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chrischambers86
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4,5
Publiée le 23 août 2020
Un film magnifique! La jeune Tina Apicella est prèsentèe par sa mère à un directeur de Cinecittà dans l'espoir de la voir devenir une sorte de Shirley Temple à l'italienne! Tout en dècrivant les souffrances de l'enfance, victime de l'obsession de sa mère, Luchino Visconti en tire une admirable peinture sociale! La force de "Bellissima", c'est le caractère possessif de la mamma, qui tente d'imposer sa fillette de 5 ans dans les mythiques studios romains! Anna Magnani trouve sans doute son plus grand rôle! Elle y incarne à merveille cette mère romaine de notre enfance qui nous amuse et nous èmeut en même temps! Comme on dit à Rome, pour recevoir il faut donner! Et la Magnani nous le rend au centuple! Des rires (la coupe à la garçonne) et des larmes (les bouts d'essai de la potentielle plus belle fille de Rome dans la cabine de projection) pour un classique inoubliable du cinèma italien des annèes 50! Un Visconti à part...
N’ayant pas du tout été convaincu par Ossessione, encore moins par La terre tremble, et n’adhérant pas trop à l’esthétique glacée de Visconti à partir du Guépard, je considère Bellissima comme son meilleur film avec Rocco et ses frères. Anna Magnani y est pour beaucoup évidemment, représentant un personnage de femme aux entrailles déchirées par son amour pour son enfant mais la mise en scène de Visconti, pour une fois sobre et sans effet emphatique superflu est ici sans reproches. L’histoire est linéaire, bien construite et le propos est admirable qui décline une critique acerbe du cinéma façon Cinecittà, qui broie les âmes au profit d’une industrie standardisée… La critique sociale est tout aussi forte avec cette représentation des petites gens qui ont un rêve chevillé au corps et sont prêts à tous les sacrifices pour l’approcher. La fin, où Anna Magnani donne toute la mesure de son génie tragique en restituant à son personnage une humanité et une luminosité inattendues, est simplement sublime.
Une comédie dramatique sur le "miroir aux alouettes" que peut être l'univers du cinéma. Ca hurle, ça jure et ça rouspète mais cela fait le charme de ces vieux films italiens. Anna Magnani charismatique, mais c'est dommage que le scénario ne soit pas plus passionnant.
Si quelqu'un veut voir ce film assez méconnu dans la carrière de Luchino Visconti pour sa critique du monde du cinéma, il sera franchement déçu. Si le réalisateur égratigne un petit peu ce milieu c'est en franche camaderie. En fait c'est plutôt l'aspect social du film qui est ici important à travers le portrait d'une mère qui veut une vie meilleure pour son enfant. Le cinéma est représenté comme une chimère, un monde plein d'espoir ce qui souligne cet aspect. Même si les réactions de son personnage sont parfois difficiles à comprendre, Anna Magnani est comme à son habitude magistrale dans le rôle principal. L'ensemble n'évite pas quelques longueurs mais il se laisse voir sans ennui même si c'est avec une légère pointe de déception au final.
Avec ce troisième long-métrage, Luchino Visconti dénonce la cruauté du milieu du cinéma tout en dressant le portrait d'une Italie dévastée par l'après-guerre. Porté par la fantastique et intense interprétation d'Anna Magnani, Bellissima demeure pourtant un film méconnu du réalisateur de Mort à Venise, peut-être parce-qu'il n'est pas le véritable instigateur de ce projet. Pourtant, Luchino Visconti transcende cette oeuvre de commande initiée par le scénariste et écrivain Cesare Zavattini. Le personnage féminin principal est sans aucun doute l'un voire le plus beau de toute l'histoire du néoréalisme italien. Le spectateur rit et pleure avec cette mère bien décidée à offrir à sa fille un avenir confortable, cette femme faussement naïve dont certains tentent d'abuser de sa crédulité, du début du film tout en légèreté jusqu'à l'éprouvante (spoiler: la scène humiliante du casting ) et bouleversante dernière partie. Avec cette étude de l'exploitation et de la déchéance des êtres mise en scène de manière sobre, on aura rarement vu une critique aussi virulente de l'industrie du 7ème art dans le cinéma italien.
En 1951, Visconti n’est pas encore devenu le réalisateur des grandes fresques historiques qui l’ont conduit à la postérité mais demeure un réalisateur fortement inspiré par le néo réalisme italien dont il est un des initiateurs avec De Sica, De Santis et Rosselini . Dans les faubourgs de Rome encore à la frontière de la misère, les mères reportent tous leurs espoirs sur leurs enfants dont elles espèrent qu’ils les aideront à se sortir de cette condition sociale sans issue. C’est justement dans ces faubourgs de Rome que la mégalomanie de Mussolini a placé Cinecitta la fabrique à rêve de toute une Italie qui ne voit pas encore venir le miracle économique que lui promettait la chute du Duce et la fin de la guerre. Quand le grand metteur en scène Alessandro Blasetti cherche une petite fille pour tenir le rôle principal de son prochain film c’est toute les mères qui se prennent à rêver. C’est cette effervescence autour de ce casting géant que va décrire Visconti à travers le destin d’une femme jouée par la grande Magnani. L’actrice est alors à l’apogée de sa gloire et Visconti a parfois bien du mal à contenir les ardeurs de la bouillante actrice qui a quelquefois tendance à en rajouter. Mais très impliquée dans son rôle , la Magnani n’a pas son pareil pour rendre toute l’humanité de cette femme qui se laisse gagner par la folle idée de faire de sa fille une star allant jusqu’à confier ses économies à un des aigrefins qui rôdent autour des studios en promettant des passe-droit imaginaires. Visconti pousse le propos très loin, la mère finissant par ne plus regarder sa fille perdue dans ce tourbillon sans fin . Ayant perdu toute dignité, Magnani devra attendre la toute fin du long processus de sélection pour retrouver son honneur et celui de sa fille. Mais ne nous y trompons pas c’est bien des producteurs et de l’industrie du cinéma dont Visconti fait le procès, leur reprochant de jouer le rôle de paravent pour un pouvoir politique qui se cache derrière le rêve promis par Cinecitta pour masquer son incapacité à faire vivre dignement tous les citoyens d’une Italie encore sous-développée.
Trois ans après la réalisation du documentaire de fiction qu'était La Terre tremble, le père du néoréalisme revient à un sujet classique de la mise en abyme au Cinéma : l'exploitation et la corruption des êtres par l'industrie cinématographique. Dans Bellissima, une pauvre mère est prête à tout, si ce n'est vendre son âme au diable, il faut le reconnaître, pour que sa fille soit prise au casting d'une grosse production, ce qui lui assurerait gloire, fortune et célébrité. Mais toute cette folie, qui affectera la petite, son père et surtout la mère (Anna Magnani retrouvera son rôle de maman-poule chez Pasolini), finira par s'évaporer. La mère ouvrira les yeux pour découvrir que le Cinéma est une épée à double tranchant, et que le bonheur de sa fille pourrait s'en trouver compromis. Visconti n'aura peut-être jamais fait plus sincèrement pathétique et sentimental : même ses grandes fresques somptueuses, de Senso à L'Innocent, si elles sont plus réussies, ne seront pas aussi fortes d'authenticité que les premières oeuvres néoréalistes, Les Amants diaboliques, La Terre tremble, Bellissima, ou plus tardivement, Rocco et ses frères.
Ce film raconte les sacrifices d'une mère qui rêve d'émanciper sa fille en la faisant star de cinéma. En parallèle, il est un questionnement sur le sens et la position du cinéma Italien. Son talent principal est la manipulation du double language: d'une part, il distille des thèmes chers à la Démocratie Chrétienne, tels l'importance de la famille, et d'autre part, par exemple, il dénonce le mirage de l'émancipation par les métiers liés à l'illusion. Mais le film n'en est pas moins appesanti par cette morale sans doute alibi (destinée à s'affranchir de la censure), mais omniprésente. En outre, les mammas Italiennes et tout particulièrement le personnage interprété par Anna Magnani sont souvent insupportables; leurs cris entrainent le film dans une cacophonie épouvantable. C'est finalement assez symbolique du film, au demeurant cohérent tant du point de vue du scénario que de la réalisation: à force de crier dans tous les sens on finit par se rendre inaudible.
On rit souvent des extravagances de la mère. Même involontairement avec son franc parler et son exaltation. Du moins au début jusqu’à la scène de la danse par exemple puis on est pris dans une tragédie bouleversante et superbe. Une actrice formidable qui nous émeut totalement dans la façon dont elle protège son enfant. Et tout est dans cette posture de femme courage qui tient sa petite fille dans ses bras à la fin et qui abandonnera son rêve pour garder la beauté « pour moi et son père ». C’est magnifique
Visconti égratigne le monde du cinéma, et dépeint la misère sociale dans ce même registre : le miroir aux alouettes qu’il représente , renvoie une image identique de sollicitude et d’appauvrissement dans laquelle se perd l’héroïne. En poussant à fond sa petite fille dans les bras d’un réalisateur, Maddalena imagine pouvoir sortir de la misère chronique de l’après-guerre. Sans compter ses efforts et l’argent qu’elle n’a pas, elle s’emploie à rendre conforme son enfant à ce que l’on attend de lui au casting. C’est plutôt sur le ton de la comédie que Visconti aborde le sujet qui dans un tel décor d’après-guerre à Rome ne peut que devenir dramatique. Le basculement est pourtant assez inattendu et fort, quand après l’indépendance requise par l’héroïne c’est à sa dignité que l’on s’adresse. Anna Magnani magnifie le combat d’une femme , qui au-delà de sa famille, se bat pour son respect Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
Quelle belle leçon de cinéma et de vie, nous livre là, Luchino Visconti, avec un scénario a plusieurs étages de lectures et d'interprétations, quelle place réservée à l'enfance comme un réquisitoire de ce monde ou l'adulte, avide de reconnaissance à travers l'argent et la possession est prét a tous les sacrifices. Anna Magnani, tiens là un rôle des plus imposant, remplissant l'espace et ne lachant rien sur son passage; l'opportunisme règne avec talent. Il en faudra arriver aux railleries les plus humiliantes à l'adresse de sa fille ( protégée, pas tant que ca..)pour que l'instinc maternel puisse agir. A revoir ou voir au minimum. Que Bella Bellissima.
Maddalena Cecconi (Anna Magnani) vit chichement dans une cité HLM de la banlieue de Rome avec Spartaco, son mari, et Maria, sa fille unique âgée de cinq ans à peine. Elle nourrit pour elle un rêve : en faire une star de cinéma. Elle la présente au casting lancé par les studios de Cinecittà pour le prochain film d’un grand réalisateur. Mais, Maddalena et sa fille vont rencontrer d’amères désillusions.
En 1951, Visconti n’est pas encore l’immense réalisateur qu’il deviendra quelques années plus tard, avec ses chefs d’oeuvre proustiens : "Le Guépard", "Les Damnés", "Mort à Venise"… Son cinéma relève encore du néoréalisme dont ses "Amants diaboliques" (1942) constitue l’acte fondateur. D’ailleurs Cesare Zavattini, une figure majeure du néoréalisme, signe le scénario de "Bellissima".
Le même sujet était au centre du roman d’Henri Troyat "Grandeur nature", écrit quelques années plus tôt – un roman médiocre que notre professeur de français nous avait fait lire en classe de quatrième au début des années 80 pour des raisons qui défient l’entendement.
Bellissima filme une Italie qui peine encore à se relever de la Seconde Guerre mondiale mais dans laquelle on voit déjà, sur les bords du Tibre, poindre la dolce vita des Trente Glorieuses. La bande de voyous où gravite Alberto Annovazzi (Walter Chiari), le bellâtre qui laisse croire à Maria qu’il lui ouvrira les portes de Cinecittà si elle se donne à lui, évoque déjà celle que Pasolini filmera dans "Accattone" dix ans plus tard.
Anna Magnani est la star de ce film. Elle a sans doute dix années de trop pour le rôle. Mais elle était au sommet de sa gloire, pimentée par le scandale causé par sa séparation houleuse avec Rossellini qui lui avait préféré Ingrid Bergman. La « Louve romaine », comme elle fut surnommée, est quasiment de tous les plans. C’est un véritable maelström qui crie, éructe, pleure… sans jamais quitter ses hauts talons et son tailleur noir. Infirmière à domicile, qui s’épuise au travail pour un salaire de misère, Maria a reporté ses espoirs d’une vie meilleure sur sa fille. Elle s’y brisera les ailes. Sa chute est d’autant plus poignante qu’on la sait inéluctable et que, pire encore, elle-même est consciente de cette issue fatale.
L’affiche française est trompeuse, laissant augurer un mélodrame. Mais il s’agit d’une comédie dramatique. Luchino Visconti, dans le courant du néoréalisme italien, porte un regard à la fois sur l’Italie des pauvres et sur l’Italie opulente de l’industrie cinématographique (qui fait rêver les pauvres). Un regard, d’une part, sans misérabilisme, qui croque plutôt avec amusement ou ironie des scènes de vie collective et plus spécifiquement la naïveté d’une femme du peuple face au mirage du cinéma, ainsi que sa faconde et ses petites manœuvres opportunistes. Un regard qui croque, d’autre part, l’envers du rêve de Cinecittà, avec ses profiteurs, ses comportements parfois cruels, ses déceptions. Illusion et désillusion. Visconti développe en outre une empathie pour son personnage principal, à travers sa dimension comique, sa façon de vivre ses propres rêves à travers sa fille et de rêver l’avenir de sa fille, mais aussi sa défense de la dignité, presque tragique, dans le dénouement (superbe séquence). La narration est ainsi déployée avec une belle variété de tons, avec intelligence et sensibilité. Et le film doit beaucoup à la prestation phénoménale d’Anna Magnani, entre exubérance, malice, sensualité, drôlerie, émotion. Quelle palette de jeu, quelle énergie…