Lion d'or à Venise, " la grande guerre " est justement considéré comme un des principaux fleurons de la filmographie de Monicelli.
Au travers du parcours, pendant la première guerre mondiale, de deux personnages ( l'un représentant le nord de l'Italie et l'autre le sud), interprétés par Gassman et Sordi dans une prestation d'anthologie, c'est une critique de le guerre et un portrait en creux de la nature humaine.
Pour Monicelli, l 'homme, ballotté par le vent de l'Histoire, a peu de place pour maitriser son destin. De surcroît, il est surtout animé par son intérêt.
Pour le réalisateur, qui se montre très critique face à la nature humaine, les valeurs nobles ( honneur, respect de la parole donnée, dignité, loyauté ...) ne sont pas parmi les plus répandues chez ses congénères et quand on les observe elles relèvent le plus souvent du miracle ou du hasard.
Pour revenir en quelques mots sur le cinéaste, Monicelli est un auteur qui au travers de ses opus, tente d'adopter un regard distancié et fataliste sur la tragédie de la vie, appuyé en cela par un ton sarcastique, grinçant et amer.
Considéré comme le plus drôle des cinéastes italiens par Jean Tulard, il souffrit ( c'est palpable dans ses interviews) de voir son œuvre minorée par la critique ( le public ne lui fit pas défaut) en regard de celle de Fellini ou d'Antonioni.
C'est vrai, qu'il realisa, au milieu d'une filmographie foisonnante, des films absolument exceptionnels ( dont "la grande guerre " et " les camarades " ) et il est évident ( du moins à mes yeux) que ce fût un des plus grands maîtres du cinéma italiens, à l'époque où celui ci était le meilleur du continent ( années 50 et 60).
Humble malgré ses airs bougons,, il ne se considérait pas lui-même comme un auteur et prétendait n'avoir aucun message à transmettre au spectateur. En effet, il se contentait de tendre un miroir à ses contemporains.
Le regard qu'il posait sur son travail était selon moi discutable, car il était bien un auteur et parmi les plus grands ( même si la seconde partie de sa carrière est sensiblement moins accomplie).
Pour la petite histoire, cet homme hors du commun, se donna la mort lors d'une hospitalisation alors qu'il avait 95 ans.