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    L'Enigme de Kaspar Hauser
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    Parkko
    Parkko

    159 abonnés 2 020 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 16 octobre 2011
    Je ne savais rien sur l'histoire de Kaspar Hauser (je ne savais même pas que c'était un film inspiré de faits réels !) donc c'est vraiment sans à priori particuliers que j'ai regardé le long-métrage. On pourra bien entendu regretter une certaine confusion (suite à de trop nombreuses élipse et un scénario parfois nébuleux), mais le film n'en demeure pas moins intriguant et intéressant tout en laissant une réflexion sur la condition humaine. Et puis le film ne m'a pas laissé un très fort souvenir.
    weihnachtsmann
    weihnachtsmann

    1 141 abonnés 5 118 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 13 juillet 2017
    D'une beauté profonde stupéfiante. Un talent hors pair pour mettre en scène l'éclosion d'un être. L'histoire est bouleversante mais l'art de la raconter l'est davantage. Tout est dans l'histoire de la caravane : il avance dans la nuit et c'est quand il arrive dans la ville que l'histoire s'achève. L'histoire de sa vie. Il n'a connu que la genèse de l'humanité. Elle n'avait pas commencé. C'est sublime et d'une portée philosophique incroyable.
    selenie
    selenie

    6 206 abonnés 6 177 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 26 février 2010
    Histoire vraie, étonnante, bizarre mais vraie et la première force du film est justement une très grande fidélité aux faits historiques avérés. Herzog arrive justement a recréé une sorte d'ambiance mystérieuse (une de ses spécialités) qui colle parfaitement au destin peu commun de ce Kaspar hauser qui n'est au final pas sans rappeler un certain Masque de fer. Bruno S. qui tient le rôle principal est à la fois une force et le problème du film à cause de l'émotion... Au début surtout le côté "robot" est trop appuyé et manque d'humanité. Dommage car le chef d'oeuvre n'est pas loin. En tous cas c'est un film aussi surprenant que l'histoire qu'il relate. A voir.
    Jipis
    Jipis

    38 abonnés 360 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 6 juin 2012
    Je suis venu, calme orphelin, Riche de mes seuls yeux tranquilles, Vers les hommes des grandes villes : Ils ne m'ont pas trouvé malin. A vingt ans un trouble nouveau Sous le nom d'amoureuses flammes, M'a fait trouver belles les femmes : Elles ne m'ont pas trouvé beau. Bien que sans patrie et sans roi Et très brave ne l'étant guère, J'ai voulu mourir à la guerre : La mort n'a pas voulu de moi. Suis-je né trop tôt ou trop tard ? Qu'est-ce que je fais en ce monde ? Ô vous tous, ma peine est profonde : Priez pour le pauvre Gaspar !.

    Ces vers de Paul Verlaine écrits en 1873 sont destinés à un être mystérieux, hirsute, grimaçant, au sommeil lourd. Tenant à peine sur ses jambes.

    Son infirmité est lourde traînée par des mains anonymes dans une nature verdoyante ondulant au rythme des vents.

    Gaspar Hauser âgé d'environ seize ans et découvert au mois de Mai 1828 bras gauche tendu tel une statue de pierre au milieu d'une place sous les regards inquiets d'autochtones découvrant une telle posture. Il porte une lettre destinée à un capitaine de cavalerie et ne prononce qu'une seule phrase apprise par cœur :

    « J'aimerais devenir un combattant comme le fût mon père."

    Recueilli par la collectivité Gaspar montre une ignorance inégalée, il ne sait ni lire ni écrire, recrache ce qu'il mange, n'offre qu'un regard fixe envers ses protecteurs.

    Un intérêt pour les bases de l'existence et néanmoins découvert, Gaspar nourrit patiemment un oiseau. Le contact de la chaleur et la douceur de la main d'un bébé déclenche des larmes. Ce jeune homme a des sens.

    Les progrès sont fulgurants, il apprend le mécanisme de la nature, la musique, les sons, la parole mais le destin veille entretenant un mystère contrariant un mécanisme interne évolutif.

    Werner Herzog habille ses œuvres d'échecs, Fitzcarraldo, Aguirre et Gaspar sont anéantis par des destins contradictoires programmés afin d'obstruer des mécanismes d'énergies, un genre de grandeur négative ou les oppositions sont des affirmations antinomiques.

    Gaspar ne se délecte provisoirement que de cette seconde naissance intellectuelle offerte par des mots captés et renvoyés. L'encadrement est doux, patient envers cette entité à façonner, pourtant toutes ces sollicitudes sont vouées à ne pas réussir.

    Ce curieux personnage emporte son parcours que l'on peut définir afin d'épiloguer sur un sujet bien mystérieux comme un bâtard le fruit d'un amour adultère escamoté à la naissance, un masque de fer gênant qu'il ne faut surtout pas faire grandir intellectuellement.

    Ce n'est qu'une suggestion pour conserver la maîtrise d'un dénouement que Gaspar privé du potentiel d'une intuition divine ne peut fournir faute de temps. Le mystère Gaspar Hauser reste entier pour l'éternité.
    soniadidierkmurgia
    soniadidierkmurgia

    1 174 abonnés 4 168 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 3 décembre 2013
    Kaspar Hauser est apparu en 1828 dans une rue de Nuremberg. Depuis lors, l'énigme autour des origines de l'adolescent qui avait passé toute son enfance dans un cachot sans aucun contact humain fait partie de la légende allemande. Pas étonnant en 1974 que Werner Herzog artisan du renouveau du cinéma allemand qui fonde son art sur l'observation des marginaux s'empare de ce fait divers extraordinaire. Comme avec "Aguirre, la colère de dieu" qui lui a amené la reconnaissance internationale deux ans plus tôt, Herzog tient à se rapprocher au plus près de la réalité pour mieux la sublimer. Son film est à mi-chemin entre le récit documentaire et le film de fiction onirique. Ce style si particulier peut tout à la fois fasciner ou irriter. Herzog dont le talent narratif et pictural est reconnu a toujours fait l'objet de vifs débats au sein de la critique internationale. Au-delà de relater l'histoire de Kaspar, il s'interroge sur l'émergence au monde d'un homme parvenu à l'âge adulte et la scène d’ouverture qui se veut une succession de vues de la campagne allemande n’a pas d’autre but que de nous mettre en lieu et place de Kaspar qui découvre pour la première fois l'univers extérieur . Bruno S acteur amateur qui fera un autre film avec Herzog prête de manière très efficace sa marginalité au récit proposé. A travers Kaspar Hauser, c'est un peu une histoire actualisée et revisitée d'Adam que nous narre Herzog. Le leitmotiv constant d'Herzog est que l'homme détruit tout ce qui lui a été donné en cadeau par la nature. Cette sublimation d'une osmose entre l'homme et son environnement a conduit certains à accuser Herzog d'une sympathie pour une partie des doctrines nazies. Pour Kaspar, comme souvent chez Herzog la suite est un long chemin vers l'abîme. Recueilli par différents nobles ou bourgeois, Kaspar un moment montré comme bête de foire ne pourra jamais réellement trouver sa place dans la société et il mourra assassiné de la main qui lui aura ouvert la porte de son cachot. Un film précieux et unique.
    anonyme
    Un visiteur
    2,5
    Publiée le 14 mars 2011
    Histoire sur un homme ayant passé ses 20-25 permières années en prison, sachant à peine marcher et parlant avec difficulté.
    Herzog ne cherche pas à expliquer le pourquoi de l'enferment de cette homme, mais plutot de se mettre de son point de vue, du premier regard qu'un etre humain porte sur la nature ainsi que sur son entourage. Les plans sur la nature en mouvement (blé au vent, riviere...) sont d'une grande beauté, mais hélas le film souffre d'un rythme très lent, et certaines scènes manquent de cohérences.
    Hotinhere
    Hotinhere

    547 abonnés 4 950 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 14 août 2022
    Récit introspectif intrigant mais peu captivant et manquant de rythme, de la vie mystérieuse de Kaspar Hauser, un enfant sauvage recueilli en 1828 à Nuremberg, interprété par un acteur bcp trop vieux et pas charismatique.
    Eowyn Cwper
    Eowyn Cwper

    120 abonnés 2 039 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 17 avril 2018
    septiemeartetdemi.com - Revenu d'horizons lointains (ayant tourné au Pérou) comme d'idées moins exotiques par l'endroit comme par la forme (Les Nains aussi ont commencé petit était tout à fait étrange), Herzog ne pouvait guère se permettre de perdre le rythme. Défi réussi avec Kaspar Hauser. Rarement un réalisateur aura mieux su mettre « à sa sauce » une histoire réelle.

    Malgré les atours que le scénario arbore et qui peuvent nous laisser supposer cette nature originelle, l'histoire est tellement idiomodelée – et cela sans tricherie ou liberté d'adaptation – que c'en est presque invisible. Elle est comme un ballon rempli complètement d'une œuvre du septième art géniale, sans qu'il paraisse prêt à exploser ou que le film semble en dépendre comme d'un support. « Rien ne vit plus en moi que la vie », dit Kaspar... « Rien ne vit plus en mon film que l'histoire », pourrait en dire l'auteur. Comment croire que des personnages si éclatants de personnalité puissent avoir été vrais, ou être nés du glauque ? D'où les acteurs tirent-ils cette ferveur et ce naturel qu'on sent dans leur jeu ?

    En tout cas, s'étant octroyée une belle marge de manœuvre, cette réussite générale n'a pas empêché le réalisateur de mettre sa griffe en supplément gratuit, ce cocasse un peu aigre et ces caméos adressés au connaisseur qui rendent certains passages normalement fades drôles et la fin normalement anonyme marquante.
    stebbins
    stebbins

    499 abonnés 1 747 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 19 juillet 2008
    Un très beau film, magnifiquement accompagné de la musique de Pachelbel et celle d'Albinoni. La principale révélation de cette oeuvre baroque restera Bruno S., jeune acteur amateur au passé difficile et au destin avoisinant celui de ce personnage touchant qu'est Kaspar Hauser. Plastiquement, le film est magnifique et la mise en scène de Werner Herzog est incroyablement constante dans sa maîtrise. Une très jolie fable sur l'apprentissage et le savoir, qui évite le piège du cours de philosophie démonstratif et pompeux. Ici, tout est très visuel ( comme toujours chez Herzog ) et poétique. L'intérêt de ce film réside moins dans le pourquoi que dans le comment : en effet, on ne sait pratiquement rien du passé de Kaspar Hauser et l'on n'en saura guère plus à la fin du film. Il s'agit de voir ( et c'est là toute l'originalité du film de Werner Herzog ! ) comment un bébé de 30 ans découvre le monde après toute une vie d'inaction. Il en résulte une oeuvre poignante, jamais condescendante et incroyablement sensible. Werner Herzog est décidément un artiste étonnamment moderne. Et pour cause : son film n'a pas prit une ride. Brillant.
    Moorhuhn
    Moorhuhn

    141 abonnés 579 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 8 octobre 2011
    J’aime beaucoup les deux Herzog que j’ai vu (Aguire et Fitzcarraldo) et l’énigme de Kaspar Hauser n’est pas fondamentalement différent de ces deux films même si le sujet traité est différent.
    C’est sur la forme qu’on reconnait immédiatement Herzog. Des plans avec son personnage dans la nature avec pour seul fond sonore les bruitages naturels, des passages plus troublants, Herzog aime semer le doute au détour d’un plan (Une pensée pour ce mystérieux personnage tout de noir vêtu). Il y a des scènes que j’aime beaucoup, comme l’introduction et la scène suivante sous ce magnifique canon de Pachelbel. Plusieurs scènes sont marquantes de par leur beauté, la musique est aussi utilisée de manière pertinente et rend le tout encore plus beau.
    L’histoire nous raconte l’incroyable destin de Kaspar Hauser, séquestré durant toute son enfance, ne connaissant aucune éducation et étant ainsi une sorte d’homme sauvage à son arrivée dans le monde civilisé. Il est amusant de constater que Hauser rejette ce milieu qu’il ne supporte pas, Herzog pointe avec malice l’hypocrisie de cette société pas foncièrement différente de l’actuelle mais il a ce côté critique envers la religion et sa fâcheuse tendance à posséder l’esprit de Hauser qui ne croît pas en Dieu, on ne lui a jamais appris son existence avant et il ne pense pas qu’il y ait un être supérieur qui régule tout.
    Le film est également assez touchant, il y a cette très belle scène où Hauser découvre un bébé et s’amuse à le bercer, c’est touchant de le voir découvrir enfin la vie à travers des petits instants plutôt banals. Il y a un zeste d’humanité et d’invitation à la tolérance, j’aime bien ce film, ça manque juste de rythme à mon sens mais globalement c’est vraiment beau, le personnage est attachant et il y a un fond intéressant. Vraiment bien.
    ygor parizel
    ygor parizel

    239 abonnés 2 503 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 14 janvier 2013
    Une histoire incroyable (qui est revenu dans l'actualité d'ailleurs) sur un homme incroyable. Conte philosophique moderne, le film est très réussi mais moins subjuguant que certains autres films d'Herzog, réalisation impeccable .
    Ykarpathakis157
    Ykarpathakis157

    4 517 abonnés 18 103 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 22 septembre 2021
    Je lui une étoile et je me force a le faire c'est peut-être un chef-d'œuvre comme le pensent beaucoup de personnes mais pour moi c'est juste un film incroyablement lent et surtout ennuyeux. Peut-être que je ne suis tout simplement pas assez intelligent pour interpréter le comportement de Kaspar car je préféré que l'on me raconte tout directement à la manière d'Hollywood. La plus grande énigme pour moi est que je ne voyais tout simplement pas la raison pour laquelle un film comme celui-ci devait être réalisé. Et puis il y a une chose que j'ai trouvé très dérangeante et même mauvaise. Pourquoi cette personne qui est Kaspar et qui a environ vingt ans a-t-elle clairement l'air d'en avoir quarante. Werner Herzog n'aurait-il pas pu trouver un acteur dans une fourchette d'âge plus appropriée. Je suis resté assis pendant la première heure de cette histoire attendant que cela devienne un grand récit mais hélas j'ai fini par l'éteindre. Le jeu des acteurs était trop laborieux mais peut-être qu'un véritable acteur aurait été un meilleur choix qu'un artiste de rue qui a peut-être été choisi par pitié par Herzog...
    QuelquesFilms.fr
    QuelquesFilms.fr

    267 abonnés 1 637 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 10 octobre 2013
    Le réalisateur illustre une histoire vraie, à laquelle il laisse tout son mystère. Qui était ce jeune homme sauvage, dont on voulut cacher l'existence ? Quel danger représentait-il pour que l'on intentât à sa vie, une fois celle-ci révélée au monde ? On a beaucoup glosé à son sujet, allant jusqu'à imaginer de très hautes origines. Mais ce n'est pas la résolution du mystère qui intéresse Herzog. À travers ce biopic historique, le réalisateur brode sur un thème qui lui est cher : l'homme seul face à la société, le marginal. Développant ici une opposition nature/culture, il fait de Kaspar Hauser le révélateur des tares d'une société conformiste, engoncée dans ses certitudes. Via une série de rencontres, l'innocent personnage central met en évidence le diktat du dogme religieux, les artifices étouffants des mondanités, la prétention des hommes de science. Mais aussi l'injustice sociale et... divine, comme le suggère le titre original. La mise en scène de Werner Herzog est un peu austère, mais le propos n'est pas sans force. En contrepoint, la BO apporte une touche de lyrisme. À noter, enfin, la composition étonnante de Bruno S. dont l'histoire personnelle se rapproche de celle de son personnage, lui qui fut abandonné par ses parents en bas âge et qui passa une bonne partie de sa vie dans une structure d'éducation spécialisée.
    ClockworkLemon
    ClockworkLemon

    24 abonnés 222 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 23 mai 2011
    Herzog est un cinéaste fascinant. Ses films des années 70 et plus ont une grande place dans le cinéma contemporain. "L'énigme de Kaspar Hauser" est un film étonnant, à la fois drôle et totalement cruel.
    L'histoire d'un homme qui a été enfermé dans une cave et écarté de toute humanité jusqu'à ce que son "bourreau" le livre au monde réel, un monde qu'il regrettera, un monde qui le conduira à sa perte, contrairement à sa petite cellule initiale...
    Sujet fort, sous la forme d'une expérience initiatique façon "La Dispute" de Marivaux et une œuvre d'apprentissage façon "Candide", "L'énigme de Kaspar Hauser" est une véritable énigme en soi, par son thème visionnaire, ses personnages, ou plutôt son personnage hors du commun, parfois assez pessimiste vis à vis du monde, de la nature de l'homme, parfois très humain, lumineux et à certains moment mystique. Par son aspect poétique, ses intermèdes façon ancienne pellicule et ses longs plans contemplatifs de la nature, et étant grand admirateur de Monsieur Malick, cette touche cinématographique est toujours un réel plaisir.
    En poussant loin sa réflexion sur l'éventualité d'un homme sans éducation, sans contact extérieur, Herzog réussit un film unique, touchant et philosophique, porté par un acteur formidable, Bruno S., dont le personnage devient attachant et totalement authentique.
    ZOGAROK
    ZOGAROK

    14 abonnés 179 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 7 mai 2011
    3sur5 C'est, comme souvent, une énigme authentique et historique que Werner Herzog traite dans son film, l'un de ses premiers longs-métrages. Kaspar Hauser fut tiré vers l'âge de seize ans de l'obscurité absolue d'une cave ou le jeune homme appréhenda ses premières sensations. Le personnage incarnait ainsi le stade primaire de toute humanité ; on peut affirmer qu'en quelque sorte, il était une sorte d'anachronisme de l'évolution. Pour son film, Herzog se détourne de la réalité du fait divers et se désintéresse de la genèse de cette condition (on saura cependant, quoiqu'assez vaguement, pourquoi l'homme a grandi enfermé, mais pas par qui) qui pourtant alimenta une foule de fantasmes. Il livre une oeuvre émouvante et emprunte de poésie bucolique, malgré les quelques longueurs de la première partie (lorsque Kaspar, l'être ''minimal'', entame malgré lui sa renaissance) et un relatif manque d'imagination dans son approche.
    D'emblée, Herzog évite un écueil élémentaire : il ne fait pas l'éloge du repli sauvage, n'associe pas Kaspar à la pureté ou la vertue [d'ailleurs, à une nuance près, ce n'est pas un individu issu de l'état de nature, mais de celui de la claustration - dans les deux cas, il y a bien absence de lien aux structures et aux schémas de pensées de l'Homme]. Le cinéaste-documentariste préfère envisager Kaspar Hauser comme un sujet d'étude et d'expérimentations. Comment appréhendes-t-on le monde quand on a connu que le Néant ? Herzog y voit une façon de proposer de redécouvrir ce monde d'un oeil neuf, et saisit ainsi l'occasion de mesurer le cynisme et la méchanceté inhérente aux frustrations de l'homme contemporain, mais aussi à sa gêne devant le spectacle que constitue Kaspar. C'est que, jusque pour le public face à l'écran, une telle vision partage entre une curiosité sans doute teintée de voyeurisme attendri et une profonde répulsion, car c'est la démonstration de ce que serait tout être sans la moindre ouverture à la civilisation.
    Cependant Herzog dresse le portrait de ''son'' Kaspar Hauser avec sobriété et humilité, n'accordant que peu de place à la mise en scène du dégoût ou du rejet. S'il passe un peu outre l'avènement d'une vie affective pour Kaspar, il le montre s'épanouissant dans sa quête du Beau et de la connaissance. Néanmoins, Kaspar est malheureux parmi les Hommes (il s'adapte à leur rigidité mais ne reste que pour quelques nouveaux repères qui l'enchante - comme le piano) et meurtri d'y être promu en singe savant. Soumis aux spéculations hasardeuses et fantasques, aux ambitieux sans scrupules scrupules et aux esprits normatifs étriqués, Kaspar découvre la cruauté et l'avidité du monde et de ses animaux sociaux. Par son absence de préjugés, il est sceptique devant les certitudes de ces derniers (à l'instar d'Aguirre, il s'agit pour Herzog de placer la déraison au coeur même des fondements et des motivations de l'Homme). Le réalisateur en profite pour le faire se heurter à la religion, comme si elle montrait les limites des aptitudes de l'Homme. Si Herzog apparait agnostique, il ne manquera pas non plus de faire de son héros un martyr de l'intolérance, ce qui participera peut-être au couronnement du film par le Jury Oecuménique cannois.

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