Les Oiseaux est un des classiques d’Hitchcock, un de ces incontournables qu’il faut avoir vu au moins une fois.
L’interprétation est globalement de qualité. Elle est portée par Tippi Hedren, qui livre une prestation convaincante. Elle n’est pas exceptionnelle, mais évite les excès de cabotinage, et arrive à faire preuve d’une belle présence. A ses coté Rod Taylor est un peu en retrait. Si la scène d’introduction du film est un excellent morceau, ensuite il perd en mystère et devient assez fadasse jusqu’à la fin, quelques moments surnageant. En revanche il n’y a rien à redire du coté de Jessica Tandy, et surtout de Suzanne Pleshette. Elle est surement l’actrice au jeu le plus moderne, et du coup il est vrai que c’est son personnage qui a le moins vieilli. Au-delà de cela elle a une solide présence à l’écran, en dépit d’un rôle un peu secondaire. Veronica Cartwright joue pas mal non plus un rôle d’enfant, mais le doublage français est une horreur, ce qui gâchera un peu le plaisir en version française. Pour le reste il y a quelques personnages réussis (notamment dans le bar). Je regrette néanmoins qu’à plusieurs reprises les personnages aient des réactions peu convaincantes. Mous du genou, parfois ils peuvent être agaçants.
Le scénario est solide. C’est le meilleur point du film, comme souvent d’ailleurs chez Hitchcock. Partant d’un point de départ banal, il parvient à installer avec beaucoup d’intelligence une gradation soignée et à faire monter la sauce de manière originale par rapport aux films d’attaques animales traditionnelles. Le rythme est un peu lent peut-être, surtout dans la première partie, mais jamais on ne ressent un sérieux coup de mou, et la qualité des dialogues, la solidité du suspens parviennent largement à tenir le spectateur entre deux scènes plus dynamiques. C’est donc une belle réussite, avec un vrai travail sur la petite société de ce village, de sorte qu’il y a une vie et que l’on s’intéresse au sort des habitants. A noter une fin abrupt, ce qui à mon sens était le meilleur choix possible.
Sur la forme, c’est assez efficace, mais pas complètement convaincant. Certes la mise en scène est plaisante. Les cadrages, les plans, le choix des angles signifiants sont propres, intelligents, classiques souvent, audacieux parfois. Certes la photographie est belle. Lumineuse tantôt, grise quant il le faut (sur la fin entre autre), elle joue aussi très bien sur les ombres, les clairs-obscurs. Elle est appuyée par des décors de qualité. En dépit de cela Les Oiseaux manque d’une certaine atmosphère. Le film a du mal à respirer, on a du mal à se sentir réellement en bord de mer, on a parfois l’impression que les personnages évoluent sous une cloche, et que le monde extérieur a disparu. C’est assez ennuyeux. Coté oiseaux, c’est réussi. Certains passages ne font plus du tout illusions certes (l’attaque des enfants à la sortie de l’école), mais d’autres sont d’une réelle efficacité (les oiseaux entrant par la cheminée par exemple, où le final, redoutable). Franchement pour un film qui fête ses 50 ans, c’est tout à fait appréciable, même s’il est clair qu’il faudra faire preuve d’une certaine indulgence. Déçu par contre par les effets sanglants (bien grand mot quand même ici). Ceux-ci font le minimum syndical, et ce n’est pas terrible. A noter aussi une absence de bande son. C’est un parti pris artistique, je ne le juge donc pas, mais peut-être que si Hitchcock avait eu recours à de la musique, cela aurait pu compenser le déficit d’ambiance visuelle.
Pour conclure, Les Oiseaux restent un métrage tout à fait convaincant. Je ne pense pas qu’il s’agisse là d’un chef d’œuvre. Les acteurs ne sont pas non plus exceptionnels, les personnages ne sont pas toujours crédibles dans leurs attitudes, il y a un déficit d’ambiance et d’atmosphère. Ca reste très solide, mais attention, il est évident qu’il faut avoir conscience de l’âge du film, et surtout que ce n’est pas un film d’horreur.