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Plume231
3 936 abonnés
4 639 critiques
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4,0
Publiée le 14 juillet 2010
Plus un essai cinématographique qu'un film, "La Souriante Madame Beudet" est une tentative réussie par la réalisatrice Germaine Dulac de plonger dans les fantasmes d'une femme mariée malheureuse dans le confort bourgeois dans lequel son époux au contraire se complait. C'est aussi un film sur l'incommutabilité entre une femme et son mari aux forts relents féministes. Oeuvre avant-gardiste par l'utilisation de différentes techniques cinématographiques pour souligner la plongée du personnage-titre dans ses fantasmes, "Le Sourire de Madame Beudet" est un film qui laisse un léger goût d'inabouti mais qui n'en est pas moins remarquablement précurseur.
Quoi de plus théâtral que de donner à son film un titre à l'orée même du quiproquo ou de l'ironie ? Pourtant, Germaine Dulac souhaite ici se débarrasser du théâtre en plongeant son film dans un exercice de style plus propice à l'imagerie et à la rêverie salvatrice qu'aux divers comiques gestuels. A l'aide d'un montage audacieux pour son époque, Dulac permet au spectateur de découvrir la richesse de l'imaginaire de madame Beudet, en l'opposant à la réalité monotone de sa vie de bourgeoise provinciale mariée. Vie qu'elle tente de détruire en essayant d'attenter aux jours de son mari, sans succès. Film féministe et avant-gardiste à la fois, La souriante Madame Beudet est absolument conseillé.
Portrait d'une bourgeoise de province désoeuvrée, la narration - qui porte parfois son âge - use habilement des images oniriques de son héroïne pour les opposer cruellement à la réalité d'un mariage dépourvu d'amour et d'une vie dénuée de plaisirs. Faisant grimper la tension suite à la décision funeste de l'épouse, le récit s'appuie sur une excellente Germaine Dermoz jusqu'à un dénouement de toute cynique intelligence. Parfaitement maitrisé!
Considéré à juste titre comme le premier film féministe, il pose les mêmes questions en 1923 qu’un siècle plus tard sur les relations mari-épouse et notamment dans les classes sociales plus aisées. Si le début est un peu caricatural, la fin est criante de vérité. Cinématographiquement, on est dans le pur onirisme impressionniste français de l’époque.
Ce film célèbre de Germaine Dulac est l'archétype du cinéma "impressionniste" français, par opposition à l'expressionnisme allemand. Un film qui veut se libérer du carcan théâtral, qui donne une dimension populaire et populiste d'une certaine société française de l'époque. L'oeuvre est parfois trop féministe, mais la mise en scène est inventive et l'héroïne principale est très attachante.