même aux êtres, sinon à leurs actes : être c'est agir. (...) Un film qui est un cri de colère. On peut le refuser mais il atteint notre corps : il nous marque physiquement comme une torture."