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Kurosawa
592 abonnés
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4,5
Publiée le 27 octobre 2017
Il est injuste de ne voir dans ce portrait de femme qu'une simple plongée dans la folie, car, s'en tenir à ce constat, c'est refuser toute la complexité du film et du cinéma de Cassavetes en général. "Une femme sous influence" est d'abord l'étude d'un couple en crise, qui peine à communiquer, à s'appréhender; cet écart entre Mabel et Nick est perceptible par le fait que ce dernier semble toujours à son travail – et elle, toujours au foyer – mais même dans un grand moment de réunion qu'est le repas, le malaise est total : Mabel tente de s'intéresser aux amis de Nick mais elle le fait en adoptant une forme tellement théâtrale que son comportement devient anormal. Mais si l'étrangeté du personnage réside dans sa conscience d'une mise en scène, alors Mabel n'est pas plus folle que Nick, qui s'efforce de jouer au mari type de la classe moyenne, dont le sérieux frise le ridicule tant il empêche l'expression de sentiments. Dans cette première heure et demi, on se dit que la mise en scène et le système d'écriture de Cassavetes n'auront jamais été aussi forts dans la mesure où ils font ressentir avec une puissance viscérale le chaos qui règne dans une famille sur le point d'imploser. L'effet de déconstruction produit par un enchaînement de scènes qui semble improvisé – alors que le film est en fait remarquablement construit – et des gros plans très brusques filmés en légère accélération sont des marqueurs vertigineux qui déroutent et nous impliquent physiquement dans l'oeuvre. Si le spectateur finit éprouvé, rincé après une telle expérience, c'est aussi parce que ce cinéma demande à ses acteurs eux-mêmes de dépasser leurs limites, de déployer une énergie qui n'est pas seulement celle de l'interprétation : il faut aussi donner de soi, injecter de la vie dans la fiction jusqu'à en brouiller les frontières. Toutefois, il ne faut pas restreindre "Une femme sous influence" à ses cris, ses mouvements et son incongruité mais il est nécessaire de mesurer sa capacité à les contrebalancer par le calme de la dernière demi-heure, surprenante accalmie qui fait du bien au spectateur mais qui rajoute de l'inquiétude entre les personnages. Nick n'est pas rassuré par l’attitude de Mabel; au contraire, il est alarmé par la peur d'une femme qui craint d'être trop vivante, d'être prise pour folle et qui décide donc de s'éteindre, de ne plus agir mais de simplement observer les autres dans une douceur déchirante. La peur profonde de Nick, c'est de perdre ce qui n'a pas de prix, ce qui surnage dans le chaos : l'amour. Les dernières minutes du film font prendre conscience à Nick des sentiments qu'il a pour Mabel, à quel point il a besoin d'elle pour lui-même se sentir vivant, et scellent la complicité entre Peter Falk et Gena Rowlands, tous deux magnifiques et inoubliables dans des rôles d'une exigence démesurée.
Un bon film mais un film étrange, je me suis ennuyé par moment, une impression de longueur parfois. La réalisation est génial par contre. Peter Falk est bon et Gena rowland est juste extra ! Elle tient le film a elle seule. A voir.
Mon premier Cassavetes. Autant dire que pour un début, j'ai eu du mal. Que signifie ce drame où la folie affleure chez la femme comme chez le mari, et où pointe une misère sous-jacente au coeur d'un foyer visiblement confortable ? Le film met très mal à l'aise, vraiment. Peter Falk est un gros con, Gena Rowlands est une tarée, mais hormis cela, que doit-on comprendre de ce film ? Qu'il faut sauver les apparences, ou que la folie est relative ? Quoi qu'il en soit, franchement, je me suis ennuyé tout au long de scènes plus WTF les unes que les autres (les coups portés par le mari sur sa femme, la scène du médecin, la chute de l'ouvrier poussé dans le vide, les gamins qui picolent avec leur père à l'arrière du camion, etc, etc...). J'espère n'avoir pas compris, mais j'ai bien peur qu'il n'y ai rien à comprendre. Peut-être le contenu sera plus accessible une fois le film placé dans le contexte de l'oeuvre de Cassavetes. Je l'espère...
Puissant et profond, voici un film qui tient au corps. Gena Rowlands y est assez géniale aux côtés d'un Peter Falk dans un rôle particulièrement mémorable. Une Femme sous Influence est une oeuvre dense, littéralement habitée par son couple emblématique et totalement immersive pour le spectateur. John Cassavetes y dilate le réel au gré de longues séquences hissant les comédiens au rang de montagnes : une véritable leçon de mise en scène, lyrique et obsédante. Il est donc question de maladie mentale, d'inadaptation sociale et de crise familial dans ce métrage abrupte et parfois difficile à soutenir : les personnages semblent y communiquer sans vraiment entretenir un dialogue digne de ce nom. Relations mêlées d'emprunts, de faux-semblants et de culpabilités principalement construites autour de l'héroïne de film : la fantasque et chaleureuse Mabel. Il ressort du cinéma de Cassavetes une urgence filmique tout à fait émotionnelle et commotionnelle, doublée d'une corpulence psychologique sans complaisance. Un grand classique, de la même manière que le percutant Faces...
Bon j'ai vraiment du mal avec Cassavetes, c'est le troisième film que je vois de lui et mon préféré, mais je n'accroche pas encore totalement. Disons que j'ai trouvé ça très long et que toute la partie sans Gena Rowlands je l'ai trouvée fortement en-dessous du début et puis j'ai eu du mal à être touché par cette histoire. Disons que je trouve tout ça trop hystérique, j'ai du mal à m'attacher aux personnages, mais bon forcément lorsque le petit garçon fait des bisous à sa maman en lui disant qu'il l'aime, j'ai un petit cœur qui bat malgré tout et je trouve ça mignon.
Le film m'a beaucoup fait pensé à du Kechiche (même si je préfère largement ce dernier) avec le côté pris sur le vif, la frénésie, cependant j'ai trouvé le montage moins affuté. Je veux dire que par moments je ne trouve pas les enchaînements de plans fluides, comme si on sentait qu'il y avait une coupe, un angle de caméra qui ne s'emboîte pas très bien avec le précédent, ou bien une micro seconde de blanc en trop au début du plan. Disons que je n'ai pas été totalement convaincu bien que j'apprécie follement le dispositif.
Par contre un truc qui m'a totalement convaincu et qui a fait que j'apprécie le film malgré tout, c'est les acteurs. Ils sont géniaux, Peter Falk et Gena Rowlands en tête, bien évidemment... mais ils sont tous bons, la grand-mère qui vient chercher les gosses au début du film et qui a l'air apathique, déjà totalement débordée par les gamins... le médecin... la belle-mère... ou même les collègues, tout ça est parfait. Ils se donnent à fond dans leur rôle, peut-être un peu trop, mais ça va avec la vivacité du montage et de la mise en scène.
Bref, c'est pas réellement le genre de film que j'apprécie pleinement à cause de plein de détails qui font que je rentre pas totalement dans le film, mais bon, ça n'en fait de loin pas un mauvais film.
Excellent film, le jeu de Gena Rowlands et aussi de Peter Falk sont d'une intensité inouie. John Cassavetes filme des tranches de vies parfois hystérique (souvent même) mais aussi d'une tendresse folle. Un des meilleurs films sur la folie d'ailleurs.
Déjà que Opening Night m’avait passablement ennuyé mais alors celui là … C’est d’une telle lourdeur dans la mise en scène, les séquences n’en finissent pas et ne m'ont quasiment jamais parlé, Gena Rowlands en fait des caisses comme c’est pas permis (sorte de mère spirituelle de Jennifer Lawrence), rien ne semble avancer, aucun impact émotionnel (si ce n’est peut être le dernier quart d’heure), même quand ça gueule je n’y ai pas prêté plus d’attention, une certaine preuve d'anesthésie faisant son oeuvre donc. J’arrête de suite avec Cassavetes, son cinéma ne m’intéresse pas et je n’y vois pas grand intérêt (pour ne pas dire aucun).
Un véritable choc cinématographique ! Avec "Une femme sous influence", John Cassavetes nous livre un film mémorable sur le foyer et la difficulté de la vie de famille. Le cinéaste explore ici l'apparition de la folie chez Mabel Longhetti (Gena Rowlands) ainsi que la gestion de celle-ci par son mari Nick (Peter Falk) et de comment celle-ci va affecter la cohésion de leur couple. Au delà de l'histoire, très intéressante et mise en scène de manière juste et sobre, ce que l'on retient de ce film est avant tout l'incroyable direction d'acteurs ainsi que de leurs performances inoubliables. En effet, toute la réalisation de Cassavetes est basée sur la spontanéité du jeu des acteurs afin que ceux ci soient le plus proche de la réalité possible. Cassavetes accordait peu d'importance aux dialogues et tenait avant tout à ce que ses acteurs donnent le maximum d'eux mêmes dans leur rôle en leur laissant une grande part de liberté dans l'interprétation qu'ils avaient de leur personnage et en les laissant donc choisir leurs placements, leurs gestes, leurs intonations... Le plus important étant qu'ils comprennent leur personnage et qu'ils se l'approprie corps et âme. Cette volonté de sincérité et de spontanéité se ressent dans beaucoup de scène du films, notamment celle du déjeuner aux spaghettis où je ne cessais de me demander si les dialogues étaient improvisés ou écrits, tant ceux ci paraissent proche de la réalité. Les scènes de dispute sont sûrement celles qui sont le plus marquantes dans le film tant celles ci sont durs et montrent bien la détresse des personnages, que ce soit la peur de Mabel qui se transforme en euphorie ou la tristesse de Nick qui se transforme en colère. Pour ce qui est des performances des acteurs, comme je le disais précédemment, celle-ci sont inoubliables. Gena Rowlands est absolument magistrale dans le rôle de Mabel, elle nous impressionne tout le long du film par son investissement dans ce rôle très dur et très exigeant, je pense d'ailleurs que c'est l'une des meilleurs, si ce n'est la meilleure, performance féminine de la décennie 70 et son jeu, à la fois nerveux et à fleur de peau, n'a pas été sans me rappeler la magnifique performance de Patrick Dewaere dans "Série Noire". Peter Falk est lui aussi excellent dans le rôle de Nick, on entre complètement en empathie avec ce personnage qui essaie tant bien que mal d'aider Mabel et d'assurer la survie de leur foyer, notamment dans la scène à la plage où celui-ci nous montre à la fois la sincérité mais aussi le profond désarroi de son personnage. En bref, avec "Une femme sous influence", Cassavetes signe un très grand film, parfois très dur mais aussi avec de grands moments de tendresse où il nous montre la difficulté d'une vie de famille mais aussi l'amour très fort qui règne, malgré les épreuves, entre les membres de cette famille.
Cassavetes réussit à filmer ses acteurs avec une justesse époustouflante (prestation hallucinante de Gena Rowlands). On ne peut s'empêcher de penser que tout n'est pas joué, tellement l'on ressent bien la nature profonde des personnages et l'on imagine que le réalisateur a laissé une grande part à l'improvisation. Un véritable chef d'oeuvre, troublant de réalisme et de vérité.
Whaou! Bon les séquences sont longues (les acteurs nous le font oublier) mais chacune apporte un peu à notre compréhension de la relation du couple, sans nous permettre un jugement évident.
Un film très réussi. Deux acteurs énormissimes, pour un film déstabilisant. Cassaevetes nous impose sa manière particulière de filmer, qui donne parfois des airs de tristesse, parfois des airs menaçants à ses personnages. Un film intense, touchant. A ne pas manquer.
Impossible d'être plus près de l'humain,du cinéma,de l'amour des comédiens,des combats de chacun pour exister,faire exister l'autre,faire exister une famille,un groupe...Combats dérisoires ou fondateurs? Ce film est bouleversant d'intimité.Un choc permanent et salutaire.Gena Rowlands est comme une bougie,vacillante,illuminée protégée jusqu'à la folie par un Peter Falk dépassé mais qui continue à essayer de construire son mur.Empiler vaille que vaille les briques de son mur pas droit . C'est plus que du cinéma.
Re revu. Cassavetes filme la manie au quotidien, en pêchant dans les visages (les gros gros plans) le familier et dans son rythme (certaines scènes comme vécues en temps réel) sa tension. Un duo époustouflant accompagné d'acteurs secondaires solides. Des décisions prises à la va-vite, des gestes furtifs et lourds de conséquences, "Une femme sous influence" tire sa force dans son incertitude constante qui plane et dans son absence de tout manichéisme. Cassavetes ne nous apporte pas des réponses (par exemple, pourquoi demande-t-elle à son père de sa dresser devant elle), il nous offre des instants qui ne tiennent toujours qu'à un fil (le repas, la plage, la fête dans le jardin....) et lorsque le film se termine, il semble nous dire « la vie continue ».
Avec "Une femme sous influence", John Cassavetes livre le portrait d'un couple, et plus particulièrement la femme, d'un couple d'age mûrs alors que celui-ci se détruit lorsque la femme sombre dans la folie. Cassavetes poursuit son exploration des middle class américaine avec ce film sur la folie, la famille et le difficultés d’être parents. Donnant toujours la liberté à ses acteurs, Cassavetes promène sa caméra dans des décors sobre mais ultra réaliste au rythme d'une bande son mêlant thème émouvant et musique classique. Coté acteur, on à toujours la "Famille Cassavetes" avec sa femme, Gena Rowlands, incroyable tant sa folie se lie jusque dans son regard, et Peter Falk, toujours sur la corde raide entre son rôle de mari et de père, et incroyablement émouvant lors de la scène où celui-ci rentre de la plage avec ses enfants. Au final, on a affaire à l'un des meilleur film de John Cassavetes et à un chef d'oeuvre du cinéma, tout simplement.