Un moment de tranquillité dans une maison appartenant à une bande de drogués braqueurs de pharmacie, inspirée de l’oeuvre de Fogle. Un long-métrage tourné avec peu de moyens par un Gus Van Sant en forme dans sa narration accompagné par d’assez bons interprètes. Le problème de cette oeuvre c’est qu’elle ne contient pas assez de saveur dramatique, les acteurs, lassants car ne suivant que bêtement la caricature du junkie plongé tellement jusqu’à l’os dans l’addiction qu’il ne peut aller jusqu’à se séparer d’une substance, ont un mal fou à offrir un discours nuancé de la situation. On peut être amusé de la mise en scène parfois bien pensée, comme ces objets qui traversent l’écran pour passer à une autre scène. Amusantes, aussi, ces petites scénettes montrant le vol d’une pharmacie sous forme de spectacle bien orchestré. Sauf que les personnalités, réellement conventionnelles et exagérées, sont tellement exaspérantes, énervantes, qu’elles nous laissent un mauvais sentiment, et ce dès le départ. Comme ce Max Perlich qui ne sert que d’élément déclencheur pour apporter un final vraiment pas convaincant. On s’ennuie de ces situations barbantes, comme ces prises de drogue monotones. Le fil scénaristique ne contient aucune force, aucune puissance, on patiente jusqu’au final qui ne contiendra en même temps aucune émotion, ne parlons pas de cette voix OFF omnisciente faite par le personnage principal, Max Dillon donc, acteur agaçant car semblant à chaque regard porté sur lui tel un pantin sans caractère. Il ne peut faire transparaître une émotion que lorsqu’il a la bouche ouverte et le visage en sueur, il n’est présent dans le casting que pour sa bonne beauté, qui a dû assurer quelques dollars en plus au box-office grâce aux jeunes filles tourmentées par son physique de minet drogué, mèche en option. De toute manière, aucun besoin de préciser que Dillon est un acteur moyen qui n’a pu joué que des rôles parfois acceptables (Collision), souvent mineurs (In and Out), voire carrément médiocres (où il en profite pour remplir son compte en banque à coup de « La coccinelle revient »). Kelly Linch est d’autant plus douée pour faire transparaître des émotions. La même problématique revient avec ce réalisateur quand on regarde l’un de ses films : soit on l’adore, soit on le déteste. Une véritable roue de la chance. Autant le dire tout de suite, il y’aurait de quoi préférer la voir tourner plus longtemps.