Il est toujours difficile d'écrire une critique d'un film/documentaire quand la réalisatrice est de la famille, trouver l'équilibre exact entre objectivité et subjectivité n'est pas simple, et je me suis également lancé dans mon visionnage avec une certaine appréhension quant au sujet, pensant être mal à l'aise en découvrant cette histoire (car non, je n'étais absolument pas au courant, comme quoi, ça prouve l'importance de garder ce sujet sur le devant de la scène, on en parle trop peu) ; mais au final, je suis sorti de ma séance avec cette dite appréhension totalement disparue.
L'histoire que raconte ce film/Emmanuel peut presque paraître "banale" si on fait l'erreur de la comparer à d'autres, pires, ce qui est quelque chose que bon nombre d'entre nous ont tendance à faire, mais l'impact qu'une telle chose peut avoir sur la vie entière de quelqu'un ne peut et ne doit pas être jugée sur la gravité des événements qui sont à l'origine de cette déposition et du reste de ce témoignage.
J'ai trouvé que ce thème, toujours difficile à aborder, est approché de façon très subtile, presque sereine dans sa réalisation, dont le fil conducteur reste la déposition d'Emmanuel. Cet entretien se retrouve ainsi brillamment entrecoupé d'images (photos et vidéos) de famille - dans des lieux me paraissant à la fois tellement lointains et effroyablement proches -, de plans fixes sur des symboles religieux - appuyant de leur lourd silence la gravité du sujet -, d'interviews actuelles d'Emmanuel et de sa sœur, de son père, de la réaction de l'Église en soi - désintéressée et glaçante au possible -, le tout soutenu par une excellente bande-son accompagnant de façon appuyée les diverses scènes. Ce même son est d'ailleurs lui aussi utilisé de façon excellente lors de moments de focus sur des éléments ordinaires de l'environnement, particulièrement pendant la dite déposition.
Mais ce que je retiens avant tout de ce film, c'est la relation père/fils, qui m'a touché plus que je ne l'attendais. Pour avoir grandi dans cette même France rurale, avec des parents travaillant aussi tous les deux, ayant tout autant peiné à affirmer ma propre homosexualité à une époque qui la ridiculisait sans honte, ceci même si je n'ai heureusement pas eu à traverser ce genre d'épreuve et que toutes les relations parents/enfants sont différentes, la différence entre la société actuelle et celle dans laquelle nous avons grandis est tellement énorme qu'il est à la fois très difficile pour la jeunesse d'aujourd'hui de ne pas minimiser un tel témoignage, mais aussi tellement simple pour la précédente de s'identifier à cette relation père/fils trop longtemps restée froide et distante, mais qui se répare petit à petit.
Conclure ce film sur cette complicité fragile retrouvée était la touche d'espoir idéale.
Je ne peux que grandement recommander de regarder La Déposition, si ce n'est que pour se souvenir que nous vivons à bien des attraits dans une époque plus "facile", mais également pour se remémorer que ce genre d'histoire touche malheureusement un nombre effroyable d'enfants encore aujourd'hui.