Si je vous parlais récemment du plaisir de découvrir l'univers nanardesque d'Eliminators, il paraissait évident, dans une soirée détente, de se mater ensuite L'Aventure des Ewoks : La Caravane du courage, plaisir coupable de toute une génération ayant grandi avec. N'étant absolument pas de cette catégorie de spectateur, je m'attendais justement à tomber sur un nanar savoureux, pas sur l'éternel navet qui ne fait que très rarement sourire, et ne parvient presque jamais à divertir convenablement.
On passera sur la visée purement commerciale de l'entreprise, les Ewoks n'étant pas connus pour leur apport artistique à l'univers de Star Wars. Simples produits de merchandising, il fallait s'attendre à quelque chose de purement mercantile avec ces premiers spin-offs de l'univers de Lucas, heureusement pas canons à la nouvelle chronologie Disney.
Mais il était dur de s'attendre à quelque chose de si poussif, d'à ce point rabaissé pour plaire aux enfants qu'il ne cesse de nous répéter "amuse toi, idiot de spectateur, vois comme on te prend pour un idiot". Et cette sensation d'être pris pour un demeuré ne nous quitte jamais vraiment, rendant le projet carrément hostile à nos pauvres consciences de spectateurs. C'est à se demander comment on peut rater à ce point la représentation d'un univers déjà bien bâti par trois excellents films.
Tout, ou presque, paraît contradictoire avec l'univers de Lucas : les décors, les vaisseaux (c'est plus du Star Trek sans moyens), les dialogues, les personnages, leurs noms, la représentation d'Endor, des Ewoks, de leur mythologie, de leur faune (des animaux humains, vraiment? Poules, poneys et lamas dans Star Wars?) prouvent un je-m'en-foutisme absurde, preuve qu'on peut donner suite à l'univers d'un artiste sans chercher le comprendre.
C'est en cela que ce premier volet s'approche de la purge : on sent tellement la volonté de faire de l'argent sans se fouler que c'en devient presque palpable. Là où l'épisode 6 justifiant scénaristiquement l'arrivée des Ewoks, leur donnait une importance dans la quête initiatique de nos héros, cette Caravane du courage se contente de ressasser mollement des thèmes déjà rebattus par des dizaines d'animés et de divertissements pour enfants, les rendant souvent niais et caricaturaux.
Forcément manichéen, il affiche un manque de réflexion abrutissant, préférant tout miser sur la prétendue bêtise des enfants que sur la qualité de son travail; maquillages ratés, acteurs à la ramasse (les deux enfants sont insupportables), comportements illogiques des personnages, gestion du langage à vous en faire rougir de colère, mise en scène académique et bordélique, tout est si peu maîtrisé que le film, bien plus que de vous détendre ou simplement vous divertir, finira par taper sur le système du plus grand nombre.
Il en ira de même pour sa conclusion stupide, appuyée par ses sourires forcés et sa morale niaise, à penser que l'amour résout tous les problèmes. Des valeurs de famille, d'ouverture à l'autre, d'amitié d'ailleurs maltraitées par un développement anarchique de ces thèmes; à ne jamais trop savoir comment plaire à son spectateur, il se prend les pieds dans le tapis et ne l'intéresse jamais vraiment, si ce n'est en réveillant chez lui, par les séquences infantilisantes qui défilent, un sentiment de nostalgie purement subjectif.
Certes, l'avoir vu enfant pourra fausser le jugement; j'irai même jusqu'à dire que ceux qui l'appréciaient étant gosses ont cette chance de n'avoir pas passé le calvaire de devoir le suivre une heure quarante durant, le résultat s'étirant au longueur sans jamais se dire qu'on comprend tout dix minutes à l'avance. Pétri de mauvaises intentions, s'ajoutent à sa liste d'erreurs ses insupportables scènes d'exposition, ses incohérences et la bêtise de ses répliques, mollement interprétées par des acteurs jamais investis. C'est kitsch, sans charme, et même si quelques plans sympas se glissent ici et là (notamment grâce à certaines couleurs bien choisies), on passe la plupart du temps à se demander quand le carnage prendra fin, le clou du spectacle s'enfonçant avec l'apprentissage de l'anglais par les Ewoks, et la manière qu'ils ont d'y parvenir.
Plus jamais.