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    À l'ombre de l'abbaye de Clairvaux
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    🎬 RENGER 📼
    🎬 RENGER 📼

    7 209 abonnés 7 512 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 13 novembre 2024
    Le réalisateur nous invite à une réflexion profonde et sensible sur la notion de liberté, à travers les portraits croisés de deux mondes en apparence diamétralement opposés, alors qu’ils ont bien plus de point en commun qu’on ne le pense. D’un côté, des détenus reclus par la contrainte et de l’autre, des moines qui le vivent par choix.

    À l'ombre de l'abbaye de Clairvaux (2024) est une vibrante immersion au coeur d’une ancienne abbaye cistercienne du XIIe siècle, reconstruite au XVIIIe, puis transformée en prison au XIXe siècle lorsque les moines furent chassés pendant la Révolution.

    Le film est un voyage déroutant, où l’on alterne entre deux univers bien distincts, allant à la rencontre d’une poignée de détenus de la Maison Centrale de Clairvaux (située dans l’enceinte de l’ancienne abbaye cistercienne) où ils purgent tous des “longues peines” et allant à la rencontre de quelques moines de l’abbaye Notre-Dame de Cîteaux (située à 1h30 de route de la prison). D’un côté, l’enfermement forcé et contraint par des règles strictes et de l’autre, l’enfermement religieux, spirituel et volontaire.

    Comment vit-on l’enfermement, la vie en collectivité ou l’absence de liberté, que l’on soit devant ou derrière les barreaux ? C’est à travers ces questions que tente de répondre le réalisateur en allant à la rencontre des prisonniers et des moines. Au sein de la prison, les témoignages sont très intéressants, l’un âgé de 70 ans (dont 30 passés en prison) s’est littéralement redécouvert au point de devenir bouddhiste et le second, 30 ans (dont 12 en incarcération), se raccroche à sa libération prochaine pour enfin, entrevoir le bout du tunnel.

    Enfin, pour la petite anecdote (bien que ce ne soit pas là, le sujet principal du film), des documentaires qui montrent le quotidien d’une prison en fin d'exploitation, il y en a eu plusieurs ces dernières années, on pourra citer Des Hommes (2020) de Jean-Robert Viallet et Alice Odiot ou plus récemment La Peine (2023) de Cédric Gerbehaye. L’abbaye-prison de Clairvaux, quant à elle, a définitivement fermé ses portes en mai 2023 et va prochainement entrer dans une phase de réhabilitation totale, afin de préserver à la fois sa mémoire religieuse et carcérale.

    ● http://bit.ly/CinephileNostalGeek ● http://twitter.com/B_Renger ●
    Yves G.
    Yves G.

    1 460 abonnés 3 488 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 6 novembre 2024
    À Clairvaux, dans l’Aube, Bernard fonda au début du XIIème siècle une abbaye cistercienne qui eut une grande renommée. Ses moines en furent chassés à la Révolution française et l’abbaye fut transformée en prison. Jusqu’à sa fermeture en 2023, la maison centrale de Clairvaux accueillit des détenus condamnés à de longues peines.
    À une centaine de kilomètres de Clairvaux, Citeaux, en Côte d’or, l’abbaye fondatrice de l’ordre cistercien, est toujours en activité et accueille des moines qui acceptent de leur plein gré la règle de Saint Benoît.

    Eric Lebel tenait un sujet diablement stimulant : son documentaire esquissait un parallèle entre la réclusion pénitentiaire et la clôture monacale. Il nous promettait une réflexion sur la privation de liberté. Pourquoi la société choisit-elle de punir ceux qui violent ses lois en les privant de liberté ? Pourquoi d’autres hommes, au nom d’une quête spirituelle, acceptent-ils de se priver de la liberté d’aller et venir ?

    Hélas, la réflexion ne va pas très loin. Si parallèle il y a là, c’est dans le montage alterné des images, qui passent successivement de Clairvaux à Citeaux et retour, filmant ces deux enceintes en d’interminables plans aériens [Il faudrait déclarer un moratoire sur l’usage des drones au cinéma pour que les réalisateurs qui en usent et en abusent n’en fassent plus un usage aussi complaisant].

    Perdant de vue son pitch séduisant, le documentaire d’Eric Lebel se réduit vite à un seul sujet, très banal : la prison. Il se focalise sur deux détenus dont on ne saura rien des crimes qui leur ont valu d’être incarcérés : un sexagénaire, ancien militaire, sec comme une trique, converti au bouddhisme, et un jeune fils d’agriculteur, qui soigne son alcoolisme en confectionnant des maquettes de tracteurs avec des allumettes.

    Ces deux figures sont attachantes. Mais elles ne justifient pas à elles seules les une heure et trente minutes que dure ce documentaire. Sur le même sujet, on préfèrera "À l’ombre de la République" qui suivait en 2012 le contrôleur général des lieux de privation de liberté dans ses inspections. L’actuelle CGLPL participait au débat qui suivait la projection à laquelle nous avons assisté à l’Espace Saint-Michel et y tenait des propos d’une étonnante platitude, à la différence de l’ancien directeur de l’administration pénitentiaire autrement plus balancé.
    Anne Utopia Pont-Sainte-Marie
    Anne Utopia Pont-Sainte-Marie

    1 critique Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 2 octobre 2024
    Sorti en avant première dans le cinéma de Pont-Sainte-Marie (10150). Plongée passionnante dans les secrets dessous d’une grande, d’une immense dame, monumentale (30 000 m2 de superficie de bâtisses sur près de 30 hectares). Si elle est faite de pierre, elle n’en est pas moins vibrante, organique et diffuse une telle présence charnelle qu’il est impossible de rester de marbre. C’est qu’elle en a vu passer du monde, notre héroïne, toujours indifférente à la laideur des humains ou à leurs artifices ! Ne cédant pas plus à leurs éclats de rire qu’à leurs prières ou leurs gémissements. D’abord Abbaye Cistercienne rayonnante (elle fut construite pour cela), ensuite geôle de la République, la voilà désormais en partance pour une nouvelle naissance, une nouvelle destination, droite dans ses fondations depuis 1115. Bientôt un millénaire ! Plus qu’un trésor architectural, elle est un personnage clé, à la présence hypnotique, qui nous parle de nous-mêmes sans dire un mot. Elle exprime les temps de gloire des hommes, leurs déchéances aussi. Elles s’incarnent dans les fissures de ses murs, comme autant de rides ; dans les graffitis de ses crépis, comme autant de cicatrices. Loin d’en être défigurée, elle en est encore plus touchante, plus attachante, cette abbaye-fille de Cîteaux. On devine en la surplombant (sublime vue du ciel par laquelle débute le documentaire) sa gloire passée, ses allées grouillant de monde, de moines affairés – l’un des principes fondateurs de l’ordre cistercien, jamais démenti, est de fuir, grâce au travail manuel, l’oisiveté. Celle-là même que, des siècles plus tard, une poignée de détenus tentent de combattre pour fuir l’ennui de leur captivité en attendant d’être transférés vers d’autres établissements pénitentiaires puisque Clairvaux, en tant que maison centrale, va fermer. Et voilà deux de ces « longues peines » sous l’œil de la caméra attentive, attentionnée. Ils s’appellent Pierre-Jean et Michel… Chacun trop humain et désarmant à sa manière, quels que furent leurs passés. L’un occupe ses mains en créant inlassablement des maquettes qui évoquent la vie du dehors, l’autre méditant pour élever son être, un peu à la manière des abbés qui consacrèrent tant de temps à bâtir Clairvaux, ses cellules, sans imaginer peut-être que ces lieux d’isolement choisi deviendraient un jour des lieux d’incarcération imposée.

    Le documentaire nous entraîne ainsi intelligemment vers une réflexion délicate et profonde sur l’enfermement, les enfermements devrait-on dire, car tous n’ont pas la même densité selon qu’ils sont contraints ou consentis. C’est un peu comme ces parentèles, ces cousinages qu’on se choisit dans la vie au-delà de nos familles génétiques, que l’on subit parfois, tout comme leurs préjugés qui nous emprisonnent moralement. La parole des détenus va être mise en résonance avec celle de deux reclus, Frère Pierre-André et Frère Benoît, qui ont fait vœu de clôture et choisi de s’extraire de la société, tous deux membres de l’Abbaye-mère Notre-Dame de Cîteaux, Fondatrice de l’Ordre Cistercien…
    On entendra aussi l’administration pénitentiaire, les gardiens, leur attachement à ces lieux de misère… Sans pathos, mais sans concession, c’est une traversée de la condition humaine dans tous ses états qui nous est donnée à voir : de sa lumière à ses zones d’ombres, à travers le temps. Car Clairvaux, c’est aussi un haut lieu de l’histoire de France, de notre culture, où furent incarcérés autant des résistants que des collaborateurs, des personnages de roman…
    Désormais, la moindre pierre de l’édifice vous semblera chargée de murmures, de prières, de gémissements, d’une âme véritable.
    Philippe E
    Philippe E

    5 abonnés 7 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 25 septembre 2024
    Une invitation à changer de regard sur les détenus, le personnel pénitentiaire, et sur un univers le plus souvent méconnu et fantasmé : la prison. Une expérience de cinéma dont je suis sorti remué et libéré de certains préjugés, en tout cas plus que jamais déterminé à rechercher, à préserver et à chérir l’un de nos plus précieux trésors : la liberté.
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