Un chien qui court dans la neige, avec à ses trousses un hélico et un type qui lui tire dessus, à travers les grands espaces hostiles et glacés de l'Antarctique, et le chien court, court jusqu'à une station de recherche scientifique, réussissant à éviter les balles... C'est ainsi que commence "The Thing", le diamant rouge sang de la filmographie de "Big" John Carpenter. Bon, c'est vrai, l'époque (1982) était vouées aux méchantes bébêtes venues de l'espace qui adorent exploser les corps des humains naïfs, parqués dans des vaisseaux aux confins de la galaxie ou cloisonnés dans des stations polaires au milieu de nulle part... Quoique, l'arrivée d'E.T. allait changer la donne pour un moment, le gentil extra-terrestre de Spielberg piétinant aux box office le bestiaire cruel de Carpenter... C'est le temps qui rendra justice au film, dont chaque vision le confirme à présent comme une oeuvre absolument sans égale dans son genre. "The Thing" est à la fois à la fois un morceau de bravoure technique (les créatures animatroniques de Rob Bottin), une variation angoissante sur la solitude et surtout, un incroyable trip paranoïaque. Ajouter à ça une direction d'acteur impeccable d'ou émerge le fougueux Kurt Russell, quelques scènes traumatisantes (le chenil, la séquence défibrillation...), une tension qui ne faiblit pas et vous aurez une idée de "la chose" ! D'ailleurs, les scènes de transformation sont à la fois paroxystiques et captivantes, créant des images de cauchemar ou la chair délire et matérialise une peur brutale venue d'on ne sait quel brouillon de Jérôme Bosch ou Francis Bacon. Car, oui, il s'agit bien d'une horreur mutante et démesurément effrayante et glauque, qui imprime la rétine pour longtemps. Bref, "The Thing" est une expérience passionnante de cinéma horrifique, maîtrisée de bout en bout, ou le faux semblant règne jusqu'à la rupture violente. C'est aussi la signature la plus viscérale et la plus sincère d'un réalisateur à son sommet.