House by the river est une bonne découverte. Le film n'a pas vieilli d'un poil, on comprend la psychologie des personnages avec une histoire simple et suivre son évolution est passionnant. Je regrette quelques moments où je trouve les scènes un peu surjouées et la fin est un peu abusée selon moi, mais ça reste globalement un film très bien écrit et rythmé. Je recommande !
Un auteur raté habite dans une riche demeure, au bord de la rivière. Un soir, après avoir bu quelques verres, il tente de violer sa domestique, et finit par l’étrangler à mort ! Néanmoins, il parviendra à faire croire à tout le monde que c’est son propre frère qui est coupable… La force de « House by the River » est de disposer d’un protagoniste (et antagoniste ?) que l’on adore détester. Louis Hayward joue avec de belles mimiques salaces cette infâme crapule. Violeur, assassin, menteur, n’hésitant pas à faire accuser son frère pour sauver sa peau, ou à surfer sur le meurtre qu’il a commis pour gagner en notoriété ! Ce personnage cocherait sans mal les 7 péchés capitaux, et plus si affinités. Il devient ainsi le fil rouge de l’intrigue, tant on attend ses fourberies… et évidemment le retour de bâton du destin. Ce polar s’avère donc captivant, et c’est sans compter la mise en scène de Fritz Lang. Le réalisateur semble particulièrement inspiré par les intérieurs de maison, jouant sur les ombres et pénombres, ou les éclairages artificiels (son héritage expressionniste n’est jamais loin !). Et s’amusant avec des contre-plongées / plongées prétextées par des escaliers, pour souligner la bassesse de son protagoniste. Il va même jusqu’à livrer quelques touches fantastiques de bel effet. Du très bon thriller, du très bon Lang.
House by the river. Lang est un touche à tout qui tourne partout. En 1950, il tourne ce petit film noir qui a tout d’un film américain. Nous sommes dans le sud. Un écrivain antipathique et frustré par son manque de succès se trouve mêlé à un meurtre et comme c’est une ordure, il mouille son frère dans cette sale histoire. Ce meurtre est l’occasion inespérée de vendre ses bouquins. C’est un vrai bon polar qui se place dans la tradition. Tout est question de contrastes : entre les personnages (vertueux ou maléfiques) et à l’écran (les plans de nuits sont ultra chouettes). Le personnage principal est un vrai salaud comme on aime les détester. Et cette histoire est menée tambour battant, sans perdre son temps ni négliger les détails (la boucle narrative). L’interprétation est aux petits oignons. On peut en plus y lire une petite satyre sociale prenant fait et cause pour le personnel de maison mais aussi pour ces femmes entourées de mufles. Bref, c’est tout bon !
"House by the river" possède des thèmes chers à Fritz Lang (le Mal, la culpabilité) et les rejoue dans une forme excitante sans toutefois les réinventer. La belle idée du film est de ne pas faire du meurtre un élément devant être caché de tous; quelques minutes seulement après l'étranglement (accidentel ?), le frère du coupable arrive sur les lieux et est mis au courant de ce qu'il s'est passé. Mais tandis que Stephen est un écrivain frustré et machiavélique, son frère John, qui a pensé un temps le dénoncer à la police avant de se rétracter, est une incarnation de la bonté. Sur le plan moral, on peut difficilement imaginer plus complexe l'entente forcée de deux frères que tout oppose afin de cacher un corps dans la rivière environnante. Décor a priori idéal pour effacer des traces compromettantes, cette rivière se révèle finalement être un danger en ce que son courant ramène divers corps à la surface et pourrait donc accuser Stephen. Mais ce sont moins les eaux marécageuses qu'il faut surveiller que John, cet homme doublement rongé par la culpabilité : d'abord pour avoir aidé son frère, puis parce qu'il aime la femme de ce dernier, chose qu'il ne peut avouer. La combinaison de ces deux motifs crée ainsi une tension efficace mais dont la chute est peu crédible tant le final, qui aurait dû aller beaucoup plus loin dans la folie, s'en tient à une résolution plate et académique. Esthétiquement ambitieux, "House by the river" reste malgré tout collé à son scénario, ce qui en fait un film certes très intéressant mais mineur à l'égard des plus grandes propositions langiennes.
J’ouvre le bal des critiques vierges pour ce film qui m’intrigue du mystique cinéaste allemand, sur une base d’un scénario simple à la Alfred Hitchcock. L’intrigue d’engrenage criminel pour un écrivain de petite envergure, un indélicat envers sa bonne, une employée maîtresse de maison, son élégance chauffa ses ardeurs masculines impulsives. La réalisation est classique dans sa linéarité, le temps passe à l’allure qu’approche la fin, en passant par le non-lieu du verdict au tribunal sans élément concordant pour interpeller le meurtrier. La venue toute préparée sur une note d’intervention métaphysique, le revenant fraternel pour en découdre avec l’amoralisme intrigant, un ending conventionnel. L’œuvre est excellente et fit ses preuves, dans une belle mise en scène du fond au clair de lune, embarquée vers cette rivière du crime.
Alors que la carrière américaine de Fritz Lang commençait à s’essouffler, « House by the River » lui redonne un regain de carrière. Ce petit bijou n’est pourtant jamais sorti en France et une splendide copie restaurée voit le jour en 2019. Stephen est un écrivain qui ne décolle pas. En l’absence de sa femme, il tente de violer la domestique. Celle-ci ne se laisse pas faire et il finit par l’étrangler. L’homme semble presque indifférent et il demande à son frère de l’aider à cacher le corps. La police retrouve sa dépouille dans le fleuve et tous les soupçons se dirigent vers le frère. Véritable film noir à l’action inquiétante, « House by the River » emploi les codes de l’expressionnisme pour centrer son intrigue sur les sentiments de culpabilité et de frustration ainsi que les pressions sociales. C’est un film où l’érotisme et le macabre s’enchaînent au point de se mêler. La photographie fortement contrastée appuie une mise en scène qui fait attention à chacun des détails. Une œuvre sombre inévitable. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
Réalisé par Fritz Lang en 1950, au cours de sa période américaine, House by the river est un excellent film noir qui fut longtemps invisible en France. Très hitchcockien, le long-métrage nous plonge dans l’esprit malade d’un écrivain raté qui, après avoir tué de manière plus ou moins involontaire sa jeune servante, va comprendre l’intérêt qu’il pourra tirer de la disparition de celle-ci pour sa propre carrière. Présentant la sombre rivière comme un personnage à part entière de son film, Fritz Lang réalise une œuvre à la mise en scène et à la lumière parfaitement maîtrisées, qui donnent lieu à plusieurs séquences superbes de perversité – celle du meurtre est particulièrement impressionnante.
Un pur produit hollywoodien de la fin des années 40, avec un scénario qui repose sur des symboles et des effets de miroir un peu lourds pour un spectateur d’aujourd’hui. Tout est parfaitement agencé pour faire sens (la première minute dit à peu près tout de ce que démontre le reste du film), mais la mécanique est tellement bien huilée qu’elle en devient prévisible et même parfois comique, avec un dénouement qui frise la parodie. Le film se veut un thriller psychologique, mais la psychologie des personnages est dessinée à très gros traits et figée dans une caricature qui empêche de s’intéresser à l’issue de l’histoire. Heureusement, la réalisation de Fritz Lang est plusieurs crans au-dessus et l’honneur est sauf.
Franchement, si personne ne savait que ce film a été réalisé par Fritz Lang, quelles seraient les jugements pour ce film ? Le scénario : plutôt simpliste et très prévisible. Le traitement psychologique des personnages : sans nuance et touchant parfois au grotesque. Appuyé de plus par une musique envahissante. Le jeu des acteurs : là, on fait plus que toucher au grotesque, on y est de plein pied, surtout s'agissant de Louis Hayward. Grotesques aussi un grand nombre de scènes. Restent une belle mise en scène et une belle photo Noir et Blanc. De là à en faire un chef d'oeuvre ... !
Vraie redécouverte. Joyau de noirceur. Rarement film aura si bien tissé son univers sonore et visuel autour du processus mortifère de création (l'inspiration se farfouillant dans un passage à l'acte pour le moins morbide) et de la folle culpabilité qui en découle. Les décors s'y prêtent divinement : ce fleuve charriant des formes incertaines, le moindre branchage flottant entre deux eaux pouvant rappeler une dépouille emmaillotée surgie du passé. Et cette demeure austère, déjà hantée, maison d'écrivain sans inspiration..
Vous pensez que je parle du personnage de Jack Torrance dans Shining ? Vous ne croyez pas si bien dire, des éléments tangibles nous rapprochent charnellement ces deux films. Diablement aussi. A voir !
un film noir qui s'appuie beaucoup sur la performance de Louis Hayward avec une pression qui monte crescendo. Dans la deuxième partie Lang perd tout de même des occasions pour augmenter le suspense.
A partir de "The House by the River", publié en 1921 par Allan Patrick Herbert. romancier anglais. La rivière, personnage capital filmé avec d'inquiétants remous, cette carcasse d'animal qui flotte au ras de la maison, une vieille qui tique en voyant une plus jeune quémander une salle de bain fiable... des indices que l'élément liquide va être brassé et rebrassé... La jeune employée jouant de son sex-appeal est le premier piège. Son sourire, sa descente d'escalier d'une démarche lascive n'ont rien de la vierge adolescente. Eh bien Fritz Lang déjoue la déduction qui démange, il préfère qu'elle ne veuille pas ! De bienveillant juste émoustillé suivant du regard la silhouette féminine qui va au bain, le maître de maison reçoit un énième refus d'édition. Un seul plan montre que c'est le coup de massue. Il fait quelques pas dans l'ombre de sa maison, aperçoit sur des marches cette femme éclairée... Et c'est l'élan irrépressible. L'implication du frère, le silence à l'épouse de retour répétant la descente d'escalier... On voit se profiler d'inquiétantes dérives... Ce Stephen Byrne (qu'on devine en ronron conjugal) s'avère le pire patachon qui soit... Son égo démesuré lui barre l'inspiration (pas fortiche pour un écrivain !), il vire au parfait abruti au point de créer par ses manigances le dérapage ultime. Superbe film de Lang ! Bien plus d'écho aujourd'hui qu'à sa sortie étasunienne des années cinquante, ça ne fait pas du tout "vieux"... Un scénario simple, linéaire, des acteurs inconnus mais qui jouent comme des stars ! Une photo en noir et blanc, nette, parlante à la manière des dessins animés. On sent encore la proximité du muet. De remarquables moments (buée du miroir, plongée sur la bonde de la baignoire, eau noire et menaçante de la rivière !). Petit budget et grands effets sur le spectateur avec trois fois rien !
un film noir avec un scénario béton, remplit de retournement de situation. le personnage principal est tellement manipulateur que ça en devient géniale. un superbe film.
Un film prodigieusement ambitieux malgré son petit budget et ses acteurs quasiment inconnus. Lang a voulu faire du Freud à sa manière et je pense qu’il a réussi. C’est un film complètement intellectuel dénué de toute emotion que chacun peut interpréter à sa façon. Le méchant ne fait peur à personne et il a carrément une double personnalité si l’on considère que son frère et lui ne font qu’un, il veut imposer sa puissance alors qu’il n’en n’a aucune dans quelque domaine que ce soit. Il commence par tuer une innocente sans le faire exprès se privant en même temps de la jouissance que cet acte entraîne auprès des malades mentaux. Bien entendu, la mise en scène est brillante et ultra signifiante, pas un seul détail n'est inutile comme la petite statue de Napoléon. Le problème, c’est que je suis loin d’admirer ce genre de performance, je ne vais pas au cinéma pour me torturer la cervelle mais pour ressentir la vie. Ici il n’est question que de pulsions mortelles: il faut tuer l’autre pour vivre soi même. En plus l’ironie de Lang me gène, elle renvoie aux autres une image sadique alors que l’humour de Hitchcock masochiste ne me gène pas. Comment un même homme peut -il réaliser ‘’cape et poignard’’ et ce film ? C’est un mystère pour moi. ‘’House by the river’’ peut se prêter a des discussions passionnantes sur les diverses interprétations des deux personnages principaux. Ce que le cinéma montre cependant ,c’est une fin fantastique. le frère est indiscutablement mort assommé puis noyé et c’est parce qu’il croit l’entendre et le voir que Stephen prit de terreur se détruira lui même avec divers accessoires ayant déjà servis à créer une ambiance onirique. Donc, un film magistral qui pour moi va trop loin et frise même le ridicule avec ses personnages secondaires caricaturaux et son héros principal outrancier. A chacun d’y prendre son plaisir ou son agacement, de l’admirer ou de le trouver en trop dans l’oeuvre du Maitre.