Grandiose, véridique, satirique, violent, érotique, émouvant, prenant, déséquilibrant, le film de Martin Scorsese est un violent réquisitoire, un film coup de poing sur l'Amérique des années 1930, juste après la crise financière de 1929 qui allait plonger le pays dans le chaos le plus total jusqu'à l'attaque de Pearl Harbor et l'entrée des Etats-Unis dans la seconde guerre mondiale. Le film traite de marginaux qui veulent se faire entendre dans une société qui ne les accepte pas tels qu'ils sont autrement dit la liberté d'expression en Amérique était bel et bien censurée. Cause: tentative de nuire à l'ordre public par des idées communistes et la défense des syndicats. Il faut bien se mettre en tête qu'en période de crise, chaque parole est mesurée, mais là c'était plus que la censure, c'était du lynchage à coups de bâtons et à coups de carabines que le FBI punissait ceux et celles qui levaient la voix contre le système. Le film ne laisse personne de marbre, entre les pillages d'un coté et les saccages de l'autre, on ne peut prendre parti pour personne et d'ailleurs Martin Scorsese montre l'Amérique sous son vrai jour dans ces années où il était difficile d'être entendu. Le réalisateur n'y va pas de main morte pour les scènes de bagarre et de fusillade, le sang coule à flots et gicle de partout, il en va de même pour une scène d'amour très érotique montrant David Carradine et Barbara Hershey entièrement nus, on rappelle que le film a été tourné en 1972 et que depuis 1968, la liberté de montrer des corps nus devenait chose facile. Le film s'avère particulièrement intéressant car il montre des Américains qui ont chacun une caractéristique hostile pour ceux qui pratiquent le racisme sous toutes ces formes. Communiste, juif, homme de couleur, yankee, tous ces mots rappellent étrangement les termes de notre société actuelle quand ceux-ci amènent à la haine pour quelque raison existante ou pas. Martin Scorsese signe un réquisitoire féroce contre l'Amérique des années 1930 en mettant en scène les marginaux comme les forces de l'ordre avec ses assassinats barbares et cruels qui attisent la violence. Au final, il en ressort un chef-d'oeuvre qui se bonifie avec le temps, affichant des critères de crise similaire à celle que nous traversons au moment où ces lignes sont rédigées.