Pasolini livre un exercice étrange entre la fiction et le documentaire, il livre son propre carnet de notes pour un film revisitant Orestie d'Eschyle en Afrique. Film qui ne sera pas tourné (ou alors il faut absolument que je le vois).
C'est le second film du genre que je vois de la part de Pasolini (après Repérage en Palestine pour l'évangile selon saint matthieu), et cette Orestie lui est infiniment supérieure, mais que l'autre soit mauvais loin de là.
Pasolini fait quelque chose de génial avec sa caméra il prend des notes, c'est con à dire, mais qui fait ça aujourd'hui ? Alain Cavalier ? et c'est tout je pense. Du coup on accède à la pensée, à la genèse de ce film. C'est quelque chose de fabuleux, on voit les tenants et aboutissants et la rigueur avec laquelle Pasolini va essayer de faire ce film, quelque chose de politique mais de cohérent.
Il va même jusqu'à montrer ses notes visuelles à des étudiants africains, qui lui disent tous que l'afrique n'existe pas en tant que telle, ça serait une généralisation un peu fausse. Là pour le spectateur la confiance en Pasolini s'ébranle un peu, on se dit, ah mais ça n'était peut-être pas tant pensé que ça, mais il vient et donne une réponse à laquelle même les africains n'avaient pas pensé, ces pays, ces réalités dont ils parlent ne sont que le fruit des lignées tracées par des patrons européens lors de la colonisation.
On a donc un occidental qui comprend mieux les enjeux politiques d'un continent que des universitaires issus de ce continent.
Ce film en préparation va parler la naissance de cette démocratie formelle en Afrique qu'il faudra remplacer par une vraie démocratie, tout en faisant le parallèle avec la tragédie grecque.
je regrette vraiment que ce film n'ait pas été tourné, ça aurait sans nul doute été une pièce maîtresse du cinéma.