Après avoir produit « Le mystère Jérôme Bosch » (2016) et « A l’ombre de Goya » (2022) de José Luis López-Linares, Stéphane Sorlat a réalisé et produit un 3e volet, consacré à Diego Velázquez (1599-1660), peintre du roi Philippe IV (1605-1665), piètre homme politique mais grand mécène, mais faisant figurer aussi dans ses peintures [125 œuvres environ dont une cinquantaine au musée du Prado à Madrid et un seul nu, « Vénus à son miroir » (1651)] les gens du peuple et les infirmes, et considéré comme le plus grand peintre espagnol. Quelle déception ! Le documentaire parait long (1h30) car ennuyeux et bavard : il se veut littéraire avec son commentaire (principalement dit par l’acteur Vincent Lindon), illustré d’images de torrents ou de mer (« l’eau métaphore du mouvement et de la réflexion » indique la notice de présentation), et artistique (un musicien joue de la musique sur des verres de cristal !) mais il manque totalement de pédagogie. En quoi le peintre baroque est-il une énigme ? Dans l’affirmative, le film n’apporte aucune résolution à cela [la vie du Sévillan Velázquez (venue à Madrid à 24 ans et 2 séjours en Italie (à 30 ans et 50 ans) est beaucoup plus rangée que celle de l’Italien Caravage (1571-1610)], et se contente d’accumuler les interviews de différents intervenants [
dont la participation du philosophe Michel Foucault (1926-1984) dans l’émission radiophonique « Radioscopie » de Jacques Chancel], pas toujours pertinents [extrait de « Pierrot le fou » (1965) de Jean-Luc Godard où Jean-Paul Belmondo déclame dans sa baignoire, extrait de l’opéra « Rigoletto » (1851) de Giuseppe Verdi, et même le grand scénariste Jean-Claude Carrière (1931-2021)
]. Les légendes des tableaux filmés, ainsi que leurs localisations, ne sont mentionnées que dans le générique de fin. Certes, il est montré la large influence (et modernité selon le réalisateur) qu’a eue le peintre espagnol baroque sur les peintres ultérieurs
tels que Francisco de Goya (1746-1828), Gustave Courbet (1819-1877), Edouard Manet (1832-1883) qui le qualifie de « peintre des peintres », Claude Monet (1840-1926), Pablo Picasso (1881-1973) qui déconstruit (en 1957) le fameux tableau « Les Ménines » (1656), Salvador Dali (1904-1989), interviewé par Philippe Bouvard et Francis Bacon (1909-1992) qui revisita 45 fois son « Portrait du pape Innocent X » (1650)
. On regrette l’excellente émission télévisée « Palettes » d’Alain Jaubert, diffusée sur La Sept puis Arte, entre 1988 et 2003, qui analysait avec finesse et pédagogie, en 26 mn, une œuvre.