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Nicolas S
46 abonnés
545 critiques
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4,0
Publiée le 17 octobre 2022
Avec une croyance inébranlable en la véracité (très douteuse) du récit de Kaspar Hauser, Herzog essaie, presque en anthropologue, d'imaginer ce que cela fait de découvrir le monde pour la première fois. Comme on peut s'y attendre, à la bienveillance des premiers instants succède vite un désir d'exploiter et de contrôler le jeune homme, dont la vision du monde n'a pas encore été figée par les coutumes, l'éducation et la religion - ce qu'on nomme communément la civilisation. Cette candeur qui le caractérise est la source de dialogues très poétiques et de nombreuses scènes où la nature, par contraste avec la ville, paraît enchanteresse (la traversée d'un petit cours d'eau en barque, sidérante de beauté). C'est donc d'une façon certes un peu convenue (et, il faut le dire, simpliste) - mais émouvante - que Kaspar finit par vouloir échapper à la société à mesure qu'il en acquiert les codes. Il est incarné avec beaucoup de naturel par un acteur amateur prénommé Bruno.
Récit introspectif intrigant mais peu captivant et manquant de rythme, de la vie mystérieuse de Kaspar Hauser, un enfant sauvage recueilli en 1828 à Nuremberg, interprété par un acteur bcp trop vieux et pas charismatique.
Pour une raison inconnue, un individu a été maintenu en détention depuis sa naissance et n'a reçu aucune éducation de quelque sorte que ce soit. Libéré par son geôlier sur la place d'un bourg, il est peu à peu pris d'affection par les villageois qui l'encouragent à apprendre à marcher, s'exprimer, lire et écrire, etc. C'est un film touchant, d'autant plus qu'il est tiré d'une histoire vraie. Nous voyons éclore ce sauvage qui devient peu à peu un jeune homme capable de soutenir une conversation, exprimer son point de vue, refuser certaines convenances sociales, etc. L'acteur principal est très doué et restitue bien cette progression. Parmi les points faibles, j'ai trouvé le rythme très lent et manquant de rebondissements ou de changements de rythme. Nous ignorons la raison véritable tant des mauvais traitements subis par le jeune homme depuis sa naissance, que de sa libération soudaine ou de la tentative de meurtre dont il est l'objet. Cela ajoute au mystère de ce film sensible et introspectif qui ne livre pas tous ses secrets, fidèle en cela à la véritable histoire de Kaspar Hauser.
L’histoire vraie d’un ado incarcéré 17 ans dans une cave, sans éducation, et retrouvé sur la place de Nuremberg, ne tenant pas debout et ne mangeant que du pain. Peut-être un rejeton gênant abandonné par une famille noble. D’abord emprisonné, les enfants du geôlier puis le bourgmestre de Nuremberg prennent en charge son éducation. Pour rentabiliser les frais qu’il occasionne, on le présente en attraction foraine. Puis Werner Herzog fait des siennes avec quelques scènes étranges sur la religion, la foi et les femmes (le village de menteurs, le cygne sur l’adagio d’Albinoni, l’ensemencement du cresson calligraphiant son nom, le rêve du Caucase en allusion à son père). Cinq ans après son apparition, Kaspar Hauser est assassiné - ou se donne la mort – autre énigme réelle. Son autopsie révèle un cervelet disproportionné par rapport au cerveau. Le mérite de Herzog est d’avoir su créer dans son film une atmosphère en permanence intrigante et bizarre, comme le sont les faits historiques. En revanche, l’acteur choisi – convaincant par ailleurs - paraît bien âgé pour son rôle.
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18 103 critiques
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1,0
Publiée le 22 septembre 2021
Je lui une étoile et je me force a le faire c'est peut-être un chef-d'œuvre comme le pensent beaucoup de personnes mais pour moi c'est juste un film incroyablement lent et surtout ennuyeux. Peut-être que je ne suis tout simplement pas assez intelligent pour interpréter le comportement de Kaspar car je préféré que l'on me raconte tout directement à la manière d'Hollywood. La plus grande énigme pour moi est que je ne voyais tout simplement pas la raison pour laquelle un film comme celui-ci devait être réalisé. Et puis il y a une chose que j'ai trouvé très dérangeante et même mauvaise. Pourquoi cette personne qui est Kaspar et qui a environ vingt ans a-t-elle clairement l'air d'en avoir quarante. Werner Herzog n'aurait-il pas pu trouver un acteur dans une fourchette d'âge plus appropriée. Je suis resté assis pendant la première heure de cette histoire attendant que cela devienne un grand récit mais hélas j'ai fini par l'éteindre. Le jeu des acteurs était trop laborieux mais peut-être qu'un véritable acteur aurait été un meilleur choix qu'un artiste de rue qui a peut-être été choisi par pitié par Herzog...
Voici un Werner Herzog que je ne connaissais pas et que j'ai pris un grand plaisir à découvrir. On ne peut s'empêcher de penser à "L'enfant sauvage" de François Truffaut en voyant "L'énigme de Kaspar Hauser" (tiré d'une histoire vraie) puisque les thématiques se rejoignent fortement, mais j'ai une nette préférence pour le deuxième. Je la justifie surtout par le personnage principal : l'enfant dans le film de Truffaut ne parle pas, alors que Kaspar parle. Toute la différence est là, il est capable d'exprimer ses sentiments et de verbaliser son incapacité à devenir un être humain alors qu'il sait lire, écrire et jouer du piano. Cela donne lieu à des scènes et des dialogues absolument bouleversants dits de façon monocordes par un personnage qui fait plus penser à un androïde qu'à un homme. Si tout ce qu'exprime Kaspar est l'élément le plus marquant du film, Herzog n'oublie pas non plus d'avoir un regard acide et lucide sur l'humanité et on va retrouver des thématiques que l'on verra plus tard dans "Elephant man", à savoir l'exploitation commerciale des "monstres" dans les cirques et le voyeurisme malsain dans la haute société. "L'énigme de Kaspar Hauser" est donc un film surprenant et superbe que je recommande vivement.
J'ai du mal avec Herzog. Il y a dans son cinéma quelque chose qui m'attire mais qui, une fois devant l'œuvre, finit par m'ennuyer. Celui-là n'a malheureusement pas échappé à la règle. Sujet intéressant, philosophiquement stimulant mais vieillot et très mal joué. Et une mise en scène plan plan...
septiemeartetdemi.com - Revenu d'horizons lointains (ayant tourné au Pérou) comme d'idées moins exotiques par l'endroit comme par la forme (Les Nains aussi ont commencé petit était tout à fait étrange), Herzog ne pouvait guère se permettre de perdre le rythme. Défi réussi avec Kaspar Hauser. Rarement un réalisateur aura mieux su mettre « à sa sauce » une histoire réelle.
Malgré les atours que le scénario arbore et qui peuvent nous laisser supposer cette nature originelle, l'histoire est tellement idiomodelée – et cela sans tricherie ou liberté d'adaptation – que c'en est presque invisible. Elle est comme un ballon rempli complètement d'une œuvre du septième art géniale, sans qu'il paraisse prêt à exploser ou que le film semble en dépendre comme d'un support. « Rien ne vit plus en moi que la vie », dit Kaspar... « Rien ne vit plus en mon film que l'histoire », pourrait en dire l'auteur. Comment croire que des personnages si éclatants de personnalité puissent avoir été vrais, ou être nés du glauque ? D'où les acteurs tirent-ils cette ferveur et ce naturel qu'on sent dans leur jeu ?
En tout cas, s'étant octroyée une belle marge de manœuvre, cette réussite générale n'a pas empêché le réalisateur de mettre sa griffe en supplément gratuit, ce cocasse un peu aigre et ces caméos adressés au connaisseur qui rendent certains passages normalement fades drôles et la fin normalement anonyme marquante.
D'une beauté profonde stupéfiante. Un talent hors pair pour mettre en scène l'éclosion d'un être. L'histoire est bouleversante mais l'art de la raconter l'est davantage. Tout est dans l'histoire de la caravane : il avance dans la nuit et c'est quand il arrive dans la ville que l'histoire s'achève. L'histoire de sa vie. Il n'a connu que la genèse de l'humanité. Elle n'avait pas commencé. C'est sublime et d'une portée philosophique incroyable.
Werner Herzog réalise un film sur l'affaire Kaspar Hauser (je connaissais l'histoire dans ses grandes lignes), sujet intéressant qui avait de quoi alimenter un film historique passionnant. Mais rapidement il s'enfonce dans des longueurs et une lenteur un peu exaspérante, une style déjà qui ne m'avait pas plu dans Aguirre par contre Fitzcarraldo et Nosferatu me plurent beaucoup. Un ton naturaliste presque documentaire froid et sans émotion.
Le réalisateur illustre une histoire vraie, à laquelle il laisse tout son mystère. Qui était ce jeune homme sauvage, dont on voulut cacher l'existence ? Quel danger représentait-il pour que l'on intentât à sa vie, une fois celle-ci révélée au monde ? On a beaucoup glosé à son sujet, allant jusqu'à imaginer de très hautes origines. Mais ce n'est pas la résolution du mystère qui intéresse Herzog. À travers ce biopic historique, le réalisateur brode sur un thème qui lui est cher : l'homme seul face à la société, le marginal. Développant ici une opposition nature/culture, il fait de Kaspar Hauser le révélateur des tares d'une société conformiste, engoncée dans ses certitudes. Via une série de rencontres, l'innocent personnage central met en évidence le diktat du dogme religieux, les artifices étouffants des mondanités, la prétention des hommes de science. Mais aussi l'injustice sociale et... divine, comme le suggère le titre original. La mise en scène de Werner Herzog est un peu austère, mais le propos n'est pas sans force. En contrepoint, la BO apporte une touche de lyrisme. À noter, enfin, la composition étonnante de Bruno S. dont l'histoire personnelle se rapproche de celle de son personnage, lui qui fut abandonné par ses parents en bas âge et qui passa une bonne partie de sa vie dans une structure d'éducation spécialisée.
Je suis venu, calme orphelin, Riche de mes seuls yeux tranquilles, Vers les hommes des grandes villes : Ils ne m'ont pas trouvé malin. A vingt ans un trouble nouveau Sous le nom d'amoureuses flammes, M'a fait trouver belles les femmes : Elles ne m'ont pas trouvé beau. Bien que sans patrie et sans roi Et très brave ne l'étant guère, J'ai voulu mourir à la guerre : La mort n'a pas voulu de moi. Suis-je né trop tôt ou trop tard ? Qu'est-ce que je fais en ce monde ? Ô vous tous, ma peine est profonde : Priez pour le pauvre Gaspar !.
Ces vers de Paul Verlaine écrits en 1873 sont destinés à un être mystérieux, hirsute, grimaçant, au sommeil lourd. Tenant à peine sur ses jambes.
Son infirmité est lourde traînée par des mains anonymes dans une nature verdoyante ondulant au rythme des vents.
Gaspar Hauser âgé d'environ seize ans et découvert au mois de Mai 1828 bras gauche tendu tel une statue de pierre au milieu d'une place sous les regards inquiets d'autochtones découvrant une telle posture. Il porte une lettre destinée à un capitaine de cavalerie et ne prononce qu'une seule phrase apprise par cœur :
« J'aimerais devenir un combattant comme le fût mon père."
Recueilli par la collectivité Gaspar montre une ignorance inégalée, il ne sait ni lire ni écrire, recrache ce qu'il mange, n'offre qu'un regard fixe envers ses protecteurs.
Un intérêt pour les bases de l'existence et néanmoins découvert, Gaspar nourrit patiemment un oiseau. Le contact de la chaleur et la douceur de la main d'un bébé déclenche des larmes. Ce jeune homme a des sens.
Les progrès sont fulgurants, il apprend le mécanisme de la nature, la musique, les sons, la parole mais le destin veille entretenant un mystère contrariant un mécanisme interne évolutif.
Werner Herzog habille ses œuvres d'échecs, Fitzcarraldo, Aguirre et Gaspar sont anéantis par des destins contradictoires programmés afin d'obstruer des mécanismes d'énergies, un genre de grandeur négative ou les oppositions sont des affirmations antinomiques.
Gaspar ne se délecte provisoirement que de cette seconde naissance intellectuelle offerte par des mots captés et renvoyés. L'encadrement est doux, patient envers cette entité à façonner, pourtant toutes ces sollicitudes sont vouées à ne pas réussir.
Ce curieux personnage emporte son parcours que l'on peut définir afin d'épiloguer sur un sujet bien mystérieux comme un bâtard le fruit d'un amour adultère escamoté à la naissance, un masque de fer gênant qu'il ne faut surtout pas faire grandir intellectuellement.
Ce n'est qu'une suggestion pour conserver la maîtrise d'un dénouement que Gaspar privé du potentiel d'une intuition divine ne peut fournir faute de temps. Le mystère Gaspar Hauser reste entier pour l'éternité.
Kaspar Hauser est apparu en 1828 dans une rue de Nuremberg. Depuis lors, l'énigme autour des origines de l'adolescent qui avait passé toute son enfance dans un cachot sans aucun contact humain fait partie de la légende allemande. Pas étonnant en 1974 que Werner Herzog artisan du renouveau du cinéma allemand qui fonde son art sur l'observation des marginaux s'empare de ce fait divers extraordinaire. Comme avec "Aguirre, la colère de dieu" qui lui a amené la reconnaissance internationale deux ans plus tôt, Herzog tient à se rapprocher au plus près de la réalité pour mieux la sublimer. Son film est à mi-chemin entre le récit documentaire et le film de fiction onirique. Ce style si particulier peut tout à la fois fasciner ou irriter. Herzog dont le talent narratif et pictural est reconnu a toujours fait l'objet de vifs débats au sein de la critique internationale. Au-delà de relater l'histoire de Kaspar, il s'interroge sur l'émergence au monde d'un homme parvenu à l'âge adulte et la scène d’ouverture qui se veut une succession de vues de la campagne allemande n’a pas d’autre but que de nous mettre en lieu et place de Kaspar qui découvre pour la première fois l'univers extérieur . Bruno S acteur amateur qui fera un autre film avec Herzog prête de manière très efficace sa marginalité au récit proposé. A travers Kaspar Hauser, c'est un peu une histoire actualisée et revisitée d'Adam que nous narre Herzog. Le leitmotiv constant d'Herzog est que l'homme détruit tout ce qui lui a été donné en cadeau par la nature. Cette sublimation d'une osmose entre l'homme et son environnement a conduit certains à accuser Herzog d'une sympathie pour une partie des doctrines nazies. Pour Kaspar, comme souvent chez Herzog la suite est un long chemin vers l'abîme. Recueilli par différents nobles ou bourgeois, Kaspar un moment montré comme bête de foire ne pourra jamais réellement trouver sa place dans la société et il mourra assassiné de la main qui lui aura ouvert la porte de son cachot. Un film précieux et unique.
Je ne savais rien sur l'histoire de Kaspar Hauser (je ne savais même pas que c'était un film inspiré de faits réels !) donc c'est vraiment sans à priori particuliers que j'ai regardé le long-métrage. On pourra bien entendu regretter une certaine confusion (suite à de trop nombreuses élipse et un scénario parfois nébuleux), mais le film n'en demeure pas moins intriguant et intéressant tout en laissant une réflexion sur la condition humaine. Et puis le film ne m'a pas laissé un très fort souvenir.
J’aime beaucoup les deux Herzog que j’ai vu (Aguire et Fitzcarraldo) et l’énigme de Kaspar Hauser n’est pas fondamentalement différent de ces deux films même si le sujet traité est différent. C’est sur la forme qu’on reconnait immédiatement Herzog. Des plans avec son personnage dans la nature avec pour seul fond sonore les bruitages naturels, des passages plus troublants, Herzog aime semer le doute au détour d’un plan (Une pensée pour ce mystérieux personnage tout de noir vêtu). Il y a des scènes que j’aime beaucoup, comme l’introduction et la scène suivante sous ce magnifique canon de Pachelbel. Plusieurs scènes sont marquantes de par leur beauté, la musique est aussi utilisée de manière pertinente et rend le tout encore plus beau. L’histoire nous raconte l’incroyable destin de Kaspar Hauser, séquestré durant toute son enfance, ne connaissant aucune éducation et étant ainsi une sorte d’homme sauvage à son arrivée dans le monde civilisé. Il est amusant de constater que Hauser rejette ce milieu qu’il ne supporte pas, Herzog pointe avec malice l’hypocrisie de cette société pas foncièrement différente de l’actuelle mais il a ce côté critique envers la religion et sa fâcheuse tendance à posséder l’esprit de Hauser qui ne croît pas en Dieu, on ne lui a jamais appris son existence avant et il ne pense pas qu’il y ait un être supérieur qui régule tout. Le film est également assez touchant, il y a cette très belle scène où Hauser découvre un bébé et s’amuse à le bercer, c’est touchant de le voir découvrir enfin la vie à travers des petits instants plutôt banals. Il y a un zeste d’humanité et d’invitation à la tolérance, j’aime bien ce film, ça manque juste de rythme à mon sens mais globalement c’est vraiment beau, le personnage est attachant et il y a un fond intéressant. Vraiment bien.