Dans la Pologne du début des années 1990, un braquage de banque tourne mal : 4 morts, pour un maigre butin. Pour des raisons politico-financières, l'enquête est confiée à un fin limier de l'ex-police secrète de la Pologne communiste, assisté d'une jeune policière formée aux méthodes moderne et au respect du droit.
Tel un épisode de Columbo, les coupables sont rapidement connus du spectateur, car l'enjeu du film n'est pas tant "qui a fait le coup", mais "comment débusquer les malfrats, preuves à l'appui". Et le réalisateur de tricoter parallèlement évolution des investigations et (en analepses) déroulement du braquage.
Sur le papier, le scénario est simple ; à l'écran, il prend une envergure étonnante grâce à de nombreux atouts : mise en scène soignée et maîtrisée, découpage et montage ingénieux, acteurs performants, prise de vue réussie, dans des décors tristounets à souhait, gris et lugubres, montrant la déroute d'un pays déconfit par quarante ans de soviétisme, etc.
Le rythme du film est à l'opposé des pétarades hollywoodiennes dont nous abreuvent les polars américains (fans de Bruce Willis passer votre chemin). L'ambiance de la Pologne postcommuniste est parfaitement rendue ; comme l'affrontement des méthodes du vieil enquêteur et de la morale de la jeune policière, subtilement souligné, sans manichéisme. D'ailleurs, nul n'est tout blanc ou tout noir : chacun a sa part d'ombre et sa part de lumière, même minime, y compris les tueurs.
Ce film s'inscrit dans la catharsis de la Pologne pour conjurer ses années noires. Cela nous vaut d'excellentes oeuvres telles les films "Varsovie 83" et "Opération Hyacinthe" (Netflix), et la série "The mire" (Netflix), notamment - voir mes critiques sur Allociné -.