Deux ans après un Reservoir Dogs de grande qualité, Tarantino reste dans l'univers mafieux et dans la narration désordonnée avec un des films les plus cultes des années 1990. Pulp Fiction fait s'entremêler plusieurs histoires avec une intrigue très travaillée bourrée de dialogues poignants et de scènes violentes parfois composées de situations comiques. Le film met principalement en scène John Travolta (dont la carrière a été relancée après Carrie, La fièvre du samedi soir, Grease et Staying alive) et Samuel Jackson (qui deviendra un habitué du réalisateur) dans le rôle de Vincent Vega et Jules Winnfield, deux malfrats chargés de récupérer une mystérieuse mallette chez quatre mecs ayant causé du tort à leur patron Marsellus Wallace (Ving Rhames, vu dans L'échelle de Jacob et les futurs Mission Impossible). Cette scène mythique symbolise à elle seule toute la violence (hausse de la voix, coups de feu multiples, effusions de sang), le comique (la discussion sur les burgers, les mecs qui s'incrustent sans gêne, quelle langue on parle à Quoi) et la psychopathie (la citation de la Bible apprise par cœur sans en comprendre le sens « juste parce que ça en jette ») de l’œuvre. On voit d'ailleurs la suite bien plus tard alors que la quatrième mec surgit,
loupe tous ses tirs en voulant tuer Vincent et Jules avant que ces derniers réfléchissent deux secondes et le dégomment à son tour.
La première scène rejoint la dernière dans un restaurant, alors qu'un mec (M. Orange de Reservoir Dogs) et sa copine se disent qu'il serait moins risqué de braquer une banque car ses dernières s'en foutent grâce à leur assurance avant de braquer tout le monde en hurlant,
le tout pendant que Jules et Vincent prennent leur petit déjeuner
: un très grand coup de narration reliant les deux parties du scénario. Avant cela, Vincent explose sans le vouloir la cervelle du quatrième mec dans leur voiture et se font aider par Winston Wolf (M. White de Reservoir Dogs) pour tout nettoyer dans un passage aussi comique qu'au fond très sérieux, pendant lequel Tarantino joue d'ailleurs un petit rôle bien sympa.
Après la retraite décidée de Jules,
Vincent doit quant à lui passer une soirée avec la femme de son patron afin de l'occuper pendant son absence. Interprétée par la sulfureuse Uma Thurman (Cécile de Volanges des Liaisons dangereuses, Poison Ivy de Batman et Robin, Black Mamba des Kill Bill), Mia Wallace ne semble pas aussi heureuse qu'il y paraît quand on voit toute la poudre blanche qu'elle inhale
et qui finit par provoquer une overdose mettant une fois de plus Vincent en galère.
Leur dîner dans un club berce le film d'autres musiques cultes des années 1960 comme Son of a preacher man de Dusty Springfield, Bullwinkle Part II de The Centurians, et surtout You never can tell de Chuck Berry sur laquelle ils nous livrent une danse de l'époque aussi classieuse que comique.
Le troisième protagoniste n'est autre que Bruce Willis himself (qu'on retrouve plus tard dans les Sin City de Robert Rodriguez, au style assez proche de celui de Tarantino) dans le rôle d'un boxeur recherché par Wallace pour avoir tué un de ses hommes sur le ring. Après un flash-back où un militaire joué par Christopher Walken (Dangereusement vôtre, Batman Returns) lui raconte étant enfant comment son père lui a gardé une montre familiale
(en la fourrant dans son anus pour la cacher à ses ennemis, ndlr) avant de la lui remettre
, Butch s'énerve vigoureusement parce que sa copine a oublié de lui ramener et retourne à leur appartement,
où il descend Vincent envoyé par Wallace alors que ce dernier sortait une fois de plus du trône.
La violence continue[spoiler] alors que Wallace se retrouve prisonnier d'un vendeur d'armes après avoir essayé de le descendre dans sa boutique, Butch lui sauvant la vie pour se racheter. Sans doute le meilleur Tarantino classique et un des meilleurs films des années 90 !!