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    Mafu cage
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    soniadidierkmurgia
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    4,0
    Publiée le 24 octobre 2024
    « The Mafu Cage » réalisé par Karen Arthur est sorti sur les écrans en décembre 1978 après avoir été présenté en avant-première à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes au printemps de la même année. Plutôt reconnu par la critique à l’époque, le film a été largement distribué en Europe où il a recueilli un succès d’estime de la part des cinéphiles avertis notamment ceux appréciant les films d’horreur. En Amérique en revanche, il n’a pas trouvé son public malgré les efforts de Jerry Groos, le distributeur qui après en avoir acheté l’exploitation avait changé plusieurs fois le titre pour le rendre plus attractif auprès des fans d’un genre qui n’allait pas tarder à connaître son heure de gloire après l’avènement tout récent d’« Halloween » (John Carpenter en octobre 1978) suivi par « Vendredi 13 » (Sean S. Cunnigham en 1980).
    Le temps a heureusement fait son office, le film enfin reconnu pour ses qualités notamment esthétiques était pratiquement introuvable jusqu’à ces vingt dernières années qui ont vu tout d’abord une sortie VHS sous le titre improbable « Ma sœur, mon amour », suivi d’une sortie DVD en 2010 avec un titre se rapprochant de l’original (« The Cage ») et enfin en 2019 une sortie Blu-Ray (aux Etats-Unis) digne de ce nom. Réalisé par une femme « The Mafu Cage » a peut-être aujourd’hui de beaux jours devant lui. Il faut rappeler que Karen Arthur ayant débuté comme actrice (notamment dans « Virages » de Jack Goldstone avec Paul Newman sorti en 1969) avait pointé le bout de son nez dans la carrière de réalisatrice en se faisant remarquer avec « Legacy », un film fauché narrant le plongeon dans la folie d’une riche héritière.
    En voyage à Paris Karen Arthur assiste à la représentation de « Toi et les nuages » une pièce de théâtre d’Eric Westphal avec Anna Karina dans le rôle principal, tenu plus tard dans le film par Carol Kane. Envoûtée par la pièce et ayant dans l’idée de réaliser après « Legacy » un film d’horreur, elle rencontre Eric Westphal qui lui cède les droits. Don Chastain venant du monde de la danse adapte la pièce pour parer l’intrigue d’une esthétique plus baroque qui selon Karen Arthur sera mieux adaptée à l’univers cinématographique. John Bailey qui avait été chef opérateur sur « Legacy » a été crédité sur « The Mafu Cage » mais selon ses dires il se pourrait que Willy Kurant l’opérateur belge ait collaboré fortement au film.
    Ellen (Lee Grant) et Cissy (Carol Kane), deux sœurs vivent sur les hauteurs de Los Angeles (quartier Feliz) dans une vieille demeure ayant appartenu à leur père, célèbre anthropologue ayant dirigé des travaux sur l’étude des grands singes en Afrique. Désormais disparu, la maison est restée à l’image du défunt avec notamment une pièce de vie transformée en cage où étaient enfermés les singes dont il étudiait le comportement. Sa photo épinglée en bonne place et ses bibelots africains répandus dans toute la maison indique d’emblée son omniprésence. Astronome de renom, Ellen occupe une fonction prestigieuse à l’observatoire Griffith de Los Angeles spoiler: alors qu’Ellen visiblement atteinte de graves troubles psychiques reste inactive dans la maison où elle s’illusionne sur la suite tout à la fois artistique et macabre qu’elle entend donner aux travaux de son défunt père. Les singes qui défilent dans la cage avant que Cissy ne finisse par les tuer, attestent du dérèglement mental de la jeune femme. Ellen tenue pas sa promesse de veiller sur sa sœur, ne peut vivre sereinement une liaison sentimentale pérenne et se laisse peu à peu contaminer par la folie dévorante qui infeste la maison
    .
    C’est au cœur de cette relation malsaine et étouffante que la réalisatrice nous entraîne à travers un voyage hypnotique où se mélangent allégrement jalousie, fétichisme, rites sacrificiels, tentation castratrice, inceste, zoophilie, refus du monde extérieur et création artistique névrotique. Carol Kane au physique de femme-enfant et qui accédera à la notoriété un an plus tard dans le rôle d’une baby-sitter terrorisée par un serial killer dans le très réussi « Terreur sur la ligne » de Fred Walton est ici tout à la fois émouvante, intrigante, dérangeante et angoissante dans ce rôle difficile qu’elle a pris complètement en charge. Lee Grant actrice expérimentée inscrite sur la liste noire durant les années 1950 puis de retour en grâce en 1959 avant d’obtenir en 1976 l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour « Shampoo » d’Hal Ashby est le parfait contre-point de Carol Kane, offrant à Ellen une fragilité émotionnelle qui la dédie au rôle de victime volontaire à force d’aveuglement et de passivité.
    Karen Arthur en portant son choix sur la pièce d’Eric Westphal a trouvé la matière idéale pour la réussite d’un exercice de style qui tout en misant sur le chaos intérieur de ses deux personnages n’en trouve pas moins sa cohérence aussi bien narrative qu’esthétique avec un final à la beauté picturale aussi fascinante que morbide qui ne nous emmène sur les rives des jungles naïves du Douanier Rousseau.
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