Un Patrice Leconte de plus, et franchement, encore un film qui m’a paru partir d’une très bonne idée mais qui au final déçoit.
Les acteurs déjà ne sont pas franchement mémorables contrairement à ce que certains critiques semblent dire. Daniel Auteuil tient la route certes, mais nous sert une composition finalement basique d’homme un peu au bout du rouleau qui revit grâce à Vanessa Paradis. Une composition loin d’être d’une grande subtilité. Face à lui Vanessa Paradis s’avère assez faible, peu crédible, prenant le film sur des tons de comédie assez marqués (la rencontre sur le pont), ce qui entre en décalage avec la tonalité plus dramatique du film, plus mélancolique aussi. Les dialogues assez approximatifs et des situations parfois convenues n’aident pas les acteurs à se démarquer véritablement il faut dire.
Le scénario part d’une bonne idée, et tout n’est pas à jeter. Leconte n’est jamais aussi bon que lorsqu’il cherche à capter la mélancolie, ce qu’il arrive assez bien à faire ici, mais on reste très loin de l’efficacité de Tandem. Au bout du compte l’histoire est d’une simplicité confondante qui se résume à : Auteuil sauve la suicidaire, amour non-dit, rupture, Paradis sauve le suicidaire… Bref, une intrigue ultra basique alors qu’on espérait tellement plus ! Encore une fois Leconte nous appâte avec un bon point de départ, et encore une fois le traitement faible ne soulève guère d’intérêt sur 1 heure 30, la fin n’étant qu’un retour au point de départ. On suit les tribulations des deux personnages sans un vrai déplaisir, car le film est rapide, c’est assez fluide, mais je suis resté pour ma part assez apathique devant un film où l’on cherche l’enjeu, la force du propos. Quelques belles scènes, mais cela ne suffit pas à faire un vrai bon film.
Sur la forme on retiendra un effort intéressant, avec l’usage un peu curieux du noir et blanc mais qui donne une dimension relativement intemporelle à ce film. Je ne crois pas que cela s’harmonise spécialement bien avec l’ambiance de cirque liée au lanceur de couteau campé par Auteuil, mais enfin on se place dans une sorte de conte un peu éthéré, avec une jolie bande son d’ailleurs. Ce sont les points forts de ce film pas vilain esthétiquement, assez poétique, ce qui est appréciable de la part d’un réalisateur qui a souvent un peu trop délaissé cet aspect dans son œuvre. La mise en scène est aussi agréable, avec des effets de style un peu nombreux et parfois prétextes, mais ça ne manque pas d’élégance.
Reste que je ne comprends pas Patrice Leconte. On dirait qu’il se lance dans son film sans savoir vraiment où aller, prenant ses deux personnages et allant de scènes en scènes sans trop savoir pourquoi au bout du compte. Encore une fois un film prometteur sur le papier grâce à ses acteurs et à son style, mais dont le résultat laisse sur sa fin. 2.