Comme souvent, Robert Siodmak nous plonge dans le mystère dès le début et les personnages successifs qui se dévoilent à l'écran apportent un peu plus d'interrogation à chaque apparition. Chaque interlocuteur a un rôle bien déterminé dans cet imbroglio : d'abord Mme Warren, la maîtresse de maison malade et acariâtre cependant très intuitive et visionnaire (Ethel Barrymore), le professeur Warren, son fils (George Brent) qui gère la maisonnée, son demi-frère Steve Warren de retour de voyage, homme volage et frivole amoureux de Blanche (Rhonda Fleming), la secrétaire de son frère, le couple de serviteurs, M. et Mme Oates dont une ou deux séquences concernant le mari peuvent intriguer, le docteur Parry (Kent Smith) qui cherche à se faire une clientèle dans ce petit patelin où exerce le vieux docteur Harvey, et enfin, le personnage central, la jeune Helen Capel, muette suite à un traumatisme durant sa jeunesse et interprétée par la talentueuse Dorothy McGuire, la véritable héroïne du film dans un rôle muet durant tout le film, mais quelle actrice remarquable, capable d'exprimer gestuellement ses sentiments. Robert Siodmak réussit à passionner par ce récit ensorcelant où il démontre à nouveau sa maîtrise de la caméra (notamment sur les zooms), l'art du montage que l'on pourrait presque qualifier d'irréprochable, le choix des acteurs, l'approche psychologique des protagonistes et la qualité des dialogues. "The Spiral Staircase", dont le titre français est inapproprié voire ridicule, oscille entre plusieurs genres : thriller, épouvante, drame, film noir mais quel spectacle, le suspense est garanti, une véritable pépite à découvrir dont la fin épatera le spectateur cinéphile, contrairement à certaines critiques journalistiques émises à sa sortie dans les salles d'après-guerre.