Premier film de l'histoire du cinéma faisant apparaître des morts-vivants, white zombie met en scène une sorte de sorcier capable de réanimer les morts et les soumettre à son pouvoir.
Interprété avec grandeur et justesse par le somptueux Béla Lugosi, qui signe ici l'une de ses meilleures performances, ce film est une oeuvre d'art du point de vue de la réalisation comme de l'interpretation.
Dès le début, tout est très sombre et accompagné d'une musique en total décalage avec la noirceur présentée, il s'agit en fait de chants créoles lors d'un enterrement, d'ailleurs, cet enterrement est le premier symbole de la mort laissé par le réalisateur, symbole présent durant la totalité du film, jusqu'à la dernière seconde.
L'idée de noirceur est reprise lors de l'arrivée du couple dans la demeure de Beaumont, la seule lumière que l'on aperçoit est en réalité celle de la maison, n'éclairant que les personnages et laissant de fait la totalité du reste du cadre dans le noir complet.
Ensuite, la mort est reprise très rapidement avec la très beau plan des zombies qui descendent la colline, plan vu de profil, ne laissant apparaître uniquement les silhouette, très réussi.
L'horreur, avant d'être totalement dévoilée par l'assassinat de la mariée, n'est que supposée, à l'exemple du zombie qui tombe dans la fosse et des autres qui continuent à faire tourner les pales de l'hélice.
La qualité du film est aussi grandement marquée par les premières apparitions de Lugosi, qui sont très soignées :
- première apparition lorsque le couple est dans la calèche, il s'approche, on est alors totalement subjugués par son regard, toujours ce regard, dans tous ses films. Le jeu de lumière accentue sur ces yeux, et créé un premier sentiment de crainte.
-deuxième : il prend le contrôle mental de zombies, on a alors un gros plan sur ses mains, une fois de plus très soigné, puis, encore et toujours, gros plan sur le regard, ici très accentué par les sourcils très développés.
Puis plus tard, lorsque Beaumont va à sa rencontre, on ne le distingue pas, on entend uniquement sa voix, très dominatrice également. Lors de leur entretien d'ailleurs, Lugosi domine par la voix mais aussi par la taille, il est debout tandis que son interlocuteur est assis; on a presque un plan en contre plongée pour accentuer cette domination.
Certains plans sont d'une richesse épatante, comme la descente des escaliers vue au travers des sculptures, ou encore le plan flouté du visage de Lugosi lorsque Beaumont perd la raison. Ou alors les plans des mains lorsqu'ils les croisent pour prendre le contrôle de ses zombies, ou encore quand le visage du mari passe du flou au net, du point de vue de la mariée, et à l'inverse, quand le visage de la mariée passe du sombre au clair, du point de vue du mari.
Mais nous avons aussi une présentation de nouvelles formes de transitions d'images, qui permettent au final d'apercevoir deux personnages cote à cote sur un plan différent, ce qui est pour l'époque, très novateur. Aussi, un sublime plan séquence lorsque le mari et le professeur discutent des possibilités plausibles de l'enlèvement du cadavre de la mariée.
White Zombie s'avère donc être un film d'une rare qualité, interpreté à l'excellence par un Béla Lugosi alors à l'apogée de sa carrière, mis en scène par un maitre du 7e art qui nous offre des plans d'une finesse et d'une richesse hors pairs qui permettent ,encore aujourd'hui, à ce film d'exister et de demeurer parmi la catégorie chef d'oeuvre du fantastique. Aussi servi avec une musique très juste, alliant tension, suspense et même émotion, une musique restée célèbre et inscrite dans les mémoires de ceux qui l'ont vu. Excellent film.