Indescriptible et inoubliable... "New Rose Hotel" n'est en aucun cas un thriller (et ceux qui l'ont perçu comme tel ne l'ont, à mon avis pas compris) mais une histoire d'amour unique, filmée avec une finesse rarissime, pour finalement accoucher de l'une des plus belles et poétiques oeuvres qui m'aient jamais donné été l'occasion de voir. Abel Ferrara, durant sa période dépressive, dirigea de main de maître cet OVNI d'un lyrisme sidérant. Organisant pourtant son récit en trois actes distincts, il en tire un résultat tout sauf conventionnel. D'abord, une présentation des événements et des personnages, tous plus ou moins déjantés et déboussolés. Ils se retrouvent autour d'un prétexte dont on se fiche royalement et servent en fait à exposer les thèmes de manipulation et de séduction en particulier. Passionnant et d'une sensualité débordante, on bascule ensuite dans un autre registre : celui des interrogations existentielles tourmentées. Le cinéaste ralentit volontairement le rythme pour mieux introduire sa dernière demi-heure. C'est celle-ci qui laissera une impression unique et exceptionnelle. L'un des protagonistes se retrouve seul, recroquevillé dans un coin, et phantasme : entre rêves, hallucinnations, réalité ou encore idéalisation d'un portrait féminin, ces images sont extrêmements riches autant dans le fond que sur la forme. On retrouve le charismatique Christopher Walken, le génial Willem Dafoe ici à fleur de peau et la sublimissime Asia Argento, véritable égérie d'un très grand metteur en scène. Autour d'elle se construit un récit dont on ne connaît ni le début, ni la fin. Il faudrait détailler tout cela mais sa performance est peut-être la plus grande de tout le septième art si l'on se réfère à la catégorie féminine. Elle a tout pour elle, attire et répulse, tant physiquement que psychologiquement, mais surtout charme et trouble. "New Rose Hotel" n'est pas un film à voir, c'est une oeuvre à ressentir.