Film expérimental mêlant horreur et science-fiction, écrit et réalisé par Shin'ya Tsukamoto, dont c'est le premier long-métrage, Tetsuo est un projet totalement déroutant. L'histoire nous fait suivre un homme qui s'entaille profondément la cuisse pour y insérer une tige dans la blessure avant d'y trouver des vers. Pris de panique, il s'enfuit et est heurté par une voiture dont le conducteur se débarrasse du corps. Le lendemain, le conducteur constate qu'un morceau de métal sort de sa joue. Poursuivi dans le métro par une femme dont le corps est envahi de métal, il se métamorphose peu à peu en montre de métal lui aussi. Ce scénario annonce la couleur dès son synopsis particulièrement étrange et s'avère à la hauteur de sa promesse tout du long de sa durée d'à peine plus d'une petite heure. On assiste pendant tout ce temps à une intrigue difficilement compréhensible, une expérience tout simplement unique, à la fois magnétique, trash, crade et bizarre, le tout sur un rythme effréné et condensé du fait de cette durée réduite. L'ambiance se veut tout à fait singulière, à la fois énigmatique et dérangeante. L'ensemble est porté par des personnages sans aucune profondeur pour lesquels il est donc difficile de s'attacher. Ils ne sont présents à l'écran que pour souffrir. Des rôles interprétés par une distribution comportant Tomoro Taguchi, Kei Fujiwara, Nobu Kanaoka, Renji Ishibashi, Naomasa Musaka et Shin'ya Tsukamoto lui-même. Tous ces individus entretiennent des rapports basés sur la terreur. Des échanges dépourvus de paroles puisque les dialogues sont presque absents, laissant plutôt place aux cris de peur et de douleur. Sur la forme, la réalisation du cinéaste japonais s'avère particulièrement amatrice et tout aussi détraquée que son propos. Sa mise en scène est vraiment peu esthétique au point où l'on ne comprend pas toujours ce qu'on voit à limage à cause de ses nombreux angles de caméras jouissant d'une grande liberté de cadrage. L'apport du noir et blanc permet lui d'atténuer la violence graphique alors que les effets spéciaux sont convaincants. Ce visuel atypique est accompagné par une b.o. omniprésente signée Chū Ishikawa. Ses compostions aux percussions inquiétantes apportent des sonorités appréciables et en accord avec l'action. Reste une fin tout aussi déjantée que l'ensemble, venant mettre un terme à Tetsuo, qui, en conclusion, est un objet filmique non identifié méritant d'être découvert pour son côté créatif, même si en terme de qualité l'œuvre est discutable sur de nombreux points.