Un western de très bonne facture que Le Grand silence, qui prouve encore une fois que Corbucci est un réalisateur de western trop sous-estimé, dans l’ombre de Leone.
Le casting est porté par le face à face impressionnant entre Trintignant et Kinski. Attention, pas de duel ou une confrontation mémorable, mais deux acteurs de talent, portant chacun des personnages très consistants, éloignés des clichés. Trintignant est très solide dans son rôle, muet, qu’il porte avec moins de rugosité que les héros habituels des westerns spaghetti. Il apporte une classe différente à son rôle. Face à lui Kinski est toujours un méchant redoutable, mettant en plus un plaisir évident aux attitudes maniérées, qui rendent ce méchant plus subtil et intéressant que de coutume. Quelques solides seconds rôles, notamment le shériff, là aussi bien plus subtil que de coutume.
Le scénario est bien sûr porté par son final, un peu rapide certes mais mémorable. Il y a un rythme un peu lent, notamment par rapport à Django du même réalisateur, mais il y a de la tension, pas de lueur d’espoir, une gravité manifeste, un contexte original, et globalement ça fonctionne vraiment bien. Le film est prenant, et impressionne par son sérieux et son jusqu’au-boutisme.
Formellement ce sont surtout les décors, les paysages, l’ambiance qui sont saisissants. Le film est superbe, avec un choix d’atmosphère singulier, et des points de vue sublime, comme cette ville de Snow Hill, le soir, sous la neige qui tombe à gros flocons. Corbucci soigne son esthétique, avec une approche réaliste, froide, rugueuse et violente aussi. Belle mise en scène, malgré des scènes d’action moins convaincantes à mon sens que ce que l’on aurait pu attendre. C’est un peu le point négatif du film, les fusillades ne sont pas très bien emballées. La bande son signée Morricone est de qualité, et berce le film.
Franchement Le Grand silence est un western abouti, solide, et prenant. Il plaira par sa violence, sa fin surprenante, son ambiance soignée, son duo d’acteurs au point. C’est du très propre, bien qu’en deçà de Django ou même dans le genre des 4 de l’apocalypse de Fulci. La faute sûrement aux fameuses scènes d’action fades, et à quelques longueurs. 4.