Marius et Jeannette est un film typiquement marseillais, pas désagréable, mais qui reste tout de même assez plat, assez basique, sorte de chronique gentillette, généreuse.
Pour tout dire, on sent que le réalisateur voulait faire un film sur les « petites gens » et leurs déboires ou bonheurs quotidiens. C’est une intention louable, mais d’entrée de jeu il y a des limites. Ça ne s’élève pas trop au-dessus de l’anecdotique dans ce qui est raconté, avec une tonalité engagée parfois assez caricatural et surtout prévisible. Je comprends que Guédiguian veut parler des petites gens et comme eux, mais cela ne rend pas forcément attrayant pour le spectateur des discours assez convenus sur des sujets pour certains très actuels. Bref, il y a une certaine naïveté dans ce film, et un manque de force, de séquences marquantes qui peuvent réellement soutenir le film. Reste quelques cocasseries, un humour très sud-de-France mais pas désagréable, et de la verve, assez pour le coup pour combler un rythme assez linéaire. L’histoire d’amour est aussi bien menée, et j’ose dire qu’on tient là un film surtout romantique.
Formellement le réalisateur signe en revanche un beau film. La mise en scène est délicate et s’attache avec succès à rendre compte des émotions de ses personnages. Il y a de vrais beaux moments, soutenus par une photographie chaleureuse et lumineuse, et par des décors qui instaurent une ambiance à la fois populaire et colorée. Marius et Jeannette se présente d’entrée comme un conte, et en effet Guédiguian parvient à créer avec peu, et en restant dans le réalisme, une ambiance originale. La bande son est à l’image du film, colorée, joyeuse, et dynamique.
Le casting est inégal. Ariane Ascaride n’est pas critiquable, et elle livre une excellente prestation. C’est de loin la meilleure, entouré d’un Gérard Meylan un peu tiédasse tout de même dans son rôle, d’un Jean-Pierre Darroussin qui n’est qu’un rôle d’appoint, tout comme Pascale Roberts qui néanmoins est sans doute la meilleure actrice du film aux côtés d’Ascaride. Dans l’ensemble, les acteurs font honorablement le travail (avec quelques critiques tout de même, je pense à Laetitia Pesenti, parfois peu convaincante, notamment lorsqu’elle annonce vouloir partir). Les dialogues ne font pas tous naturel en revanche, avec un côté théâtral et déclamatoire qui transparait parfois. C’est spécialement vrai lors des monologues « engagés » que Guédiguian fait dire à ses interprètes, qui sont des pauses didactiques assez lourdes.
Je conclurai en disant que Marius et Jeannette est un film aimable et coloré, qui se laisse voir mais qui manque singulièrement de piment. Porté par Ariane Ascaride et le charme du sud, c’est un film qui pourra en effet rappeler le cinéma de Pagnol, mais qui par moment rappelle plus Plus Belle la vie (et donc pas pour le meilleur !). Je donne 3.